Généalogie, pour quoi faire ? comment faire ? (2)

Généalogie, pour quoi faire ? comment faire ? (2)

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« Nous n'héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants. » Antoine de Saint-Exupéry

« Qui s’enorgueillit de ses ancêtres, loue les exploits d’autrui. » Sénèque

« Oublier ses ancêtres, c’est être un ruisseau sans source, un arbre sans racines. » Proverbe chinois


Auteur : Michel Coupé , Agrégé de l’Université ; Docteur ès Sciences

Généalogie, pour quoi faire ? comment faire ? : ce dossier  très complet et passionnant sera traité en 3 articles 

Comment construire une généalogie  ? (Partie 2)

Le point de départ

Le début, c’est vous car généralement vous connaissez l’identité de vos parents et grands-parents ; dans ce cas, les arrière-grands-parents peuvent être aisément trouvés car vous franchissez la limite centennale de publication des archives départementales. En effet, il est interdit de diffuser sur internet les documents qui ont moins de 100 ans ; par exemple, si une personne a 30 ans, ses parents 60 ans et ses grands-parents 90, aucune donnée ne peut apparaitre sur internet et faut remonter aux arrière-grands-parents (120 ans).

Donc pour commencer une généalogie, s’il vous manque une date concernant un grand-parent, il est possible que l’acte n’apparaisse pas sur internet ; avec une autorisation on peut consulter sur place les archives départementales datant de 75 ans et plus.

Bien souvent, les individus recherchés apparaissent sur les sites de généalogie car des cousins ont pu réaliser ce travail qui vous permet de démarrer.

Développement : arbre généalogique ; réseau généalogique

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Un arbre généalogique a la forme d’un éventail où, au-dessus de l’individu souche, sont disposés 2 parents, 4 grands-parents, 8 arrière-grands-parents puis 16, 32, 64, 128 individus etc., ce qui double le nombre d’individus à chaque génération. Ainsi, avec trois générations par siècle, une personne née en l’an 2 000 a le nombre d’ancêtres suivants :

Année

Population

Année

Population

1900

8

1 200

16 777 216

1800

64

1 100

134 217 728

1600

4 096

1 000

1 073 741 824

1300

2 097 152

800

68 719 476 736

Selon ce calcul, un individu a 68 milliards d’ascendants en l’an 800 et encore bien plus quelques siècles avant. On estime que le nombre total de personnes qui sont nées sur la Terre est environ 107 milliards. Quel est le nombre total de personnes ayant vécu sur la Terre ? | PRB

Donc, si chaque individu faisait le même raisonnement, on aurait un nombre d’ascendants absurdement énorme. Une autre manière de raisonner est la suivante : à l’évidence, la population ne double pas à chaque génération qui nous précède ; bien au contraire, nos ancêtres étaient moins nombreux que nous par le passé.

Année

Population

Année

Population

1 999

60,5

1 328

15 à 20

1 900

38,5

1 000

5

1 800

29,1

Evolution de la population française (en millions) Population de la France (histoire-france-web.fr)

L’augmentation du nombre d’ascendants est évidemment compatible avec une population moins nombreuse autrefois : nous partageons de nombreux ancêtres avec nos voisins. En fait, à chaque génération, des cousins existent qui ont les mêmes grands-parents ; ainsi, l’arbre, qui est un éventail pour l’individu souche, est en fait un réseau à l’échelle d’une population. En remontant très loin, à l’époque préhistorique, nous descendons de populations très réduites. On estime qu’en 8 000 av J-C, la France portait 50 à 100 milliers d’individus. Biomasse et démographie préhistorique - Persée (persee.fr)

Comment utiliser les archives départementales ?

main archives departementalesretoucheehttps://www.tpbm-presse.com/avignon-les-archives-departementales-vont-demenager-a-agroparc-en-2024-3125.html

Elles sont utiles lorsqu’on connait le lieu et la date d’un acte. On peut néanmoins chercher systématiquement un individu dans les registres d’une commune ; il existe des tables décennales qui le permettent mais les homonymes sont nombreux et il convient d’être prudent et de bien vérifier. Sous l’Ancien Régime, l’état civil est tenu par les paroisses ; sauf exception, les registres des baptêmes, mariages et décès (sépultures) n’ont pas d’index et la recherche systématique est laborieuse, parfois la graphie déroutante ; elle est pourtant indispensable quand l’individu reste introuvable sur les sites de généalogie. Toutes les archives départementales sont en ligne, parfois partiellement.

D’autres sources d’informations existent, sous utilisées car leur accès est mal aisé : archives des notaires, des tribunaux, des corporations.

Comment utiliser les sites de généalogie ?

Les généalogistes bénévoles déposent depuis longtemps sur ces sites les résultats de leurs recherches ; sur les sites, chaque individu est caractérisé par son identité ; les trois dates et lieux de sa vie (naissance, mariage, décès), son métier ; les mêmes renseignements apparaissent pour les parents et les enfants. Ainsi, de proche en proche, on peut créer un arbre aisément ; si on trouve un individu sur un site, on peut vérifier s’il correspond aux données de l’arbre en construction. Une fois l’individu bien identifié, il est très utile de chercher l’acte sur l’archive départementale et de noter son lien internet afin de pouvoir retrouver cet acte facilement.

Que faire lorsqu’on ne trouve pas un individu ?

genealogie famille vieilles photos noir et blanc ancetres aieux 35dd30 01xhttps://www.lci.fr/societe/genealogie-le-site-filae-vous-aide-a-retrouver-vos-ancetres-2081794.html

Par exemple, Jean Marchand s’est marié mais l’acte de mariage n’existe plus (archives détruites) ; il a eu un premier enfant en 1880 avec Anne Launay. On peut chercher sur le site un Jean Marchand né dans le voisinage 20 à 30 ans avant 1880 ; si les généalogistes bénévoles l’ont fiché, ce qui est souvent le cas, il faut examiner s’il existe des concordances et vérifier si tous les Jean Marchand et Anne Launay trouvés ne se sont pas mariés avec d’autres personnes. Par ailleurs il faut regarder directement dans les archives départementales des communes voisines (voire à l’échelle de la France) si un autre Jean Marchand, une autre Anne Launay n’a pas été oubliés par les généalogistes. Cette méthode laborieuse n’est pas parfaite mais donne une très bonne probabilité d’identification.

Identifier nos ancêtres

Nos ancêtres nous sont connus par les actes d’état civil ; ces documents ont été photographiés et sont disponibles sur les sites des archives départementales ; on y trouve trois dates : naissance, mariage, décès. Les actes d’état civil correspondants mentionnent les nom, prénom, âge et métier des personnes présentes : parents, et témoins (parrains et marraines à l’église) ; bien souvent est cité le lieu-dit de la commune ; la cause du décès est parfois indiquée. Ces actes sont toujours signés et il est précisé si les témoins savent le faire. Avant la Révolution française, qui a normalisé les registres, toutes ces mentions ne sont pas toujours présentes.

Finalement l’état civil ne permet pas de connaître les individus ; ni la taille ni le poids apparaissent (sauf pour les conscrits) ; néanmoins c’est mieux que rien : on peut savoir, en approfondissant les recherches, le nombre d’enfants de la famille ; on peut calculer l’âge des époux lors du mariage et la différence d’âge des époux ; déterminer la longévité des gens et la fréquence des décès précoces.

On peut mesurer la mobilité des personnes en comparant les communes où ils ont vécu dans une lignée donnée. On peut savoir si un individu est décédé loin de chez lui, à la guerre ou par accident.

Identifier les lieux de vie de nos ancêtres

Ces lieux ont énormément changé au cours du temps ; le cadastre napoléonien (1807) a été établi comme complément du code civil afin de garantir la propriété individuelle. Ce document est disponible sur les sites des archives départementales.

Sur le terrain, souvent des bâtiments ont subsisté : une église, une chapelle, une ferme ancienne, un moulin, qui nous permettent d’imaginer le cadre de leur existence. Des peintures et gravures de l’époque complètent le tableau.

Comment classer ses données ?
logo H MINI
Certains utilisent un logiciel pour classer les données ; Heredis (https://www.heredis.com) est très populaire ; il permet de transférer ses données sur Geneanet via un fichier Gedcom. D’autres (c’est mon cas) utilisent des fichiers Word pour recopier les résultats des recherches avant de les comparer, les vérifier, puis les diffusent sur Geneanet.

Quel site de généalogie choisir ?


logo geneanetDepuis 20 ans j’ai choisi Geneanet (mais il existe d’autres sites).
Geneanet est un site participatif où chacun dépose ses données et de plus en plus ses sources internet ; avec 4 millions de membres et 6 milliards d’individus répertoriés, c’est le premier site en France. Il est en accès libre pour les recherches simples (c’est déjà beaucoup) et payant si l’on veut croiser des informations (ainsi ceux qui paient permettent aux autres de chercher librement. Le site compare en permanence les arbres généalogiques et envoie des alertes lorsque de nouveaux ancêtres ont été trouvés par des collègues plus ou moins cousins. Du fait de cette comparaison, il est plus efficace de déposer directement les données sur Geneanet. Le site est aussi un forum de discussion et d’entraide.

SIX MILLIARDS d’individus sur Geneanet ! - Geneanet

Geneanet https://www.geneanet.org