ALGUNA COSA DESORDENADA AQUESTA PRIMAVERA DEL 2020.

« Il suffit parfois de se séparer pour être ensemble » Robert Sabatier. « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur mais la capacité à la vaincre » Nelson Mandela.

INVITEE du jour  : Dr Joelle Laffont, Médecin Vasculaire, Toulouse,
Illustration Fresque de Raymond Moretti

Oui quelque chose « déconne » forcément ce printemps 2020. Troisième semaine de confinement ! Le matin arrive plus tôt. Forcément ce dernier week-end de mars nous avons changé d’heure et gagné une heure soi-disant, mais le temps s’en fout : il s’est arrêté voilà trois semaines sur un mot, un seul « confinement ». L’ennemi avance pervers silencieux. Pour lui faire face on se masque : jeu de dupes ! Pour se protéger, protéger nos familles, nos plus petits et nos anciens si fragiles mais tellement mémoire de nos vies, il faut rester chez soi. Terminées les fêtes de famille, les virées, les pots au coin du zinc, les ballades le nez au vent, les réunions festives ou de travail ! Les rues sont vides, les écoles désertées, les magasins fermés : mince plus de shopping, plus de coiffeur mais à quoi allons-nous ressembler après ? L’économie s’endort pour longtemps. Un bon point le pétrole baisse mais tout le monde s’en fout les voitures rongent leur frein au garage et les radars dépriment. Les jardins s’ennuient : finis les cris et douces cavalcades des enfants. Les jeunes étudient et jouent en ligne, regardent Netflix, échangent sur les réseaux pour garder leurs amis présents - au moins virtuellement. Les jours se ressemblent. Alors il faut trouver à s’occuper, meubler ce temps ensemble : on recommence à lire, à jouer en famille, à apprendre une nouvelle façon de communiquer. Autour de nous les gens, inconnus ou proches, tombent malades. Les hôpitaux se remplissent vite trop vite et le virus « couronné » poursuit sa course. Celles et ceux qui veillent sur la vie, la santé sont là au front, font leur maximum même au prix de la vie : ils sont applaudis le soir aux balcons. Ils aimeraient tant que pour leur faciliter leur quotidien, chacun respecte ces trois mots « Restez chez vous ». Et l’on prend conscience de l’importance de la santé, de l'imbrication de ce monde qui s’est d’un coup arrêté. Nous sommes en avril 2020. L’inquiétude est bien présente. Alors oui j’ai peur, sentiment trop humain : peur de ne pas être à la hauteur de ce que l’on attendra de moi, peur de ne plus revoir des êtres chers qui se seront absentés ou parce que je me serai absentée, peur de devoir faire des choix douloureux, peur d’aller au front casque troué, balles à blanc et sans gilet pare-balles. Cependant autour de nous les fleurs commencent à fleurir, les feuilles poussent, les arbres mettent les bourgeons les fruits ne sont pas loin. Le soleil nous réchauffe plus souvent. Les oiseaux chantent, c’est vrai on les entend mieux. Les hirondelles ne devraient pas tarder. Les animaux se réapproprient nos cités : des cerfs ont été vus dans les rues de Nara (Japon), les moutons et sangliers en Italie, un puma dans celles de Santiago du Chili, des sangliers à Barcelone ; chez nous les canards vont faire un tour à la Comédie Française dans une capitale débarrassée des particules fines, les dauphins peuvent évoluer peinards dans les calanques. Aux jardins l’herbe reverdit et pousse sans entraves, il va falloir y aller, nous en avons le temps. Car le printemps est là. Il ne sait pas qu’un virus menace.
Malgré le virus, l'inquiétude et la mort, parce que le printemps ne sait pas il nous apprend le pouvoir de la vie. Nous avons changé d’heure ce dernier week-end, nous en ressentirons moins les effets car confinés pour la plupart nous avons eu du temps pour récupérer et nous serons fins prêts pour le retour à la vie normale d’avant. « Normale » le sera-t-elle vraiment ? Retournerons à la vie d’avant ? Oui surement tant le pouvoir de l’oubli est puissant. Cependant pourrions-nous en garder leçon, revoir nos valeurs, préserver ce qui nous est précieux et qui nous a peut-être tant manqué pendant ces journées, dire à celles et ceux qui nous sont chers que nous les aimons simplement. Pourrions-nous faire que cette nouvelle langue « être solidaires » ne soit pas feu de paille. Le jour de la libération arrivera : sans masques sans gants, dans les rues, les jardins au bord des plages, très émus surement, les yeux vaguement mouillés, nous pourrons à nouveau nous tenir enlacés, nous embrasser car c’est quand même bien çà aussi. Et l’été sera là. Rendez-vous à toutes et tous.

Amitiés. Yo el 2020 04 03