« La vie est courte, la science interminable, l’opportunité fugace, l’expérimentation faillible, le jugement difficile » Hippocrate.
"La santé est un état précaire qui ne laisse présager de rien de bon "Jules Romains, extrait de Knock ou le triomphe de la médecine
"La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain : elle attire l'attention sur ce qui ne va pas." Winston Churcill
Le Dr Jean-Philippe Kevorkian au décours d'un entretien avec MedScape France (cardiologue dans le service de diabétologie du Pr Jean-François Gautier à l’hôpital Lariboisière (Paris) : affirme avec raison "je retire de la pandémie que la médecine ne doit pas s’affranchir, entre autres, de deux notions fondamentales : la clinique et le sens critique" Cet épisode Covid a eu une vertu considérable : remettre la clinique en 1ère ligne"
Rien ne remplace la clinique, les examens complémentaires ne sont que complémentaires Souvent malgré des examens d'imageries sophistiqués, la clinique a le dernier mot. Le sens critique vient en complément . A l'issue de l'examen clinique , et des tests biologiques et d'imagerie il faut toujours se poser la question simple , est-ce que je n'ai rien oublié, est-ce que la patient m'a tout dit et est-ce que le diagnostic que j'envisage est-il le bon diagnostic pour ce patient. La question doit être toujours posée face aux examens du patient et les mettre en concordance avec la Ccinique. L'esprit critique c'est aussi à la lecture d'un article, il faut le disséquer, bien relire le chapitre matériel et méthodes, étudier la population ciblée, regarder les statistiques, mais aussi les liens d'intérêts et les conflits possibles.Est ce que l'article enfin répond à la problématique posée en introduction. En fait en médecine on doit être critique de tout pour avancer, la critique ne fait pas reculer, elle permet de progresser. Nous sommes en 2020 mais la Médecine Hippocratique est toujours là et elle ne déçoit jamais. On assiste aujourd'hui à l’évolution destructrice de ce qui était un art. On ne peut comprendre un malade, on ne peut se faire un jugement, on ne peut connaître la maladie, on ne peut rechercher un signe clinique au travers de constantes biologiques et d’imagerie qui souvent sont contradictoires.Aussi, est-il nécessaire de remettre la démarche diagnostique dans le bon ordre. Bonjour, de quoi vous plaignez-vous ? (de façon à éviter de le soigner pour une autre pathologie que sa plainte).Merci de vous déshabiller (de façon à constater des anomalies qui échapperaient à un examen superficiel). L’examen clinique ne coûte rien, mais il a la vertu principale d’être systématique (le coeur, les poumons, l’abdomen, le système nerveux etc. . .).À partir des données de l’interrogatoire et des constatations de l’examen clinique, il est nécessaire de formuler une hypothèse diagnostique (quand on ne sait pas ce qu’on cherche, on a de grandes chances de ne rien trouver). Ce n’est qu’à ce moment que l’on peut envisager des examens dont le qualificatif de « complémentaires » dit bien ce qu’il veut dire. Ces examens viendront confirmer ou infirmer l’hypothèse clinique. Un traitement peut alors être proposé.Cette démarche pourrait paraître simpliste pour ne pas dire naïve eu égard aux énormes progrès de l’imagerie ou de la biologie. Il est cependant utile de la rappeler pour éviter des dérives thérapeutiques (hernie discale radiologique totalement asymptomatique, hypothyroïdie biologique sans signe clinique, etc. ) Il faut qu’un espace clinique existe. Ce moment est le plus important lorsque l’on va prendre en charge un patient.Ensuite, tout est plus simple, les erreurs d’orientation diagnostique seront moins nombreuses. Ce n’est qu’après un bon examen clinique que l’on peut prescrire les bons examens pour arriver au bon diagnostic. Ce n’est qu’après avoir dialogué avec un patient que la relation s’établit, ce qui évite ensuite bien des problèmes.Le droit pour les patients à un examen clinique de qualité devrait être une exigence, gravée dans le marbre de l’exercice de la médecine.Aujourd’hui, nous disposons d’outils d’aide à la décision : les recommandations, les scores cliniques, diagnostiques et pronostiques. Mais leur utilisation ne peut se passer de l’approche clinique, d’un dialogue médecin/patient, car en fin de compte, les recommandations et les scores ne décideront jamais pour nous. Nous disposons de multiples outils pour parvenir au diagnostic, aucun n’est à négliger mais parmi eux deux sont non quantifiables et subjectifs mais très utiles : l’expérience et l’intuition. L’expérience s’acquiert au fil des années, plus ou moins vite, l’intuition découle de l’expérience. Il faut avoir les deux, mais expérience et intuition sont le résultat de l’approche et de la rigueur cliniques « Le monde est constitué d’éléments invisibles et subtils que nous ne pouvons percevoir qu’avec notre coeur ou notre intuition », rappelle Frédéric Lenoir, l’examen clinique intègre la recherche de ces éléments subtils et invisibles, on ne trouve que ce que l’on a recherché. Pour Henri Poincaré, « C’est avec la logique que nous prouvons et avec l’intuition que nous trouvons », tout est dit et bien dit. Enfin, n’oublions pas la conclusion de la thèse de Laennec «L’expérience n’est pas l’apanage de l’âge mais découle d’une pratique clinique régulière, sans cesse renouvelée d’un patient à l’autre". C’est ainsi que « l’expérience de chacun est le trésor de tous » (Gérard de Nerval). Aujourd’hui, la pression médiatique, la surinformation par les médias pseudomédicaux (les plus dangereux), la « googlelisation » de la médecine ont modifié l’image du médecin. Le bon médecin est un prescripteur d’examens paracliniques. Être seulement un excellent clinicien, ce n’est plus pour certains être « vrai » médecin, or s’il est un simple prescripteur d’examens et de médicaments, le médecin n’est plus qu’un prestataire de services, c’est alors un médecin qui ne croit plus à la médecine.Notre ADN, c’est la clinique, seule capable de redresser les erreurs de la réflexion ! « L’odeur est l’âme subtile de la clinique. Son langage éveille obscurément, dans l’esprit du praticien, la première idée du diagnostic. C’est un moyen de sémiotique que l’on a employé dès les temps les plus anciens ». Les Odeurs du corps humain (1885), Ernest Monin. Hippocrate, ils sont devenus fous ! L’un des aphorismes Hippocrate « La vie est courte, la science interminable, l’opportunité fugace, l’expérimentation faillible, le jugement difficile » explique pourquoi aujourd’hui, dans ce siècle de vitesse, et d’hyper technicité, le médecin trouve difficile de prendre le temps de la clinique.
Demain la clinique : demain, quel examen clinique ? Un examen qui va fusionner la clinique classique avec l’image en un seul temps. Demain, chaque médecin aura dans sa poche un smartphone écho, il s’agira d’une échoscopie (sans photo, sans rémunération, sans compte rendu), ce sera le 3e oeil du médecin qui étendra l’examen clinique à une vision de l’intérieur du corps humain, le corps devenant transparent.
Il s’agira d’une optimisation de l’examen clinique en accord avec l’évolution des technologies mais attention, ce smartphone écho sera le stéthoscope du 21e siècle, rien de plus. Enfin, si l’on réunit toutes les possibilités de l’imagerie et de la communication, un médecin isolé, face à un cas complexe, pourra solliciter à distance un service expert qui pourra l’aider en temps réel. Mais là-encore, la clinique restera le prérequis face au patient. Ne pas oublier le regard du patient, la couleur du fond de ses yeux, son odeur , le ressenti du palper, l'auscultation, son souffle, ses pouls, ses réponses aux questions, sa façon de marcher, sa manière d'être etc., rien de doit être oublié.
L'intelligence artificielle (IA) a ses limites pour l'examen clinique. L’ IA est un domaine de recherche en pleine expansion et promis à un grand avenir. Ses applications, qui concernent toutes les activités humaines, permettent notamment d’améliorer la qualité des soins. L’IA est en effet au cœur de la médecine du futur, avec les opérations assistées, le suivi des patients à distance, les prothèses intelligentes, les traitements personnalisés grâce au recoupement d’un nombre croissant de données (big data), etc.Les chercheurs développent pour cela des approches et techniques multiples, du traitement des langues et de la construction d’ontologies, à la fouille de données et à l’apprentissage automatique. Il est toutefois indispensable que le grand public comprenne comment fonctionnent ces systèmes pour savoir ce qu’ils font et surtout ce qu’ils ne font pas. Le robot omniscient, qui pour beaucoup symbolise l’IA, n’est pas pour demain
Un patient est un être humain si différent de l'un de l'autre. Pour la même affection il exprimera des signes cliniques différents, nous sommes si différents.....et nous ressentons les choses là aussi de façon différente.C'est pour cela que la clinique reste si importante. mais l'IA trouvera sa place incontestablement...en post examen clinique, bien entendu.
"La santé est un état précaire qui ne laisse présager de rien de bon "Jules Romains, extrait de Knock ou le triomphe de la médecine
"La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain : elle attire l'attention sur ce qui ne va pas." Winston Churcill
Le Dr Jean-Philippe Kevorkian au décours d'un entretien avec MedScape France (cardiologue dans le service de diabétologie du Pr Jean-François Gautier à l’hôpital Lariboisière (Paris) : affirme avec raison "je retire de la pandémie que la médecine ne doit pas s’affranchir, entre autres, de deux notions fondamentales : la clinique et le sens critique" Cet épisode Covid a eu une vertu considérable : remettre la clinique en 1ère ligne"
Rien ne remplace la clinique, les examens complémentaires ne sont que complémentaires Souvent malgré des examens d'imageries sophistiqués, la clinique a le dernier mot. Le sens critique vient en complément . A l'issue de l'examen clinique , et des tests biologiques et d'imagerie il faut toujours se poser la question simple , est-ce que je n'ai rien oublié, est-ce que la patient m'a tout dit et est-ce que le diagnostic que j'envisage est-il le bon diagnostic pour ce patient. La question doit être toujours posée face aux examens du patient et les mettre en concordance avec la Ccinique. L'esprit critique c'est aussi à la lecture d'un article, il faut le disséquer, bien relire le chapitre matériel et méthodes, étudier la population ciblée, regarder les statistiques, mais aussi les liens d'intérêts et les conflits possibles.Est ce que l'article enfin répond à la problématique posée en introduction. En fait en médecine on doit être critique de tout pour avancer, la critique ne fait pas reculer, elle permet de progresser. Nous sommes en 2020 mais la Médecine Hippocratique est toujours là et elle ne déçoit jamais. On assiste aujourd'hui à l’évolution destructrice de ce qui était un art. On ne peut comprendre un malade, on ne peut se faire un jugement, on ne peut connaître la maladie, on ne peut rechercher un signe clinique au travers de constantes biologiques et d’imagerie qui souvent sont contradictoires.Aussi, est-il nécessaire de remettre la démarche diagnostique dans le bon ordre. Bonjour, de quoi vous plaignez-vous ? (de façon à éviter de le soigner pour une autre pathologie que sa plainte).Merci de vous déshabiller (de façon à constater des anomalies qui échapperaient à un examen superficiel). L’examen clinique ne coûte rien, mais il a la vertu principale d’être systématique (le coeur, les poumons, l’abdomen, le système nerveux etc. . .).À partir des données de l’interrogatoire et des constatations de l’examen clinique, il est nécessaire de formuler une hypothèse diagnostique (quand on ne sait pas ce qu’on cherche, on a de grandes chances de ne rien trouver). Ce n’est qu’à ce moment que l’on peut envisager des examens dont le qualificatif de « complémentaires » dit bien ce qu’il veut dire. Ces examens viendront confirmer ou infirmer l’hypothèse clinique. Un traitement peut alors être proposé.Cette démarche pourrait paraître simpliste pour ne pas dire naïve eu égard aux énormes progrès de l’imagerie ou de la biologie. Il est cependant utile de la rappeler pour éviter des dérives thérapeutiques (hernie discale radiologique totalement asymptomatique, hypothyroïdie biologique sans signe clinique, etc. ) Il faut qu’un espace clinique existe. Ce moment est le plus important lorsque l’on va prendre en charge un patient.Ensuite, tout est plus simple, les erreurs d’orientation diagnostique seront moins nombreuses. Ce n’est qu’après un bon examen clinique que l’on peut prescrire les bons examens pour arriver au bon diagnostic. Ce n’est qu’après avoir dialogué avec un patient que la relation s’établit, ce qui évite ensuite bien des problèmes.Le droit pour les patients à un examen clinique de qualité devrait être une exigence, gravée dans le marbre de l’exercice de la médecine.Aujourd’hui, nous disposons d’outils d’aide à la décision : les recommandations, les scores cliniques, diagnostiques et pronostiques. Mais leur utilisation ne peut se passer de l’approche clinique, d’un dialogue médecin/patient, car en fin de compte, les recommandations et les scores ne décideront jamais pour nous. Nous disposons de multiples outils pour parvenir au diagnostic, aucun n’est à négliger mais parmi eux deux sont non quantifiables et subjectifs mais très utiles : l’expérience et l’intuition. L’expérience s’acquiert au fil des années, plus ou moins vite, l’intuition découle de l’expérience. Il faut avoir les deux, mais expérience et intuition sont le résultat de l’approche et de la rigueur cliniques « Le monde est constitué d’éléments invisibles et subtils que nous ne pouvons percevoir qu’avec notre coeur ou notre intuition », rappelle Frédéric Lenoir, l’examen clinique intègre la recherche de ces éléments subtils et invisibles, on ne trouve que ce que l’on a recherché. Pour Henri Poincaré, « C’est avec la logique que nous prouvons et avec l’intuition que nous trouvons », tout est dit et bien dit. Enfin, n’oublions pas la conclusion de la thèse de Laennec «L’expérience n’est pas l’apanage de l’âge mais découle d’une pratique clinique régulière, sans cesse renouvelée d’un patient à l’autre". C’est ainsi que « l’expérience de chacun est le trésor de tous » (Gérard de Nerval). Aujourd’hui, la pression médiatique, la surinformation par les médias pseudomédicaux (les plus dangereux), la « googlelisation » de la médecine ont modifié l’image du médecin. Le bon médecin est un prescripteur d’examens paracliniques. Être seulement un excellent clinicien, ce n’est plus pour certains être « vrai » médecin, or s’il est un simple prescripteur d’examens et de médicaments, le médecin n’est plus qu’un prestataire de services, c’est alors un médecin qui ne croit plus à la médecine.Notre ADN, c’est la clinique, seule capable de redresser les erreurs de la réflexion ! « L’odeur est l’âme subtile de la clinique. Son langage éveille obscurément, dans l’esprit du praticien, la première idée du diagnostic. C’est un moyen de sémiotique que l’on a employé dès les temps les plus anciens ». Les Odeurs du corps humain (1885), Ernest Monin. Hippocrate, ils sont devenus fous ! L’un des aphorismes Hippocrate « La vie est courte, la science interminable, l’opportunité fugace, l’expérimentation faillible, le jugement difficile » explique pourquoi aujourd’hui, dans ce siècle de vitesse, et d’hyper technicité, le médecin trouve difficile de prendre le temps de la clinique.
Demain la clinique : demain, quel examen clinique ? Un examen qui va fusionner la clinique classique avec l’image en un seul temps. Demain, chaque médecin aura dans sa poche un smartphone écho, il s’agira d’une échoscopie (sans photo, sans rémunération, sans compte rendu), ce sera le 3e oeil du médecin qui étendra l’examen clinique à une vision de l’intérieur du corps humain, le corps devenant transparent.
Il s’agira d’une optimisation de l’examen clinique en accord avec l’évolution des technologies mais attention, ce smartphone écho sera le stéthoscope du 21e siècle, rien de plus. Enfin, si l’on réunit toutes les possibilités de l’imagerie et de la communication, un médecin isolé, face à un cas complexe, pourra solliciter à distance un service expert qui pourra l’aider en temps réel. Mais là-encore, la clinique restera le prérequis face au patient. Ne pas oublier le regard du patient, la couleur du fond de ses yeux, son odeur , le ressenti du palper, l'auscultation, son souffle, ses pouls, ses réponses aux questions, sa façon de marcher, sa manière d'être etc., rien de doit être oublié.
L'intelligence artificielle (IA) a ses limites pour l'examen clinique. L’ IA est un domaine de recherche en pleine expansion et promis à un grand avenir. Ses applications, qui concernent toutes les activités humaines, permettent notamment d’améliorer la qualité des soins. L’IA est en effet au cœur de la médecine du futur, avec les opérations assistées, le suivi des patients à distance, les prothèses intelligentes, les traitements personnalisés grâce au recoupement d’un nombre croissant de données (big data), etc.Les chercheurs développent pour cela des approches et techniques multiples, du traitement des langues et de la construction d’ontologies, à la fouille de données et à l’apprentissage automatique. Il est toutefois indispensable que le grand public comprenne comment fonctionnent ces systèmes pour savoir ce qu’ils font et surtout ce qu’ils ne font pas. Le robot omniscient, qui pour beaucoup symbolise l’IA, n’est pas pour demain
Un patient est un être humain si différent de l'un de l'autre. Pour la même affection il exprimera des signes cliniques différents, nous sommes si différents.....et nous ressentons les choses là aussi de façon différente.C'est pour cela que la clinique reste si importante. mais l'IA trouvera sa place incontestablement...en post examen clinique, bien entendu.
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