« Les vérités scientifiques ont une durée de vie plus courte que celle des patients » Michel Dauzat
Depuis 30 ans le discours médical que nous faisons à nos patients évolue en permanence, surtout en vérités et contre-vérités. De plus l’irruption des informations , des réseaux sociaux et de la communication change aussi le discours des patients, le partage du savoir a des avantages et des inconvénients et c’est bien normal. Aujourd’hui toute la médecine est accessible, la Google-mania de la médecine, un accès aisé à toutes les données, impacte le discours médical.
Nous devons en tenir compte et nous aussi surfer sur la vague médicale de la toile. On ne peut plus affirmer sans preuve, prescrire sans argumenter, expliquer sans références, et conseiller sans conviction. Nous devons aussi être capables d’affirmer avec force ce que nous avons déconseillé dans le passé
Pour que notre discours médical évolue et s’adapte aux données actuelles il est nécessaire de connaître cette évolution, quasiment au jour le jour. Fermer sa porte à toutes données médicales récentes pendant 1 an est lourd de conséquence pour le médecin et le patient.
Il est donc important d’éclairer notre discours médical par la connaissance de toutes les acquisitions récentes, de favoriser le partage du savoir, d’avoir à notre disposition les moyens d’acquisition simples, efficaces, consultables lorsque cela est nécessaire. La Formations Médicale Continue (FMC), le DPC est une des clefs, mais ce n’est pas la seule. L’@Formation est un autre outil d’évolution, les sites des Sociétés Savantes , de l’HAS, de l’ANSM pour les principaux doivent faire le relais avec la FMC institutionnelle. Ils sont accessibles en cours de consultation, en direct. Il faut savoir les utiliser au bon moment mais désormais ils font partie de notre discours médical comme ils font partie du discours du patient. Il ne faut pas hésiter à conseiller tel ou tel site au patient, site dédié à ses problèmes médicaux, comme ORPHANET etc. Nous devons sélectionner dans nos ordinateurs des liens utilisables immédiatement en consultation.
L’ordinateur a sa place en consultation, il est là pour éclairer notre discours, argumenter lorsque cela est nécessaire, montrer une technique thérapeutique au patient etc. Le colloque singulier médecin patient se fait maintenant à trois, l’outil Internet, a sa place.
Le discours médical devient flexible, modulable, évolutif, il s’adapte aux contingences actuelles, il ne doit pas être figé, il doit tenir compte de toutes les avancées scientifiques. Mais ce discours doit toujours garder sa part d’humanité, de compassion, d’écoute, il doit rassurer. C’est la synthèse de tout cela qui fait de ce discours un temps essentiel de la consultation. Il n’y a rien de plus terrible pour le patient d’avoir en face de lui uniquement un ordinateur, ou un médecin sans discours. Pourquoi la « médecine parallèle » recrute, parce que l’écoute est au rendez-vous, cette écoute prend le pas sur l’acte. Les contingences financières actuelles d’exercice de la médecine rendent difficile le discours modèle, il faut aussi se battre pour que l’acte intellectuel soit mieux pris en compte.
Le discours médical évolue en même temps que la science, c’est normal, c’est nécessaire, cela doit être le dénominateur commun de l’évolution de l’acte médical.
Ce discours doit être amplifié et non réduit à quelques civilités, bonjour, au revoir, deux cliques sur le clavier, un coup de sonde d'échographie et la consultation est terminée.
Le Discours de la Méthode de Descartes se présente comme un plaidoyer pour une nouvelle fondation des sciences, sur des bases plus solides, et en faveur du progrès des techniques. Il s’adressait à un public large et non d’érudits. C’est une œuvre critique et constructive. Le Discours Médical actuel n’en n’est pas éloigné puisque Descartes recommandait d’améliorer la médecine. Nous devons améliorer nous aussi notre discours en le mettant en phase avec l’époque dans laquelle nous vivons, celle de l’accélération, de la vitesse, de l’hyper communication, de la notion de « temps réel », celle de l’image, celle aussi du retour à notre discours de base, la médecine d'Hippocrate.
Il faut, afin que ce discours reste honnête, crédible, efficace, clair, ne pas oublier que « Les vérités scientifiques ont une durée de vie plus courte que celle des patients ». La vérité d’aujourd’hui n’est ni celle d’hier, ni celle de demain, la vérité d’aujourd’hui c’est celle tu temps « t » de la consultation.
Nous vivons une époque formidable, nous devons nous emparer, nous médecins, des moments de l’Histoire que nous vivons et que vivent les patients, être des acteurs de notre époque et exercer une médecine actuelle avec toutes ses certitudes et incertitudes de l’instant « t » . C’est ce qui fait de la Médecine un métier qui est « ailleurs » des règles habituelles, tant l’imprévisible, le visible et l’invisible se confondent à chaque instant. A nous de discerner ce qui peut être utile au patient, inutile, voire dangereux, le bénéfice/risque, qu’il est impossible d’évaluer sans un discours médical de qualité, optimal, avec une ré évaluation régulière de son appréciation du moment. La remise en question de notre jugement cela fait partie du « job ».
Nouvelle consultation la TELEMEDECINE .Il faut s'adapter ,durant le confinememt la télémédecine a été très utile à la condition expresse de bien connaître le patient et son dossier. Tout ce qui a été dit précédemment reste vrai en télémédecine. Personnellement je préfère le contact direct avec le patient. A mon avis rien ne le remplace mais ce n'est que mon avis.Les outils informatiques actuels sont très utiles, ànous de les utliser au mieux mais ne pas perdre de vue que la consultation en temps réel reste irremplaçable.
En période Covid-19 , le discours médical a du s'adapter et surtout faire de la pédagogie, tant les vérités et contre vérités sont légions dur ce virus. Il s'agit d'un discours masqué avec un souci permanent des mesures d'hyhiène "augmentée". Nous devons faire la part de ce que l'on sait, ce qu l'on ne sait pas et toute ce qui est incertain. Ne jamais donner de faux espoirs et surtout savoir toujours rester dans le VRAI. Mais virus ou pas le discours médical ne doit pas être obnubilé par sa présence. L'écoute est encore plus importante chez les patients qui ont présenté un Covid-19 et qui sont au stade des séquelles. Il est encore plus nécessaire d'écouter ces patients tant la symptomatologie est polymorphe et difficile à appréhender.
#1MASQUEPOURTOUS, patient et médecin