Covid-19 entre ACTION et INACTION thérapeutique ?

Covid-19 entre ACTION et INACTION thérapeutique ?

“Chacun abonde en son sens. ” Rabelais

"Il n'est rien de sensé qui n'ait été déjà pensé, on doit seulement tâcher de le penser encore une fois." Goethe

"L'autorité d'un seul homme compétent, qui donne de bonnes raisons et des preuves certaines, vaut mieux que le consentement unanime de ceux qui n'y comprennent rien" Galilée

"Douter de tout ou tout croire sont deux solutions également commodes, qui l'une ou l'autre nous dspensent de réfléchir" Henri Poincaré

Excellent article sur la prise de la décision médicale au cours de la Covid-19 .Les choix thérapeutiques sont difficiles en l'absence de réels traitements. La réponse naturelle au chevet d'un patient atteint de la Covid-19 est d'agir et d'agir de manière décisive.


La MEDECINE sensée (sensitive medicine) est la mieux placée pour servir les patients qu'un traitement non raisonné utilisant des interventions non prouvées pour le moment. La médecine sensée est une approche du traitement qui cherche un équilibre selon les preuves et du rythme de l'application des connaissances.

Comment pratiquer une médecine sensée durant une pandémie ? 

- Une médecine SANS MAGIE : Les cliniciens doivent d'abord accepter l'improbabilité d'un seul traitement pour la Covid-19. Pour être sensés, les cliniciens doivent reconnaître que les traitements hautement sélectifs et pleinement efficaces sont rares dans les soins actifs.

- Etre capable de ne "presque rien faire"
: Pour la plupart des médecins, il est difficile de ne (presque) rien faire pour les patients. La liste des thérapies expérimentales proposées pour la Covid -19 est longue. Les cliniciens doivent préconiser des essais randomisés avec des contrôles appropriés et informer les patients que les soins standards peuvent être aussi efficaces que la meilleure idée de demain. Les cliniciens doivent apprendre en faisant,
et accepter que (presque)rien est en fait quelque chose.

- Augmenter les soins habituels :
 La médecine sensée demande encore beaucoup de travail.
Pour les patients atteints de la Covid-19 au stade aigu, les lignes directrices incluent les mesures de soutien habituelles telles que la ventilation protectrice des poumons qui réduit la mortalité

- Mettre l'accent sur des preuves de haute qualité :
certaines recherches cliniques sont biaisées. Même les meilleures méthodes de recherche, telles que les essais randomisés, peuvent ne pas être fiables. Cela a été amplifié par le rythme rapide des recherches entreprises pendant la pandémie actuelle. De plus, la demande du public pour une intervention efficace peut générer une visibilité injustifiée pour des résultats sensationnels provenant d'essais de petite taille, sans insu ou non, aléatoires, comme illustré avec l'hydroxychloroquine. Mais pour être sûr qu'une intervention est efficace pour la Covid-19, il faut se fier uniquement aux preuves issues des essais randomisés de la plus haute qualité, la qualité qui fait la preuve.

- Pensez bayésien
 :  En 2009, Friedman écrivait que « les nouveaux traitements sont un peu comme le proverbial petit nouveau du quartier: ils ont une allure à laquelle il est difficile de résister». La pandémie a accéléré l'attrait pour de nouveaux traitements et favorisé une traduction rapide au chevet du patient. Mais les cliniciens devraient-ils être aussi agressifs?

Une simple application du théorème de Bayes peut aider. Ainsi, la probabilité postérieure qu'un nouveau traitement de la Covid-19 soit efficace devrait être faible et à peine modifiée par rapport à une petite valeur antérieure. Il s'en suit que les directives de traitement, les autorisations  nationales  et les soins au lit du patient ne s'adaptent aux nouvelles données que lorsque les preuves sont rigoureuses, reproductibles et suffisamment solides.

Rappel théorème de Bayes : il nous montre que dans le cas d'une probabilité faible de la maladie recherchée, le risque d'être déclaré positif à tort a un impact très fort sur la fiabilité. Le dépistage d'une maladie rare, telle que le cancer, peut causer le surdiagnostic.

La décision médicale sensée se situe entre : le scepticisme des preuves (scepticism of new evidence) , le rythme d'application des nouvelles connaissances (pace of knowledge tranlation), le nihilisme médical (medical nihilism) et les interventions agressives (hawkish intervention). Tout ceci explique la difficulté de la décision médicale par temps de pandémie.

SYNTHSESE :la médecine sensée ne signifie pas que les cliniciens ne doivent pas intervenir. Il propose plutôt une vision plus attentive, modérée et humble des options de traitements disponibles et de leur efficacité chez les patients atteints de la Covid-19. Cette approche encourage les cliniciens à élever les soins habituels, à réduire l'interventionnisme inutile et à se cencentrer et à s'appuyer sur la rigueur scientifique comme le recommande le mémorandum de John Snow.
 

#1MASQUEPOURTOUS, recommandation très sensée