Signé Aurélia Léopold, Director, Consumer Insights, (Singapour)
"Quelles sont nos priorités ? Premièrement le bien-être, la survie des gens. Après, les règles démocratiques et les procédures que nous devons de temps en temps suspendre - 1986 National Day Rally" Lee Kuan Yew, fondateur de Singapour
A Singapour, le 1er cas vérifié de Covid-19 est apparu le 23 janvier, au moment du Nouvel an chinois, avec d’abord plusieurs cas de ressortissants chinois testés positifs, puis quelques Singapouriens ayant été directement en contact avec eux.
Dès fin janvier, d’importantes mesures ont été mises en place : température et déclarations de voyage à l’arrivée à l’aéroport, mais aussi à chaque entrée dans les bureaux et bâtiments publics (centres commerciaux, etc.). Un important dispositif de traçage (via l’interrogation des personnes positives au COVID 19 et de leurs contacts directs), mais aussi les données de leur téléphone, et les systèmes de caméras de surveillance qui sont partout à Singapour, s’est révélé très efficace pour identifier les clusters, avec isolation et obligation de rester à la maison pour les personnes potentiellement contaminées.
Curieusement à Singapour, il n’y a pas vraiment de culture du masque comme dans les pays d’Asie du Nord (HK, Chine, Taiwan, Japon ou Corée), et les consignes du gouvernement étaient de ne PAS porter de masque, sauf pour les personnes malades.
Dès les premiers cas, la communication autour de la maladie a été extrêmement transparente : chaque jour le gouvernement envoie par WhatsApp le nombre de nouveaux cas, de patients hospitalisés et en soins intensifs, de morts, les sorties d’hôpital & les quarantaines, et le total depuis le début de l’épidémie.
Cette gestion de l’épidémie a fait l’objet d’un grand nombre d’articles citant Singapour en exemple… et puis en Mars, suite au retour de nombreux résidents et Singapouriens de l’étranger, on a assisté à une multiplication des cas importés, le traçage est devenu de plus en plus difficile, et le 2 avril, le 1er ministre a annoncé un confinement (appelé ici « Circuit Breaker » ou « disjoncteur ») du 7 avril au 4 mai. Pas d’attestations comme en France et autorisation de sortir pour faire ses courses ou du sport, mais obligation de porter le masque (sauf pour courir), enregistrement systématique à l’entrée des supermarchés et prise de température, et contrôles stricts.
Malgré ces mesures, une 3e vague est apparue, cette fois liée à une population un peu « oubliée », celle des travailleurs migrants (venus d’Inde, Bengladesh…) : ils sont environ 350 000 à Singapour et sont indispensables au bon fonctionnement de l’économie (ils occupent la quasi-totalité des emplois non qualifiés, dont ceux du bâtiment, dans un pays où on construit sans relâche), mais vivent dans des dortoirs surpeuplés et parfois peu salubres. De moins de 10 nouveaux cas par jour, lorsque les tests ont commencé au sein de cette population, on est passé très vite à plus de 1000 cas quotidiens – pour la plupart asymptomatiques. Aujourd’hui moins de 15% d’entre eux ont été testés faute de capacité, mais presque tous placés à l’isolation.
Le « Circuit Breaker » a donc été rallongé jusqu’au 2 juin, et la 1ere phase de déconfinement prévue ensuite n’introduit pour ainsi dire aucun relâchement : seules les maternelles ouvrent et les enfants peuvent rendre visite aux grands parents. Une 2nde phase (probablement de juillet à septembre) devrait progressivement voir écoles, restaurants, magasins etc. réouvrir. La 3e (durant laquelle les masques seront toujours obligatoires) est censée durer jusqu’à ce qu’un vaccin ou un traitement soit disponible. Quant à l’ouverture des frontières, elle n’est pas prévue pour l’instant et se fera très certainement au compte-goutte.
Malgré tout, sur les 33 000 cas recensés à Singapour depuis le début de l’épidémie, beaucoup résultent de tests systématiques et n’ont jamais eu besoin d’être hospitalisés. A ce jour, 525 patients sont encore à l’hôpital, dont 7 en soins intensifs – et Singapour ne compte « que » 23 morts depuis le début, presque tous âgés et à risque. Les tests sont totalement gratuits et les soins en hôpital le sont également pour tous les résidents.
Pour la première fois aujourd’hui, il n’y a aucun cas nouveau dans la population hors travailleurs migrants (où on observe quand même 373 cas). Mais échaudé par l’expérience de mars, le gouvernement ne veut plus prendre le moindre risque, et veut éradiquer la maladie.
#1MASQUEPOURTOUS, y compris à Singapour
"Quelles sont nos priorités ? Premièrement le bien-être, la survie des gens. Après, les règles démocratiques et les procédures que nous devons de temps en temps suspendre - 1986 National Day Rally" Lee Kuan Yew, fondateur de Singapour
A Singapour, le 1er cas vérifié de Covid-19 est apparu le 23 janvier, au moment du Nouvel an chinois, avec d’abord plusieurs cas de ressortissants chinois testés positifs, puis quelques Singapouriens ayant été directement en contact avec eux.
Dès fin janvier, d’importantes mesures ont été mises en place : température et déclarations de voyage à l’arrivée à l’aéroport, mais aussi à chaque entrée dans les bureaux et bâtiments publics (centres commerciaux, etc.). Un important dispositif de traçage (via l’interrogation des personnes positives au COVID 19 et de leurs contacts directs), mais aussi les données de leur téléphone, et les systèmes de caméras de surveillance qui sont partout à Singapour, s’est révélé très efficace pour identifier les clusters, avec isolation et obligation de rester à la maison pour les personnes potentiellement contaminées.
Curieusement à Singapour, il n’y a pas vraiment de culture du masque comme dans les pays d’Asie du Nord (HK, Chine, Taiwan, Japon ou Corée), et les consignes du gouvernement étaient de ne PAS porter de masque, sauf pour les personnes malades.
Dès les premiers cas, la communication autour de la maladie a été extrêmement transparente : chaque jour le gouvernement envoie par WhatsApp le nombre de nouveaux cas, de patients hospitalisés et en soins intensifs, de morts, les sorties d’hôpital & les quarantaines, et le total depuis le début de l’épidémie.
Cette gestion de l’épidémie a fait l’objet d’un grand nombre d’articles citant Singapour en exemple… et puis en Mars, suite au retour de nombreux résidents et Singapouriens de l’étranger, on a assisté à une multiplication des cas importés, le traçage est devenu de plus en plus difficile, et le 2 avril, le 1er ministre a annoncé un confinement (appelé ici « Circuit Breaker » ou « disjoncteur ») du 7 avril au 4 mai. Pas d’attestations comme en France et autorisation de sortir pour faire ses courses ou du sport, mais obligation de porter le masque (sauf pour courir), enregistrement systématique à l’entrée des supermarchés et prise de température, et contrôles stricts.
Malgré ces mesures, une 3e vague est apparue, cette fois liée à une population un peu « oubliée », celle des travailleurs migrants (venus d’Inde, Bengladesh…) : ils sont environ 350 000 à Singapour et sont indispensables au bon fonctionnement de l’économie (ils occupent la quasi-totalité des emplois non qualifiés, dont ceux du bâtiment, dans un pays où on construit sans relâche), mais vivent dans des dortoirs surpeuplés et parfois peu salubres. De moins de 10 nouveaux cas par jour, lorsque les tests ont commencé au sein de cette population, on est passé très vite à plus de 1000 cas quotidiens – pour la plupart asymptomatiques. Aujourd’hui moins de 15% d’entre eux ont été testés faute de capacité, mais presque tous placés à l’isolation.
Le « Circuit Breaker » a donc été rallongé jusqu’au 2 juin, et la 1ere phase de déconfinement prévue ensuite n’introduit pour ainsi dire aucun relâchement : seules les maternelles ouvrent et les enfants peuvent rendre visite aux grands parents. Une 2nde phase (probablement de juillet à septembre) devrait progressivement voir écoles, restaurants, magasins etc. réouvrir. La 3e (durant laquelle les masques seront toujours obligatoires) est censée durer jusqu’à ce qu’un vaccin ou un traitement soit disponible. Quant à l’ouverture des frontières, elle n’est pas prévue pour l’instant et se fera très certainement au compte-goutte.
Malgré tout, sur les 33 000 cas recensés à Singapour depuis le début de l’épidémie, beaucoup résultent de tests systématiques et n’ont jamais eu besoin d’être hospitalisés. A ce jour, 525 patients sont encore à l’hôpital, dont 7 en soins intensifs – et Singapour ne compte « que » 23 morts depuis le début, presque tous âgés et à risque. Les tests sont totalement gratuits et les soins en hôpital le sont également pour tous les résidents.
Pour la première fois aujourd’hui, il n’y a aucun cas nouveau dans la population hors travailleurs migrants (où on observe quand même 373 cas). Mais échaudé par l’expérience de mars, le gouvernement ne veut plus prendre le moindre risque, et veut éradiquer la maladie.
#1MASQUEPOURTOUS, y compris à Singapour