« Les modes ne sont après tout que des épidémies provoquées. » George Bernard Shaw
En effet on a tout entendu depuis le début du Covid-19, la maladie, le complot, la crise économique, le déconfinement, le nouveau monde et que sais-je encore. Finalement après réflexion, je répèterai moi aussi que le monde change, que j’ai peur pour l’humain, et qu’il y aura un avant et un après Covid-19.
Ce coup de tonnerre dans un ciel clément, s’il n’était pas bleu, a posé la question de l’inconnu et de l’imprévisible. Nous partîmes pour une « grosse grippe » et de découvertes en découvertes nous en sommes à tout un étalage de réactions auto-immunes, mais avec comme slogan persistant « si vous avez de la fièvre et si vous toussez… ». Nos communicants sont en chômage partiel ou en manque d’imagination.
La gestion de la crise est ce qu’elle est, mais qui aurait mieux fait, ou moins bien ? Les voix les plus fortes sont celles qui préconisaient la fin de la mondialisation, fermer les frontières, halte à la délocalisation, fini les grandes transhumances. Cette fin brutale entraine le Monde dans un chaos sans précédent. Alors ai-je une certitude ? Non plutôt une impression : les changements seront pour après-demain? Il aura suffit d’un grain de sable pour montrer que tout ceci n’était que trop précaire. Jamais nous n’avions été autant conscients que le fait de fabriquer nos médicaments si loin allait poser un tel problème. Cela touche notre industrie pharmaceutique, mais aussi tout l’éventail de notre grande industrie qui fait notre puissance. Quel était l’intérêt ? Produire plus pour un coût réduit ? Ou bien permettre aux pays émergeants d’augmenter leur niveau économique et de rejoindre ainsi les pays industrialisés ? Ou bien renforcer une collaboration internationale ? Ou bien favoriser une répartition douteuse des richesses via l’actionnariat ? Cinq mois plus tard : pénurie de moyens, pénurie de médicaments, explosion du chômage partiel et de la précarité, effondrement boursier, des géants de l’industrie Française à l’agonie… Produire autant de richesses pour avoir un coussin si petit ! Alors qu’imaginer de nos artisans et PME déjà précaires… avant ? Produire autant de richesses et laisser persister une pauvreté endémique qui maintenant menace d’exploser ?
Sur le plan de notre santé publique en France, nous avons observé une chose tout-à-fait inimaginable. Dans un pays sur-consommateur de soins, il n’y avait presque plus de malades. Les cabinets médicaux se sont vidés, les urgences hospitalières aussi. Les consommateurs qui avaient droit, sont devenus des citoyens conscients du risque. Chacun a pris conscience de la balance bénéfice/risque à son échelle. Certains à leur dépend, laissant s’aggraver des pathologies chroniques ou non et d’autres relativisant un état qui n’avait aucun caractère de gravité et qui s’est probablement solutionné de lui-même, ne courant pas le risque surajouté d’une contamination extérieure. On pourrait espérer que ce discernement se poursuive après…
Parallèlement il est revenu des sentiments nauséeux. Alors que la plupart de nos concitoyens applaudissent les soignants tous les soirs à 20 h, d’autres, minoritaires, les pourchassent, les insultent de peur de la vectorisation. On y va par des lettres anonymes, des dénonciations. D’autres encore, devant la pénurie ou la difficulté d’approvisionnement en masque organisent des vols, des marchés parallèles, comme il n’y a pas si longtemps. Nous sommes vraiment en guerre avec nos héros médiatisés, nos héros si discrets et les autres.
Les egos ont été mis à mal aussi dans l’expertise médicale et je n’en parlerai pas ou peu, simplement pour dire que jamais autant d’articles, de projets, de théories ont été publiés aussi vite et avec aussi peu de discernement. Mais nous avons appris à identifier les métiers indispensables des autres, les soignants, mais pas tous. Les boulangers, les épiciers, les artisans mais pas tous… Les buralistes, les cavistes, les vendeurs par correspondance, mais pas tous…
Enfin, parce que je dois terminer, la crise sanitaire devient moins pressante, le déconfinement se rapproche et nos politiques reviennent à leurs amours, le clientélisme. J’apprends que tel élu local propose de donner plus de surface publique pour des plages privées parce que ces pauvres plagistes ont perdu des sous en avril, mai, juin et ???? J’apprends avant démenti que les clubs de football professionnel ont demandé l’annulation des charges sociales et non le report comme les autres professionnels. J’apprends qu’on va sauver Air France et Renault et pas mon ami restaurateur.
Voilà, le monde va changer, parce que tous ont vu la fragilité du système en place et les risques d’une telle interdépendance, il serait bon d’en tirer profit, mais l’homme reste l'homme.......Aquarelle : Raoul Duffy