"À chaque marmite son couvercle". (Nồi nào vung nấy) Proverbe Vietnamien
"Prendre du fil à coudre pour attacher les pattes d’un éléphant" Proverbe Vietnamien
Le Sars-CoV-2 a infecté 13,3 millions de personnes et a fait près de 580000 morts (576.500 – chiffre minimum) dans le monde. Plus de 30000 morts en France.
Le Vietnam lui n’a enregistré aucune nouvelle contamination locale au coronavirus depuis 90 jours, a affirmé ce mercredi 15 Juillet, la Direction nationale anti-Covid-19.
Pays très peuplé avec pas loin de 95 millions d’âmes. Petit pays d’une surface équivalente à seulement la moitié de la France. Pays qui partage avec la Chine, d'où est partie l'épidémie, une frontière terrestre de mille kilomètres, rien que çà. Pays encore très pauvre. Pays limitrophe de la Chine. Et pourtant !!
L’impressionnant bilan sanitaire du Vietnam ce « petit » pays, face au Sars-Cov-2 et à la COVID 19, ne laisse pas indifférent loin s’en faut ! Il fait pâlir d’envie les « riches » France, Italie, Espagne, Grande-Bretagne ou Etats-Unis. Eh oui, toujours aucun décès n’est à déplorer à ce jour pour 373 cas recensés dans le pays dont 352 déclarés guéris (94%). Ce bilan peut paraitre sous-évalué cependant il est jugé crédible par une analyse de la Johns Hopkins University.
Au début du mois de mai 2020, le quotidien britannique The Guardian déclarait avec emphase que le Vietnam n'avait pas seulement aplati la fameuse courbe de cas de Covid-19, mais qu'il l'avait tout bonnement " écrasée ".
Le 10 janvier 2020, l‘OMS annonce l’émergence de la maladie. Alors qu'en Europe, les premières mesures prophylactiques sérieuses ne seront prises que fin février (et encore !!), dès le 15 janvier, le ministère vietnamien de la santé alerte les agences publiques de santé, décide d’une stratégie de lutte, en coopération avec l’OMS. Instruit par l'épidémie de SARS de 2003, Hanoï a installé un comité de gestion de crise réunissant scientifiques et ministères, réquisitionné personnels de soins retraités et étudiants en médecine, supervisé une montée en puissance de la production de masques et interdit la réouverture des écoles le 13 février après les vacances du nouvel an lunaire, le Têt.
Surveillance des frontières, toutes les frontières. Dès le 11 janvier – jour où le gouvernement chinois annonce son premier mort de la maladie- Le gouvernement vietnamien organise une surveillance rigoureuse de ses frontières. Et cela sans s’arrêter aux conséquences économiques en particulier sur le tourisme au rôle pourtant croissant dans les revenus des populations. Alors que l'économie vietnamienne est très dépendante de la Chine, premier partenaire commercial et premier investisseur, Hanoï n’a pas hésité à suspendre le trafic aérien en provenance de Chine peu après l'enregistrement, le 23 janvier, du premier cas sur son territoire. Plus, le 1er février, le Vietnam est l’un des premiers pays, après la Russie, à fermer sa frontière terrestre avec la Chine (1000 km quand même), malgré les récriminations de Pékin et à rebours des instructions de l’OMS. La surveillance des frontières est très stricte en février et mars, avec des fermetures de lignes aériennes en provenance des régions à risques, dépistage de la Covid-19 pour tous les passagers des aéroports internationaux et tous les voyageurs étrangers sont soumis à une quarantaine -quatorzaine- obligatoire, conduits directement en bus à la sortie de l’avion dans des centres isolés. « La majorité des cas sont importés. Beaucoup sont de jeunes Vietnamiens de retour d'études ou de voyage depuis l'étranger qui ont été stoppés à l'aéroport, limitant ainsi les transmissions locales » (Kidong Park au JDD).
Confinement des populations. Quarantaines massives. Les mesures de confinement local sont décidées sur la base des tests. Le premier confinement est décidé à la mi-février : le Vietnam devient le premier pays après la Chine à fermer une grande zone résidentielle en imposant, pour la première fois, une quarantaine de 21 jours dans la commune de Son Loi, au nord d’Hanoi, où vivent plus de 10.000 personnes, après la détection de 7 cas parmi des travailleurs revenant de Wuhan. Le 13 avril, une usine Samsung a été fermée : 106 employés ont été placés en isolement après qu'un ouvrier ait été contaminé. Au total, 75.000 personnes ont été confinées. En avril, les trois premières semaines voient un confinement national décidé par le gouvernement, avec port du masque obligatoire en public, recommandation de ne pas sortir de chez soi - sauf motif essentiel - et interdiction de tout rassemblement. Le déconfinement a été prudent, conservant bars restaurants fermés.
Identification et suivi des cas. La performance est d'autant plus remarquable que ce pays de 94 millions d'habitants, dispose d'un faible revenu par habitant et n'a pas les moyens financiers d'éradiquer le virus des autres pays asiatiques tels que la Corée du Sud ou Singapour. Faiblesse dont les pouvoirs publics vietnamiens ont fait une force, optant pour une stratégie définie par le Financial Times comme « low cost ». Pas de coûteux tests de dépistage, mais l'identification rapide et l'isolement impérieux des personnes infectées, ainsi que la recherche (certains ont écrit « agressive ») et le suivi de leurs contacts. Près de 75.000 Vietnamiens ont ainsi été soumis à « quatorzaine » dans des camps militaires et des hôtels d'Etat. Six communes et quartiers ont aussi été coupés du monde. Dès la fin avril, le Vietnam peut tester 27 000 personnes par jour et environ 1000 personnes sont testées pour chaque cas détecté. Un taux plus élevé que des pays comme la Nouvelle-Zélande. Les personnes mises en quarantaine sont testées en début et fin ; les populations jugées à risques sont massivement testées.
Surveillance étroite. Traçage systématique. Le traçage de tous les contacts des personnes détectées positives est systématisé à l’aide de 63 centres provinciaux, 700 centres de districts et 11.000 dispensaires de santé. Une application mobile, NCOVI lancée le 10 mars, incite chacun à signaler sa condition sanitaire et être suivi en cas de contact avec une personne infectée. Les médias informent les populations où des personnes ont été détectées positives afin qu’elles se présentent aux centres de tests. L’objectif est de tester, à partir de chaque cas confirmé – et donc mis en quarantaine et non renvoyé chez lui comme en France –trois degrés de proximité. Suivi rendu possible par « le strict quadrillage de la société et la surveillance de la population pratiqués par la police et les cellules du parti » au prix quand même d’une « forte intrusion dans la sphère individuelle qui ne constitue pas un enjeu politique dans ce pays à régime autoritaire » ; le traçage « s'accompagne d'une politique de dénonciation publique des individus fautifs et, le cas échéant, d'un emprisonnement immédiat » (Benoît de Tréglodé - Institut de recherche stratégique de l'école militaire et spécialiste du Vietnam). Une surveillance qui peut choquer l’esprit Occidental dont la désinvolture, en revanche, sidère les Vietnamiens .
Population participante par civisme ou parti omniprésent ou les deux. L'application de ces mesures n'a pu être possible que grâce au respect de ces décisions par les habitants. Il faut dire que le parti est omniprésent. Malgré une approche presque autoritaire - les personnes trouvées en train de partager de fausses informations sur le virus ont été convoquées et environ 800 ont été condamnées à une amende -, les efforts du gouvernement ont recueilli le soutien populaire.
Mobilisation des populations par campagne de communication. Lancée dès janvier en diffusant quotidiennement jusqu'à 127 articles dans 13 médias en ligne du pays selon The Economist, envoi de SMS pour alerter, utilisation des moyens de communication de toutes sortes (journaux, télévision, radio, internet, réseaux sociaux, …), messages acclamant les professionnels de santé, affichage de propagande virale : « Rester chez soi, c'est aimer son pays !». Mise à profit de la créativité des artistes pour produire affiches et chansons humoristiques : une chanson de prévention créée par les autorités sanitaires vietnamiennes expliquant le mode de propagation du virus et les gestes barrières, accompagnée d'une chorégraphie pensée par des stars de TikTok dans une vidéo vue plus de 53 millions de fois.
Alors comment y est-il parvenu, alors que le premier cas de Covid-19 identifié dans le pays remonte au 23 janvier ? Comment le Vietnam réussit-il là où nous échouons avec constance ?Prise de conscience précoce de la menace. Cohérence et proactivité dans la gestion de crise.Petit pays pas si « riche » mais costaud rapide et tellement riche dans sa réactivité, sa prise de conscience, l’adhésion des populations.
La précocité, la rapidité, la vigueur et la rigueur de la réaction des autorités politiques et sanitaires vietnamiennes, devant la menace venue du géant voisin., ainsi que l’efficacité des mesures prises avec une population participante, ont permis au pays de bloquer la propagation du virus. De sorte que le coût économique de la crise sanitaire est resté plutôt bas si l’on compare aux pays d’Europe de l’ouest par exemple, car la période de confinement a pu rester limitée.
Difficile de faire mieux. Et nous ne l’avons pas fait, malgré nos arrogants savoirs.
Et là-bas pas de flou artistique, le port du masque est resté obligatoire, point barre.
Ne peut-/Ne sait-on rien apprendre ?
Pourquoi l’esprit latin qui nous est si cher est-il si déficitaire en discipline, respect ?
Remarque (JPL) : j'ai eu comme d'autes l'occasion de faire deux missions sanitaires au Vietnam, comme de nombreux médecins français il y a 15 à 20 ans. J'ai été émerveillé par le contraste de l'organisation médicale et le dénuement environnant. Les médecins vietnamiens étaient réactifs, efficaces avec une prise en charge associant le patient et la famille toujours présente.A l'époque les masques étaient très présents. Cet article du Dr Joelle Laffont ne fait que confirmer mes impressions d'alors.
Source :
https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/07/15/covid19-pourquoi-zero-mort-au-vietnam/
https://vovworld.vn/fr-CH/actualites/covid19-situation-au-vietnam-et-dans-le-monde-au-15-juillet
https://www.lesechos.fr/monde/asie-pacifique/linsolente-reussite-du-vietnam-face-au-covid-19-1196486
https://www.lefigaro.fr/international/coronavirus-comment-le-vietnam-a-limite-la-propagation-du-virushttps://www.sciencesetavenir.fr/sante/revue-de-presse-asie-au-vietnam-une-reponse-rapide-coordonnee-et-efficace-contre-le-covid-19
#1MASQUEPOURTOUS au Vietnam , c'est une réalité...et aussi une coutume ancestrale