Calcifications aorte abdominale et risque de chutes chez les femmes ?

Calcifications aorte abdominale et risque de chutes chez les femmes ?

“Aucune des révolutions successives qui ont marqué le monde depuis le début de l'ère industrielle n'a été prévue par les futurologues qui en sont toujours réduits à des extrapolations hasardeuses fondamentale, qui a vocation d'explorer l'inconnu.” Pierre Joliot

Analyse article
:  Abdominal aortic calcification is associated with a higher risk of injurious fall-related hospitalizations in older Australian women,
Abaki K Gebre et Coll, Atherosclerosis 328 (2021) 153–159, https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34120736/

Contexte et objectifs

La calcification de l'aorte abdominale (AAC) est associée à une force de préhension plus faible, un facteur de risque établi pour les hospitalisations liées aux chutes. Cependant, son association avec les hospitalisations à long terme liées aux chutes reste inconnue. Cette étude a examiné l'association entre la CAA et les hospitalisations à long terme liées aux chutes chez les femmes âgées vivant dans la communauté.

Méthodes

Les hospitalisations liées aux chutes ont été obtenues à partir de données couplées sur 14,5 ans dans une cohorte prospective de 1053 femmes plus âgées (âge moyen 75,0 ± 2,6 ans). Au départ (1998/99), l'AAC a été évaluée à partir d'images latérales de la colonne vertébrale obtenues à l'aide d'une absorptiométrie (densitomètre osseux Hologic 4500A) à rayons X à double énergie et notée à l'aide d'une méthode semi-quantitative (AAC24, plage de 0 à 24). La présence de toute AAC a été définie par AAC24 

Résultats

Sur 14,5 ans, 413 (39,2 %) femmes ont été hospitalisées en raison d'une chute. Dans le modèle ajusté à plusieurs variables, chaque augmentation d'unité de l'AAC24 de base était associée à une augmentation de 3 % des risques relatifs pour une hospitalisation liée à une chute (HR 1,03 IC à 95 %, 1,01 à 1,07). Par rapport aux femmes sans AAC, les femmes avec n'importe quel AAC avaient un risque 40 % (HR 1,40 IC à 95 %, 1,11 à 1,76) et 39 % (HR 1,39 IC à 95 %, 1,10 à 1,76) plus élevé d'hospitalisations liées à une chute dans la période minimale. et les modèles ajustés à plusieurs variables, respectivement. Cette relation n'a pas été atténuée par l'inclusion de mesures de la fonction musculaire telles que la force de préhension et le chronométrage.

Conclusion

Dans cette étude, les auteurs ont démontré que l'AAC est indépendamment associée à un risque accru d'hospitalisations liées aux chutes chez les femmes australiennes âgées vivant dans la communauté. Bien que les mécanismes qui sous-tendent cette relation restent flous, la présence d'AAC peut être considérée comme un facteur de risque à long terme de chutes préjudiciables chez les femmes âgées. Compte tenu de la grande proportion de femmes âgées qui entreprennent des scintigraphies osseuses de routine , l'évaluation AAC peut constituer une méthode simple et rentable pour identifier les personnes présentant un risque de chute plus élevé, permettant ainsi une inclusion précoce dans les programmes de prévention des chutes pour faciliter un vieillissement en bonne santé .

1 s2.0 S0021915021002276 gr1 lrg

1 s2.0 S0021915021002276 ga1 lrg
Commentaire
 
Cette étude reste surprenante mais  intéressante. Les chutes chez les personnes âgées sont fréquentes, et potentiellement graves, quelles soient liées à un risque de chute n'est pas évident. Par contre une aorte calcifiée est un signe de risque CV avéré.

Quelle est la relation entre calcifications aortiques et ostéoporose car c'est bien de cela qu'il s'agit ? 

L'étude de la littérature sur ce sujet est intéressante 

Plusieurs points : 

* La mesure de calcification aortique par scanner comme outil de prévention des maladies cardio-vasculaires (aorte abdominale notamment) (https://www.thema-radiologie.fr/actualites/2158/la-mesure-de-calcification-aortique-par-scanner-comme-outil-de-prevention-des-maladies-cardio-vasculaires.html)

* Perte osseuse et progression de la calcification de l'aorte abdominale sur une période de 25 ans : la Framingham Heart Study (https://link.springer.com/article/10.1007%2FBF02390833) : 
Il s'agit de la première étude longitudinale à montrer que les femmes présentant la plus grande ampleur de perte osseuse présentent également la progression la plus sévère de la calcification aortique abdominale, ce qui suggère que les deux processus peuvent être liés.

* L’ostéoporose est caractérisée par une déminéralisation de la matrice osseuse, menant à sa fragilisation. Sous-diagnostiquée car indolore, l’ostéoporose n’est souvent découverte qu’au moment de la première fracture considérée comme ostéoporotique. Elle affecte principalement une population âgée aux nombreuses comorbidités médicales. De nombreuses études ont montré une association entre ostéoporose et remaniement artériel athéromateux dans différentes populations. Ces modifications sont essentiellement liées à une calcification étendue des parois artérielles et sont associées à une augmentation des événements ainsi que de la mortalité cardiovasculaires (https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2010/revue-medicale-suisse-271/calcification-des-grandes-arteres-et-risque-de-fracture-osteoporotique)


RMS_466_645.pdf
Capture décran 2021 11 08 142541
RMS_idPAS_D_ISBN_pu2010-41s_sa07_art07.pdf    calcifications aorte abdominale, scanner

RMS idPAS D ISBN pu2010 41s sa07 art07 img001 i1200
Calcifications aorte abdominale sous rénale, échographie, F 68 ans

aoJP

En fait les femmes ménopausée et ostéoporotiques présentent un sur risque cardiovasculaire. Les chutes ne sont que l'expression probablement de ce sur risque cardiovasculaire : malaises divers, vertiges, instabilité, drop attack etc. Sur le plan pratique la mise en évidence par scanner , par ostéo densitométrie et plus simplement par ultrasons des calcifications notamment de l'aorte abominale, mais aussi des carotides et des fémorales serait une attitude porgamatique chez les femmes ménopausées . La présence de ces calcifications et l'existence en plus  d'une ostéoporose (mais ce n'est pas obligatoire) devrait être à l'origine d'un bilan cardio vasculaire. Là encore la prévention CV chez toutes les femmes  notament ménopausées devrait être un réflexe, tant les atteintes CV chez la femme sont sous évaluées, on ne le dira jamais assez.
 
#VACCINE3.0