La caricature une tradition française qui remonte à la Révolution.

La caricature une tradition française qui remonte à la Révolution.

Signé : Dr Joelle Laffont, Médecin Vasculaire, Toulouse

« La caricature est un témoin de la démocratie » (Bernard Verlhac dit Tignous 1957 - 2015)
« La satire contre les méchants n’a rien d’odieux ; elle est, aux yeux de tout homme sage, un hommage à la vertu. » (Aristophane)

Définitions : Caricature (n.f.)
* Représentation grotesque, en dessin, en peinture, etc., obtenue par l'exagération et la déformation des traits caractéristiques du visage ou des proportions du corps, dans une intention satirique.
* Image infidèle et laide, reproduction déformée de la réalité « ce compte-rendu est une caricature de ce que j’ai dit ».
* Personne très laide, ridiculement accoutrée ou maquillée
Synonymes : parodie simulacre.

Les caricatures publiées par Charlie Hebdo reviennent sur le devant de l’actualité. Publiées à nouveau par Charlie Hebdo pour ses 50 ans et aussi parce que le procès des attentats du 07 janvier 2015, les ramènent à la mémoire collective  

"Enseigner tue", "La liberté" écrit en rouge sang sur fond noir ; tout est dit. L’encre de ce dessin est à peine sèche. Il s’inspire de l’assassinat de Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie mort décapité vendredi 16 octobre, dans les Yvelines, pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, lors d’un cours sur la liberté d’expression. 

À Marseille (Bouches-du-Rhône), une exposition présente des centaines de dessins qui sont autant de prises de positions politiques ou sociales. 

Les caricatures enflamment certains esprits jusqu’à en pousser certains à tuer.  
Réprimée, encouragée, aimée ou détestée, elle est même devenue un art, et ses dessins ont toujours eu leurs partisans et leurs détracteurs.  En France, la liberté d'expression est une exception culturelle française. Personne n'échappe à la satire, la caricature, ancrées dans la tradition française depuis la Révolution. 

L’épopée napoléonienne. A partir du couronnement de l’empereur Napoléon Ier en 1804, la presse est censurée. Aucunes critiques ou caricatures, mettant en scène le nouveau dirigeant français ou ses actions, ne sont tolérées. Mieux elles sont sanctionnées par l’emprisonnement voire la mort. Lors de sa chute, la production reprend de plus belle. Les dessins satiriques explosent entre 1814 et 1815 mais s’arrêteront rapidement à partir d’octobre 1815.

La monarchie de Juillet. De 1830 à 1835, la monarchie de Juillet fraichement mise en place, tente de maîtriser les mouvements de la rue et les contestations politiques. Mais le principal ennemi de ce régime est bien sûr la presse, en pleine croissance, profitant de leur nouvelle liberté, stipulée dans la Charte de 1830 : « Le droit des Français de publier et de faire imprimer leurs opinions en se conformant aux lois ». A partir de 1830 sous le règne de Louis-Philippe Ier, la liberté d’expression est libre comme jamais : le 4 novembre paraissent les premières pages du journal satirique « La Caricature », sous le titre La Caricature morale, religieuse, littéraire et scénique.
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C’est un franc succès et on dénombre près de 250 numéros dont celui « des poires » où une poire est utilisée pour contourner la censure. Parce que en 1831, le roi Louis Philippe interdit qu'on le dessine, il devient l'homme à la tête de poire sous la plume du caricaturiste Honoré Daumier, lequel sera jeté en prison pendant six mois, pour avoir croqué le souverain en Gargantua volant l'argent du peuple, Daumier

Elle cessa de paraître, pendant un certain temps, suite à la promulgation des lois du 9 septembre 1835, rétablissant la censure et visant surtout les caricaturistes.

C'est à cette époque, dans la résistance, que la caricature gagne ses lettres de noblesse, prenant de plus en plus de place dans le quotidien du peuple, car très en lien avec leurs pensées : s’y exprimait alors l’oppression du tiers état par la noblesse et le clergé. “C’est le moment où la caricature va se développer.  Et tout au long du XIXe et du XXe siècle, ce phénomène va s’amplifier”, nous explique Bertrand Tillier, historien, auteur de Caricaturesque
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Second empire. Sous le second empire, de 1852 à 1870, la censure revient au galop et atteint son paroxysme.
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En effet, si une quelconque personne est visée, il faut son accord avant de publier le dessin satirique. Même les caricatures de mœurs, épargnées jusque-là, ne peuvent être publiées sans autorisation. Ce n’est que quelques mois après la chute de l’empire, que des caricatures font leur apparition

De plus lorsqu'en 1881 la loi sur la liberté de la presse et de la caricature est de nouveau adoptée, la presse d'opposition et de dénonciations politiques explosent comme "Le grelot", "La charge" ou encore "Le chambard". Ainsi les scandales politiques et les satires des mœurs vont passionner un public toujours plus nombreux.



Dans le sillage de la révolution, la France de la Belle
époque
dénonce l'emprise de l'Église sur la société avec l'Assiette au Beurre. En 1901, un travailleur botte le derrière d'un Jésus, au pied de la croix. On appelle ces dessinateurs les bouffeurs de curé. Ils changent même les paroles de la Marseillaise pour la cause de l'anticléricalisme.
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Finalement, en 1905, la loi consacre la séparation de l'Église et de l'Etat. La laïcité fonde désormais la République. Une tradition s'y enracine dès 1915 avec le Canard enchaîné : rire de tout. Puis Hara-Kiri et Charlie-Hebdo. Nos dessinateurs de presse d’aujourd’hui sont les héritiers de cette caricature française, née pendant la Révolution.
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Le 17 octobre 2020, quelques heures seulement après l’abominable assassinat du professeur Samuel Paty, Sandrine MAUROT pasteur de l’église protestante de Roubaix, invite toutes les personnes qui le souhaitent, quelle que soit leur confession, à publier des caricatures de leur propre religion. « Amis musulmans, juifs, catholiques, orthodoxes, évangéliques, bouddhistes, agnostiques et athées, à vous de jouer. Je serai heureuse de découvrir vos caricatures ! » Pour illustrer ses propos, elle a diffusé une caricature de Charlie Hebdo intitulée « La véritable histoire du Petit Jésus ». Un appel à ne pas céder à la peur et à poursuivre l’enseignement de la laïcité et de la liberté d’expression en France. 
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Depuis adhérant à cette initiative engagée pour que vive la liberté d’expression, des centaines d’internautes ont répondu à l’appel de la pasteure et sur Twitter, de toutes les confessions ils partagent des dessins satiriques de leur religion respective. 
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Une manière de rappeler qu’une simple caricature ne peut ni nous blesser, ni nous offenser. Ne renonçons pas.
« L’autodérision est bel et bien une force pour communiquer et défendre la liberté. » 
« Parodies et caricatures sont les plus pénétrantes des critiques. » (Aldous HUXLEY)  
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Source :
http://www.napoleon.org/fr/hors_serie/caricatures/caricature 

#1MASQUEPOURTOUS ce n'est pas une caricature