Paraphrasant Georges Santayana, écrivain et philosophe, Winston Churchill a déclaré, dans un discours à la Chambre des Communes en 1948
« Un peuple qui oublie son histoire est condamné à la revivre ».
Sera-t-on capable de tirer les leçons du drame actuel que nous vivons ? « Plus jamais ça », c’est ce qui a conduit à la création de la Société des Nations, introduite par le traité des Versailles en 1919 afin de préserver la paix en Europe suite à la fin de la Première Guerre mondiale. On sait ce qu’il advint, et c’est ensuite l’Organisation des Nations Unies qui a vu le jour en 1945 pour tirer enfin les leçons du deuxième conflit mondial. Son inefficacité dans la régulation militaire, sociétale et environnementale est flagrante.
Fera-t-on mieux cette fois ? Il est certain qu’il y aura un avant et un après-Covid19, comme il y a eu un avant et un après-guerre, mais sera-ce pour un mieux, alors que les populistes et les autocrates de tout poil, alors qu’on a désespérément besoin d’une organisation internationale avec de vrais moyens, vont profiter de l’épidémie pour durcir leurs frontières ?
Il faudrait pour cela répondre avec pertinence aux deux questions suivantes : Quelles leçons tirer et quelles mesures prendre ? Une troisième question serait « à quelle échelle », mais si ce n’est pas à l’échelle mondiale ce sera à nouveau voué à l’échec.
Pour ce qui est des leçons à tirer, il suffit d’observer la nature et son insolente amélioration à mesure que les activités humaines stoppent les unes après les autres. Une revanche ? Non, un message, peut-être le dernier avant l’apocalypse.
L’analyse est pourtant simple, peut-être trop pour des politiques arcboutés sur la boussole de la croissance sans remettre en question la nature même de cette croissance. Pour ne pas avoir installé une croissance durable, qui serait en fait un réel développement, nous voilà en décroissance et en pleine déconfiture, avec tout ce que ça entraine en termes d’accélération d’inégalités. Comme le rappelle Dennis Carroll, qui a coordonné aux USA la réponse aux épidémies liées aux virus H5N1 et H1N1, « Notre espèce a mis 300 000 ans pour atteindre le seuil du milliard d’individus. Nous sommes 6 milliards de plus qu’il y a cent ans et nous serons 4 ou 5 milliards de plus avant la fin du siècle. Cette explosion démographique a conduit les humains à coloniser de plus en plus les zones sauvages et a amené les animaux, et notamment les chauves-souris, qui sont des réservoirs de coronavirus, à se rapprocher de nous et à nous transmettre des virus qui sont inoffensifs pour eux, et nous sommes rentrés dans un cycle où une épidémie survient tous les 3 ans en moyenne ». L’équation est simple à poser, même si elle est difficile à résoudre. Elle ne concerne pas seulement l’aspect sanitaire, mais également le changement climatique, la pollution des réserves d’eau, la gestion des déchets, le gaspillage des ressources naturelles, et bien d’autres domaines, qui convergent tous vers une catastrophe prévisible, le « big one ».
Aujourd’hui nous sommes confrontés au choix cornélien entre le maintien de l’économie et la lutte contre la pandémie, et chaque état y va de sa décision propre, voire de son improvisation ou de son négationnisme. Ainsi c'est le cas au Brésil, en Biélorussie ou encore au Turkménistan, et l’Afrique, peu touchée à l’heure actuelle, constitue une énorme bombe à retardement. Pour avoir traité de la problématique de gestion des risques sous de multiples latitudes, je sais que c’est quand le soleil brille qu’il faut préparer la tempête.
Le management du risque n’est pas intuitif, il va à l’encontre des penchants individuels et collectifs, et se décompose en trois phases:
• la prévention, qui ne réduit pas pour autant le risque à zéro
• la gestion, qui limite les dégâts si le problème apparaît
• la reprise, qui se passe d’autant mieux qu’elle a été soigneusement préparée
Le Covid-19 a mis en exergue nos immenses lacunes et le manque désespérant de volonté et de consensus à l’échelle internationale.
Gageons que le coup de semonce sera tel que le genre humain saura enfin emprunter la bonne route. S’il en est ainsi, le prix à payer, qui s’annonce énorme, n’aura pas été inutile. N’oublions pas notre histoire !
RAPPEL : #1MASQUEPOURTOUS