La métaphore de Claude Lévi-Strauss appliquée aux études scientifiques

La métaphore de Claude Lévi-Strauss appliquée aux études scientifiques

"La masse extraordinaire d’informations qui est disponible pour qui veut, qui s’offre même à celui qui ne fait aucun effort, s’abîme dans une concurrence cognitive effrénée et confuse qui réduit considérablement la légitimité de la parole officielle. Cette balkanisation des idées, qui paraît être la conséquence mécanique du développement du marché cognitif et du légitime droit à la liberté d’expression, constitue l’une des fertilisations les plus efficaces du territoire des croyances. "
Luc Bronner 


" L'anthropologie propose de considérer les cultures comme des wagons mus par des locomotives n'empruntant pas nécessairement les mêmes directions.Or, à l'inverse du monde physique, lorsque deux trains à grande vitesse se croisent, ce n'est pas une impression de vitesse que ressentent les observateurs de ces "wagons culturels", mais au contraire d'immobilité. En d'autres termes, les cultures qui ne se meuvent pas dans  les mêmes directions, qui se fondent sur des critères de civilisations opposés ou différents, ont une grande aptitude à ne pas se comprendre". Ainsi Lévi-Strauss (commentaires de Luc Bronner) souligne que pour percevoir le caractère cumulatif de l'histoire d'une autre culture  il faut qu'un taux d'informations suffisant puisse circuler entre ces "deux trains" ce qui n'est pas aisé si chacun d'entre eux va dans un sens différent."

Si maintenant on applique cette métaphore aux essais thérapeutiques et à la littérature scientifique, on aboutit à une évidence qui serait aujourd'hui la bienvenue. Les données sont comme des wagons scientifiques mues par des locomotives n'empruntant pas nécessairement la même direction, c'est le constat actuel avec le Covid-19. Et c'est vrai que deux locomotives qui se croisent à grande vitesse donnent l'impression de l'immobilité.  Quand la science ne se mobilise pas dans le même sens utilisant des méthodes diamétralement opposées  elle ne peut se comprendre. C'est ce qui arrive aujourd'hui, il faut que les informations circulent entre ces deux trains, mais ce n'est pas aisé si les deux trains vont dans deux sens différents. La bonne information , qui doit être commune aux essais thérapeutiques, est la règle de base de bonne pratique, ainsi la communication et les débats qui en résulteront se feront à partir d'une même base y compris au niveau des articles qui suivront. Il est évident que pour certains il est impossible d'aller dans le même sens et si on va vite  et même très vite on perçoit un immobilisme inutile. On peut simplifier les choses : "dès que la distance qui sépare l'observateur de l'observé excède un certain seuil, dans notre cas les règles de bonne pratique médicale, le premier tend à expliquer les croyances bizarres (études non validées) du second par des causes plutôt que par des raisons" d'après Boudon in Luc Bronner, l'Empire des Croyances. 

Tout cela pour dire et redire que lorsque l'on travaille dans le même sens avec les mêmes méthodes pour démontrer un effet thérapeutique avec des molécules différentes, l'entente est possible après un  débat scientifique de qualité, dans le cas contraire c'est impossible......cqfd ! et on tombe la tête la première dans le monde des croyances.
#1MASQUEPOURTOUS, une très bonne croyance