Le deuxième avis

Le deuxième avis

"Deux avis valent mieux qu'un." Proverbe français

"Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une"
Raphaëlle Girdano

"Qu'allez-vous faire ? - Je me disais que j'allais écouter vos théories, les rejeter, puis ne garder que la mienne. Comme d'habitude"
Dr House

"Tenez-vous loin des gens négatifs, ils ont un problème pour chaque solution." Albert Einstein


Prendre un deuxième avis en Médecine c'est courant, c'est naturel et logique pour certaines pathologies.


Le médecin peut lui même demander un second avis,
et ce n'est pas rare, les cas complexes justifient de cette demande dans une logique évidente.

Les patients demandent un second avis parce qu'ils doutent du premier avis, soit par ce que cet avis ne leur convient pas, soit parce que quelqu'un leur a dit que......le souhait des patients pour un second avis est le plus souvent professoral.
 
Chaque fois qu'un patient me demande de l'orienter pour un second avis universitaire , je dis oui mais je l'accompagne. Soit il connaît une équipe, soit il n'en connaît pas. Dans ce deuxième cas on en discute et généralement on trouve ensemble une solution. Il ne faut pas être hostile à cette demande de second avis. Il faut procéder en transparence avec l'équipe médicale qui suit le patient et la nouvelle.Le plus souvent cela se passe bien avec un patient rassuré et qui a confiance mais chez lequel persiste un doute.

Je vois régulièrement des patients pour un deuxième avis "non professoral, of course" pour la MTEV ou un deuxième avis technique écho-Doppler en cas de discordance par exemple entre les ultrasons et l'angio scanner. Pour chaque cas je réalise ma consultation sans avoir volontairement consulté le dossier du patient. Une fois mes examens réalisés , je donne mon avis et je consulte alors tout le dossier du patient avec le patient. Généralement nous arrivons à une synthèse qui doit respecter le premier avis, les divergences s'il y en a,  doivent être expliquées sans animosité dans un souci éthique et déontologique. Je communique par lettre avec le médecin du premier avis avec l'autorisation du patient.Ce type de consultation prend du temps quelque fois 1 heure. Attention ces seconds avis ne sont pas toujours sollicités par le patient mais son entourage voir par des personnes non médecins étrangères à la famille. Donc de l'écoute, de la patience, avec la volonté d'aboutir à un consensus, de l'humilité et de la tolérance.Mais s'il faut un troisième avis , ce qui est très rare, pas de blocage, et assister le patient dans sa démarche. tout en lui expliquant que dans son cas cela ne sert à rien...le plus souvent.

Les maladies vasculaires rares dont souvent l'objet de "multiples avis", il faut le savoir. Si vous être consulté dans ce cadre les centres de références maladies vasculaires  rares sont la solution.

Pendre un avis auprès d'une RCP par le biais d'un spécialiste c'est de plus en plus fréquent

The secondOpinion "made in USA" : qu'est ce que c'est ?...Une institution BENEVOLE.

The secondOpinion  fournit gratuitement des deuxièmes avis multidisciplinaires et complets aux adultes californiens diagnostiqués avec des cancers nouveaux ou récurrents. J'insiste GRATUITEMENT !


L' objectif est de veiller à ce que chaque patient atteint de cancer ait accès à un deuxième avis et soit habilité à prendre des décisions médicales éclairées. Depuis 1969, l'organisation a conseillé plus de 10 000 patients dans toute la Californie.

The secondopinion fournit gratuitement un deuxième avis complet aux adultes californiens diagnostiqués avec un cancer, en utilisant un format de panel.
 L'objectif est de donner aux patients atteints de cancer, disposant de ressources médicales limitées, et aux membres de leur famille la clarté dont ils ont besoin pour prendre des décisions concernant leur traitement.

Les médecins bénévoles viennent de cabinets médicaux et d'établissements de toute la région de la baie. Les demandes pour des services augmentent et sont recrutés activement des médecins pour faire du bénévolat . Nous encourageons fortement les candidatures de pathologistes, de radiologues, d'oncologues médicaux, de radio-oncologues et de chirurgiens ayant des sous-spécialités en oncologie.

"Nous offrons un service très important aux personnes qui veulent un deuxième avis, mais qui n'en ont pas les moyens."
Dr David Lakes

https://thesecondopinion.org/


Article paru sur MEDSCAPE à ce sujet 
Donavin Coffey
22 août 2022

https://www.medscape.com/viewarticle/979548

À mi-chemin de son premier cycle de chimiothérapie, avec des cheveux qui tombaient, du poids et son cerveau dans le brouillard, Carolyn Hackett s'est assise pour une réunion Zoom avec une équipe d'oncologues.

Elle ne voulait même pas un deuxième avis, mais un ami avait insisté pour qu'elle en obtienne un, et elle avait accepté au nom de leur amitié.

Mais cette réunion Zoom lui a probablement sauvé la vie. L'équipe de cinq spécialistes qui examinait son cas depuis une semaine a expliqué qu'elle avait été mal diagnostiquée. Le pathologiste d'origine s'est trompé. Elle n'avait pas de lymphome hodgkinien ; son cancer était en réalité un lymphome T non hodgkinien . Et le régime de chimiothérapie qu'elle suivait ne ferait rien pour l'arrêter.

Le panel de médecins qui ont rempli l'écran d'ordinateur de Hackett lors de cet appel Zoom de décembre 2020 étaient tous des bénévoles d'une organisation appelée the secondopinion, basée à San Francisco.

Le groupe, organisé en 1969, offre actuellement un deuxième avis gratuit à au moins trois patients californiens atteints de cancer chaque semaine.

Les patients rencontrent en moyenne 30 à 40 minutes - bien qu'il n'y ait vraiment aucune limite - avec un panel de médecins qui ont une expertise dans leur cas spécifique.

Plus de 70 spécialistes liés au cancer, actuels et retraités, composent la liste des bénévoles. Un membre du personnel rémunéré réalise les dossiers médicaux, l'imagerie et les diapositives de pathologie d'un patient. Et une équipe de quatre à cinq médecins passe une semaine à examiner chaque cas.

Ensuite, ils rencontrent directement le patient et son médecin pour répondre aux questions et livrer leur consensus.
 
Hackett était incrédule après sa rencontre avec la deuxième opinion . Son diagnostic était allé de mal en pis, mais les nouvelles informations avaient changé sa vie. Sans cela, elle aurait sûrement continué la chimiothérapie et serait décédée.
 
En plus du nouveau diagnostic précis, Hackett a déclaré que c'était un soulagement et un réconfort lorsque l'équipe de médecins bénévoles a honoré et inclus son oncologue. "Je suis infirmière", a-t-elle déclaré, et elle sait donc par expérience que la médecine vient avec des ego et des risques fréquents de poursuites.

Mais l'équipe de la deuxième opinion n'a jamais critiqué son médecin - après tout, ce n'était pas son erreur de toute façon - ni suggéré une action en justice. Au lieu de cela, ils l'ont immédiatement inclus dans l'équipe et lui ont envoyé une lettre détaillant le consensus du panel, a-t-elle dit, ce qui l'a fait se sentir en sécurité.

Les deuxièmes avis sont une grosse affaire

Les seconds avis médicaux sont une industrie importante et en pleine croissance qui devrait valoir plus de 9,7 milliards de dollars d'ici 2027 . Il existe déjà de nombreux services aux États-Unis et dans le monde qui se consacrent à fournir un deuxième avis spécifiquement aux patients atteints de cancer.

"Et à juste titre", déclare Alan Venook, MD, professeur de médecine à l'UCSF avec une expérience et une expertise dans les tumeurs malignes gastro-intestinales qui a été approché pour commentaires mais n'est pas associé à la deuxième opinion .

"Le cancer est un domaine de plus en plus sous-spécialisé, et chaque patient devrait obtenir un deuxième avis" a-t-il déclaré à Medscape Medical News.

Ce qui est unique à un rendez-vous avec the secondopinion , cependant, c'est le prix à 0 $.

Mais comme signalé précédemment, le business US existe, le second avis devient une industrie dangereuse qu'il est impératif de maîtriser. Je ne pense pas qu'en France nous soyons confrontés à ce type de problème....mais tout peut arriver.  Les RCP dont là aussi pour protéger les patients de dérives financières.

Deuxièmeavis en France ça existe, un sitehttps://www.deuxiemeavis.fr/
Sur ce site : Service déjà accessible gratuitement à plus de 25 millions de personnes, renseignez-vous pour savoir si vous êtes couvert....par votre mutuelle

Ce que dit le site

75% d'avis convergents
pour aborder plus sereinement une opération ou un traitement lourd
25% d'avis divergents
pour éviter une opération inutile ou accélérer l'accès à un traitement plus approprié

Je n'ai pas connaissance de patients qui ont sollicité cette plateforme.

Le colloque singulier, il faut y revenir. Il établit une relation de confiance avec le patient. Il est très important même en 2022. Quelque soit les questions des patients il faut répondre, je sais ou je ne sais pas, il ne faut pas esquiver la réponse et même plus il ne faut pas noyer la réponse avec de la pseudo science. Les questions des patients sont une des parties les plus importantes du colloque singulier qui ne doit pas se transformer en monologue. Répondre, expliquer au patient c'est notre rôle et il est important. Très souvent le deuxième avis est souhaité par les patients, parce que le premier avis était confus ou que tout n'a pas été dit, mais rien n'est irrémédiable.

Et puis il y a l'avis compassionnel 

“Le fourreau doré de la compassion cache parfois le poignard de l’envie.”
Friedrich Nietzsche

L'usage compassionnel d'un médicament consiste à prescrire un traitement avant son autorisation de mise sur le marché à des patients atteints de pathologies potentiellement graves pour lesquelles aucun médicament autorisé n'est assez efficace (Wikipédia) 

"Définition de la compassion : qu'est-ce que la compassion ? Le mot compassion vient du latin 'cum patior' qui signifie 'souffrir avec'. "C'est un sentiment qui amène à partager la souffrance et la douleur de l'autre"

L'avis compassionnel c'est encore autre chose. C'est l'écoute, le partage avec un patient pour lequel aucun traitement pour la maldie qu'il présente ne sera efficace. C'est là que les dérives existent, le risque c'est de rencontrer des pseudo médecins ou médecons qui vont tout faire pour "escroquer" le patient, ça existe. Dans le cadre compassionnel le patient doit être guidé et conseillé par son médecin ou sa personne de confiance.  

Je vous renvois à l'actualité : 
 
Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) a donné son feu vert à un changement majeur en explorant la piste du suicide assisté dans un nouvel avis sur la fin de vie, rendu public mardi. Une rupture avec l'interdit de tuer qui guide la loi Leonetti-Claeys de 2016. Et avec les précédentes prises de position du CCNE.

Au moment du lancement de ce grand débat en France, on apprenait, mardi, que le cinéaste Jean-Luc Godard, 91 ans, avait eu recours, en Suisse, au suicide assisté.

Il existe « une voie pour une application éthique d'une aide active à mourir », selon le CCNE, pour qui la loi actuelle ne permet pas de répondre aux demandes de patients atteints de maladies graves et incurables provoquant des souffrances réfractaires, et dont le pronostic vital est engagé à moyen terme. Autrement dit, un nouveau texte voit le jour.

C'est un avis compassionnel , le pus délicat, le plus compliqué, dont nous n'avons pas encore toutes les données, les débats à venir seront nombreux en souhaitant une sortie digne sur cette question majeure de l'existence et adopter ce qui se fait en Belgique et en Suisse....la notion de temps à rester en vie dans le confort et la dignitié devra être compté ...
ou non ou ignoré !