COVID 19. CE MATIN C’EST LUCIDEMENT PERPLEXE OU DESESPEREE.

COVID 19. CE MATIN C’EST LUCIDEMENT PERPLEXE OU DESESPEREE.

Signé : Dr Joelle Laffont, Médecin Vasculaire, Toulouse

« Je vois, je sais, je crois, je suis désabusé. » Pierre Corneille

Depuis le dimanche 14 juin tout est permis.

Ces derniers jours je suis retournée dans la ville Rose. Au sortir de la voiture d’abord sans masque le temps de tâter le terrain, j’ai vite dégainé le masque devant la fréquentation importante et serrée des rues du centre-ville. Donc masquée et évidemment maquillée pour le regard, car il ne faut pas tout néantiser.

JO1Peu de masques dans les rues ou alors dans les caniveaux, les trottoirs, en tout cas loin de poubelles.
D’accord l’amende est prévue mais encore faudrait-il avoir les ressources humaines pour les choper la main dans le sac non pas, mais la main lâchant le masque au sol. Pas grave ? « Toi l’inconnu(e) que je croise non masqué(e), tant que tu ne t’approches pas de moi à moins d’un mètre cinquante (et encore mieux 2 mètres), tu peux continuer ton chemin, si tu franchis ma « querencia » je traverse et change de trottoir même si je ne cherche pas de boulot » : c’est tout bénef, çà fait marcher !!

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Je n’ai pas fait terrasse. Seul le serveur était masqué.

Masques obligatoires pour entrer dans les magasins : normal. Pourtant çà se relâche car il n’est pas rare de voir des visages découverts « entrer sans frapper ». Petit lavage de mains au gel hydroalcoolique proposé et fortement suggéré à l’entrée : çà encore ça passe, le geste est présent.


Par provocation/curiosité, pour voir si le sentiment diffus de grand n’importe quoi se confirmait, je suis retournée dans des grands espaces commerciaux mais fermés quand même, où j’ai pu parcourir les galeries. Je n’ai pas été déçue, que des surprises, c’était la fête !

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A l’entrée c’est selon. Si le vigile masqué est présent, les masques des visiteurs sont mis en place. Si par hasard il est absent (on peut être vigile et avoir des besoins naturels et vitaux à satisfaire), par une coïncidence inexplicable, les masques tardent à faire surface. Des regards sont échangés pas forcément aimables et bienveillants. Parfois une hôtesse propose des masques.

Sont présents les flacons de gel hydroalcoolique à toutes les entrées des boutiques et incitation à l’utilisation là aussi la gestuelle apparemment passe bien et elle est acquise : c’est frais, çà sent pas mauvais, c’est gratuit, c’est bien.

Les respects des distances d’attente dans les boutiques est globalement effectif même si c’est l’avant-veille de la fête des Pères et des achats à finaliser.

Dans les galeries, là c’est carnaval non pas à cause (enfin pas seulement) des masques puisque ... « les masques tombent » à 40/50%. Mais parlons des couloirs de circulation marqués au sol, clairs explicites : y’a qu’à suivre les flèches. Oui parfois je le reconnais, cela fait faire un long détour mais en même temps les muscles fonctionnent, alors de quoi se plaint-on ? De la contrainte inacceptable. Donc dans un esprit rebelle fainéant sans civisme, on coupe à travers, on prend allègrement le contre-sens. Et vogue la galère nous sommes loin de l’idéal « une personne pour 10 m² » pour une distanciation sociale convenable. On se croise masqués pas masqués, les uns dans le bon sens respectueux et les autres non. A cela une seule explication le coronavirus éteint la vision et tape aussi le cerveau, de nouvelles formes cliniques vont apparaitre : vigilance.

Alors tout est permis ?

Pas de deuxième vague ? Mon œil. Nous la préparons vaillamment.

Ici en Occitanie le R0 est passé au-dessus du 1. Pas bon çà.

Petit rappel. Le R0 ce taux de reproduction de base d'un virus. Sa mesure permet de dire combien de personnes en moyenne seront infectées par une personne contaminée par ce virus, symptomatique ou pas. Ce taux est le produit de trois facteurs : le risque de contracter le virus lors d'un contact (d'où le respect d'une distance sociale d'au moins 1 mètre recommandée en ce moment) ; le nombre de contacts par jour (d'où la mise en place du confinement passé) :  si l'on diminue le nombre de contacts de moitié, on diminue le R0 de moitié ; le nombre de jours où une personne infectée est contagieuse (jusqu'à 14 jours pour le coronavirus). Les mesures de prévention et de contrôle visent à abaisser les valeurs de chacun de ces trois paramètres. "Si le R0 est supérieur à 1, un malade va contaminer plus d'une personne donc l'épidémie va prendre de l'ampleur. S'il est inférieur à 1, petit à petit les malades contaminent moins de personnes et donc l'épidémie peut s'atténuer voire disparaître" cf Olivier Véran lors du point de situation de l'épidémie en France le 6 avril.  Pour un même virus, le R0 peut varier d'une population à l'autre en fonction de la densité de population, de la susceptibilité et d'autres facteurs. 

« Mince,  si  tu ne veux pas être protégé(e) ou te protéger, pense à protéger les autres. »

#1MASQUEPOURTOUS toujours d'actualité mais on prêche de plus en plus dans le désert ....