De la phlébite .....

De la phlébite .....

“La rétention de l'information est une forme de constipation du savoir.” Théophraste Renaudot

“À s'informer de tout, on ne sait jamais rien.” Alain

"Les idées reçues sont des maladies contagieuses." Esther Rochon

Vérités et contre-vérités sur la "PHLEBITE" , le droit à l'information ! 
 
La Thrombose Veineuse Profonde (TVP) est le terme scientifique de la "phlébite" ,mais phlébite est le terme consacré par les patients.

Ainsi expliquant à un patient qu'il avait une thrombose veineuse profonde, il me répond," je suis soulagé Docteur, je n'ai pas de phlébite" (vrai et fréquent).

La phlébite est connue du grand public, quelque soit l'âge, le niveau social etc, alors avec les patients utiliser le mot phlébite facilite le dialogue. Mais le terme thrombose veineuse profonde fait progressivement son chemin...lentement.

Annoncer ce diagnostic, est le plus souvent un coup de tonnerre dans un ciel serin, car la phlébite pour les patients , c'est grave, ça fait peur et c'est synonyme de mort, l'embolie pulmonaire est tout aussi bien connue et notamment sa gravité.
VFCETTHROMBUS
Il est donc important au cours de la consultation de remettre les choses à leur place, car la phlébite dès qu'elle est annoncée, c'est immédiatement pour le patient toute une série de clichés , de fausses idées et de mauvaises nouvelles  : 

- Une phlébite c'est grave, vous allez m' hospitaliser....le plus souvent aujourd'hui non
- Pourquoi je fais une phlébite alors que je n'en n'ai jamais fait ? 

- Ue phlébite, c'est rester immobile pendant combien de temps ?
- Une phlébite c'est synonyme d'arrêt de travail car je vais être immobilisé ? 
- Comment va-t-on faire disparaître les caillots ? ...le mot thrombus est plus approprié
- Les anticoagulants c'est dangereux , on ne va pas pouvoir m'arracher des dents ou  m'opérer , je vais les prendre combien de temps les anticoagulants ,1 ou 2 jours ou toute ma vie (mon père en prend depuis 10 ans pour sa phlébite,(remarque informative)
- Est ce que l'aspirine c'est bon en cas de phlébite ? 
- Est qu'on peut m'opérer pour enlever ce caillot ?
- Je ne vais plus pouvoir voyager en avion, aller à la montagne , m'exposer au soleil, voire conduire....
- Phlébite = arrêt de toute activité sportive,mais surtout c'est un arrêt de vivre normalement.
- .......j'en passe et des meilleurs.....mais c'est une réalité, la vraie vie .

Il faut donc dans un temps imparti dédramatiser et apporter des faits tangibles, tout simplement la vérité : 
- Une phlébite est une atteinte potentiellement grave quand elle n'est pas traitée correctement.
- Nous disposons de plusieurs anticoagulants , le choix est du ressort du médecin qui gère la phlébite, ils agissent très rapidement. Ils ne font pas disparaître le "thrombus" mais ils évitent son extension et la migration vers les poumons. Enfin les anticoagulants ne sont pas du "Destop".
- Outre les anticoagulants une compression médicale , bas ou mi bas est indispensable, classe 2 ou 3 , ne pas les porter le nuit. Cette compression réduit l'oedéme, accélère le retour veineux et concoure à une repermébilisation du thrombus. Elle a de plus un effet antalgique. Enfin les études qui ont comparé alitement versus marche (compression et anticoagulation) n'on pas objectivé plus d'embolie pulmonaire.
- Une phlébite doit marcher immédiatement dès que l'anticoagulation est débutée, marche avec compression. La phlébite "alitée" n'existe plus , saut cas exceptionnel. Le slogan "j'ai une phlébite, donc je marche " est à diffuser et à répéter sans cesse car la croyance de l'immobilisation a la vie dure, notamment dans l'entourage. C'est ainsi que l'on revoit des patients 1 mois après le diagnostic qui boitent et qui vous disent "Docteur, c'est la première fois que je marche depuis 1 mois" 
- La gestion des anticoagulants autorise les interventions chirurgicales, les soins dentaires sans danger.
- Au décours de l'anticoagulation les voyages en avion sont autorisés comme les ballades en montagne . Mais les anticoagulants peuvent faire saigner donc pas de sports de contacts, VTT de descente etc.
- Les traitements dits "veinotoniques " sont inutiles
- Le "on m'a dit dans ma famille "que si c'était une phlébite c'est très grave, que je ne pourrais plus travailler etc......l'entourage est souvent délètère avec la phlébite.

Tout cela est évident mais à répéter pour chaque patient chez lequel on vient de diagnostiquer une phlébite, dans ce contexte les patients sont très bavards après une phase muette post annonce du diagnostic.

Il faut aussi connaître le "panique syndrome post phlébite". Attention tout patient et quelque soit son âge, qui présente une phlébite, ne vit plus comme avant , il se croit "handicapé" dans les mois qui suivent voir dans les années qui suivent. Les patients "changent leurs habitudes" . Ils voyageaient , ils ne voyagent plus, ils prenaient l'avion , ils s'en abstiennent. Ils jouaient au tennis ou ils courraient , ils arrêtent tout. Ce
 panique syndrome est une réalité , bien décrit dans la littérature. 

La durée de l'anticoagulation n'est pas déterminé par l'écho-Doppler, car pour les patients plus de caillot, égal arrêt des anticoagulants. Il faut donc expliquer la notion de facteur déclenchant ou de son absence , ce qui va être informatif pour la durée de l'anticoagulation et la gravité de la phlébite. Autre point, l'explication de la survenue de cette phlébite car cette question est récurrente et c'est logique : "pourquoi Docteur ?" . Avant 50 ans on trouve le plus souvent un facteur déclenchant, au-delà cela devient plus complexe en dehors d'une chirurgie ou une immobilisation récente. Il est alors important d'expliquer les raisons de la réalisation de tel ou tel examen. L'enquête à la recherche d'un étiologie est une véritable enquête policière.Ne pas oublier que tous les événements médicaux et chirurgicaux dans les 3 mois qui précédent le diagnostic peuvent en être la cause Tout examen prescrit doit étre expliqué et justifié, y compris si on recherche un cancer. Enfin tout patient anticoagulé doit avoir sur lui un document qui l'atteste.

Il faut donc faire face à la phlébite et dédramatiser la situation, être toujours dans le vrai et combattre les idées reçues qui existent encore. Attention à la "googlisation" des patients, à la limite leur donner des adresses de sites , ce que je fais régulièrement.

Voici la fiche Info-Patient labellisée  
 
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Fiche info-patient publiée dans la Lettre du Médecin Vasculaire, N° 54, Mars 2021

Zoom sur la recherche de la cause de la phélbite
 
 info4444Pour tout patient qui présente une phlébite sans facteur déclenchant l'actualisation des dépistages du cancer recommandés  est nécessaire, d'autant plus qu'en France les dépistages du cancer  même fortement conseillés ne sont pas réalisés à la hauteur de qu'ils devraient être, c'est donc l'occasion de le faire.
 
Le SUIVI  est important en collaboration avec le médecin traitant et le médecin vasculaire.
 
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La phlébite même si elle est très connue par la population nécessite pour chaque cas une mise à niveau des patients sur cette affection et une remise en question des idées préconçues qui restent encore beaucoup trop nombreuses. Ce recadrage est souvent nécessaire et utile. Les médecins vasculaires sont là pour diagnostiquer et gérer la phlébite et accompagner le patient. Cet accompagnement fait partie de notre job. Enfin rassurer est tout aussi important. Ne pas oublier empathie et compassion sans excès. Il faut savoir aussi garder de la distance avec les patients, ni trop, ni trop peu. C'est ainsi que le patient déstabilisé par cette phlébite est armé pour vivre avec sa phlébite. Lorsque l'on revoit les patients en consultation, ils sont souvent étonnés de vivre normalement alors que la famille, les amis, les collègues de travail ont noirci le tableau par des idées fausses et quelque fois mettre le doute..."marcher c'est pas prudent"

Rappel : le droit à l'information du patient (https://www.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante1-2005-4-page-43.htm

"L’information n’est plus réservée aux professionnels de santé ou aux pouvoirs publics, mais destinée à l’ensemble des patients. Véhiculant le meilleur et le pire, elle est parfois devenue plus difficile à donner à un patient surinformé et rendu moins confiant dans la médecine par les drames sanitaires que l’on a connus. Le droit à obtenir une information en matière médicale est prévu par de nombreux textes, qu’il s’agisse initialement du code de déontologie médicale, du code de la santé publique ou encore du code de l’environnement qui, par la loi du 26 octobre 2005, a introduit le droit pour toute personne d’accéder aux informations relatives à l’environnement lorsque cette information a pour objet l’état de la santé humaine  L’information relative à la santé est appréhendée de manière tellement large qu’elle est devenue l’une des obligations les plus redoutées des médecins. Les mutations ayant affecté la conception même de cette obligation sont réelles et n’ont de cesse d’inquiéter un corps médical conscient de ce que l’on attend toujours plus de lui, au risque parfois, lui semble-t-il, d’en exiger trop. L’obligation d’information est mal vécue par certains en raison de sa lourdeur et de ce qu’elle pourrait accroître au-delà du raisonnable les responsabilités déjà lourdes pesant sur le corps médical."

Article 35 (article R.4127-35 du code de la santé publique)
Le médecin doit à la personne qu'il examine, qu'il soigne ou qu'il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu'il lui propose. Tout au long de la maladie, il tient compte de la personnalité du patient dans ses explications et veille à leur compréhensionToutefois, lorsqu’une personne demande à être tenue dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic, sa volonté doit être respectée, sauf si des tiers sont exposés à un risque de contamination. Un pronostic fatal ne doit être révélé qu'avec circonspection, mais les proches doivent en être prévenus, sauf exception ou si le malade a préalablement interdit cette révélation ou désigné les tiers auxquels elle doit être faite.

Trop souvent le dialogue médecin/patient est réduit à sa plus simple expression, à tort. En matière de phlébite ce dialogue comme pour toutes affections doit être clair, vrai ,avec des mots comphensibles et simples. Il ne doit pas  être  escamoté en 5 minutes. Le médecin est là aussi pour guider le patient dans sa maladie.Quand la relation de confiance est établie, le patient et le médecin, sont alors dans les meilleures conditions de partagen et d'échange. Le partage du savoir, le partage des informations, sans rétention. Rien que la vérité dans sa plus simple expression. Le médecin ne doit pas se fourvoyer dans des explications alambiquées, ça existe encore...une manière de masquer son ignaorance ou une manière de ne pas affronter la vérité.

 
#VACCINE2.0