Les mots de trop

Les mots de trop

"Et c'est parfois dans un regard, dans un sourire, que sont cachés les mots qu'on n'a jamais su dire." Yves Duteil

"Victoire... Défaite... Ces mots n'ont point de sens. La vie est au-dessous de ces images, et déjà prépare de nouvelles images. Une victoire affaiblit un peuple, une défaite en réveille une autre." Antoine de Saint Exupéry

"Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots." Jean Jaurès



Tous les intervenants du gouvernement, les commentateurs de tous bords, les politiques utilisent toujours le ou les mots de trop qui vont faire basculer celles et ceux qui les entendent vers l'euphorie ou la déprime surtout lorsque le mot est sorti du contexte au moment où il a été prononcé.
 
Deux exemples le frémissement vers la baisse de la contamination et l'arrivée d'un vaccin miracle. Immédiatement cela s'est traduit par le recul important de la pandémie et de la mise en place d'un programme de vaccination prochainement avant la fin de l'année. Ol Véran dit sur les réseaux sociaux (12/11/2020) qu'il est optimiste,erreur il doit dire je suis confiant dans l'avenir, c'est le mot antidote d'optimisme.Ne pas oublier que les mots antidotes sont la parade quelque fois de la première pensée. Optimisme c'est que tout va bien alors que l'on n'est pas au pic de la deuxième vague et que les hôpitaux souffrent comme les soignants. Et puis en plus des mots il y a des images, les fameuses courbes quand elles sont vues par des personnes non averties. Leur lecture se confond avec celles des lignes de la main , le  mieux ou la catastrophe en sont la résultante.

Alors il faut choisir lorsque l'on communique le et les bons mots, ceux de la vérité , jamais dans la sur-verité ou la sous-vérité. La transparence nécessite de la rigueur et de la concentration quand on parle  aujourd'hui de la pandémie. 

"Les mots que nous produisons sont sélectionnés à partir d’un répertoire mental – le lexique mental – qui contient entre 50 000 et 100 000 mots chez un adulte cultivé. Parler est une de nos activités préférées. Nous produisons en effet environ 16000 mots par jour, ce qui est énorme, et ce, de façon relativement précise puisque nous commettons moins d’un lapsus pour 1000 mots produits. Nous n'avons pas conscience des mécanismes complexes qui président à la production de phrases ou de discours. Nous ne faisons que de rares erreurs de production – les lapsus – et, parfois, nous sommes dans l’incapacité ponctuelle de récupérer un mot que nous connaissons par ailleurs, c’est-à-dire que nous avons le « mot sur le bout de la langue » (Patrick Bonin, le choix des mots).

"L’objectivité est la qualité de ce qui est conforme à la réalité, la qualité d’une description factuelle. L’être humain a tendance à penser que, lorsqu’il relate un évènement, expose un problème ou rend des comptes sur le plan professionnel, il le fait de façon objective. Toutefois, le choix des mots qu’il utilise à l’oral ou à l’écrit montre souvent le contraire. En effet, les mots privilégiés par l’émetteur reflètent généralement une certaine connotation et, qui plus est, assemblés dans une phrase, portent facilement à interprétation. En fait, presque chaque mot correspond à une modalité, soit négative, neutre ou positive."

Les mots peuvent être spontanés à l'occasion d'une conversation ou d'un discours non préparé, l'improvisation n'est pas une seconde nature pour tout le monde, c'est là que tout peut déraper. L'expression employée, le mot peut ne pas être en relation directe avec ce que l'on voulait exactement dire et c'est dans ce cas que le mot est source d'incompréhension ou de compréhension fausse. 
 
Un exemple récent de Joe Biden, on lui demande son avis sur de possibles fraudes, il explique alors qu'un vaste système a été mis en place...de fraudes pour les commentateurs alors que c'était un vaste système de protection contre la fraude électorale, il se reprend , il explique mais les journalistes ont fait un stop sur la première partie de la phrase, laquelle a été récupérée par Trump .Un exemple d'improvisation râté, avec une erreur de choix dans les mots.

J'ai été amené à réfléchir sur ce sujet en parlant de la pandémie avec les patients, ce que je fais régulièrement pour "prendre le pouls" de leur vécu, de leurs sentiments et de leurs appréciations sur ce sujet difficile. C'est là que j'ai compris que certaines interprétations étaient éloignées de la vérité car les mots entendus ont été mal décryptés ou sortis de leur contexte ou simplement non compris ou compris mais dans le mauvais sens. Les trois exemples ci-dessus en sont la preuve.

Par conséquent, dans la production d’avis, de conseils et d’explications, opter pour des messages clairs, impartiaux et précis est une perspective assurément gagnante. En plus d’écarter les hostilités, elle permet de rehausser les liens de confiance établis et d’augmenter sa crédibilité. Toutes les raisons sont bonnes pour ajuster son vocabulaire non seulement aux exigences de la profession, mais également au profit de meilleures relations humaines ! Chaque mot doit être posé,attention à l'improvisation en publique c'est là que les mots s'envolent sans réflexion préalable, et quand ils atterrissent leur signification vole en éclats. Ne pas oublier que derrière chaque mot  existe l'antidote du mot. De plus derrières tous ces mots il y a les gens. Donc quand on parle, quand on fait un discours il faut bien comprendre à qui on s'adresse et donc choisir les bons mots, c'est le mot de la fin.......

Source : 
http://leadserv.u-bourgogne.fr/files/publications/000428-le-choix-des-mots.pdf
https://www.researchgate.net/publication/267753008_La_production_verbale_de_mots_chez_l'adulte_sain_Questions_et_problematiques_actuelles
https://www.prosecommunication.com/blogue/bien-choisir-ses-mots-un-gage-de-confiance-et-de-clarte/
 
 #1MASQUEPOURTOUS, le bon choix des mots