Signé : Dr Joelle Laffont, Médecin Vasculaire, Toulouse
"Pneu avant lisse tu auras
Virage mal négocié tu prendras
Freinage incisif tu feras
Motard sur bitume surfera !"
Sylvain Pierron
"Débrayage, point mort, frein, stop, première enclenchée bien avant le vert pour démarrer plus vite." Geneviéve Dormann
Des virages, il y en a eu un paquet depuis mars 2020.
Des virages ,il y en aura d’autres à négocier à tous les étages.
Pour négocier ces virages, l’exécutif adopte en ce moment la technique du talon-pointe.
Il s’agit de l’une des nombreuses techniques de pilotage enseignées aux futurs pilotes de course. Son but effectuer un freinage et un rétrogradage sans à-coup en évitant le blocage de la boite de vitesses.
Comment faire un bon talon-pointe ? c’est en fait assez simple !
1) Maintenir une pression constante sur la pédale de frein avec la pointe du pied droit (ou le côté gauche du pied droit).
2) Débrayer et retirer le rapport de vitesse enclenché.
3) Embrayer au point mort.
4) Mettre un coup d'accélérateur avec le talon du pied droit (ou le côté droit du même pied), dosé de façon à trouver le régime moteur du rapport inférieur (pour n'avoir aucun à coup).
5) Débrayer pour passer le rapport inférieur.
Bien réalisée, elle peut ménager la boite de vitesse certes et aussi apporter un gain de temps non-négligeable lors d’une course automobile, faciliter la négociation des virages..
Pour réussir la technique dite du « talon-pointe », il faut donc qu’au même moment le pilote débraye et change de rapport (rétrograde) mette un coup d’accélérateur (un coup de gaz qui doit être bref) sec et franc pour relancer le régime moteur et éviter ainsi le blocage de boite de vitesse synonyme de perte de contrôle et de tête-à-queue.
Elle est extrêmement difficile pour les débutants.
Que vient faire cette technique désuète dans cette pandémie inédite ?
En ce moment dans la négociation des « virages » de la pandémie, nos décideurs si puissants pratiquent le « talon-pointe » ?
1 - l’accélération serait donnée par le porte-parole du gouvernement qui insinue la possibilité d’une éclaircie (de quelle nature mystère) vers la mi-avril avec un retour à une vie normale. Il nous vend du vent mais il faut reconnaitre qu’il le fait bien mais ne convainc pas forcément (ah le pouvoir des coachs en communication !) même si tout un chacun voudrait y revenir à cette vie de presque avant. Mi-avril c’est dans six semaines, pourvu que la météo soit clémente !!
Une vie « normale » comment ? Comme avant ? Normalité professionnelle celle du télétravail et du numérique pour tout (pas forcément pour tous) avec à la clef inévitablement des fermetures de structures où l’humain n’est plus essentiel et pourquoi pas quelques licenciements « justifiés ». Normalité économique avec un retour à l’avant et la poursuite des projets prévus par le monarque : l’emprise fiscale sur une population étouffée démoralisée (sauf les nantis de base tellement peu impactés) avec entre autres le remboursement de la dette sociale, mais aussi plus pernicieuse l’envolée des carburants à la pompe depuis plus d’un mois sans que personne ne s’en émeuve (les gilets jaunes ne sont plus sur le terrain). Il faut de la taxe pour amener des milliards dans les caisses et portefeuilles.
Normalité culturelle avec la promesse de réouverture « progressive » des lieux de culture : pour quels lieux de culture en priorité - puisque l’inégalité est le maitre-mot de cette gestion - et sous quelles conditions ?
Normalité sociale et la fin du tunnel vers le retour sous conditions (lesquelles), aux loisirs pour tous, aux retrouvailles, aux voyages, à la respiration sans contraintes … aux contacts.
En parlant de contact un grand gagnant à cette année 2020 : le paiement sans contact en voilà un geste barrière financier philanthrope pas vraiment l’ADN de la finance mais productif.
2 - Et le coup de frein vient aussitôt derrière pour le « dur » retour à la réalité. Coup de frein bien appuyé par le premier ministre lors de la messe du jeudi – souvent soutenu par son alter ego sanitaire le ministre de la Santé où il égrène des chiffres rassurants ou pas c’est selon le but à atteindre. Puis en vrac, selon la semaine et les chiffres, aligne les annonces de confinement à la carte, ou de couvre-feu plus contraignant, les annonces de nouvelles fermetures d’espaces « non essentiels ».
L'épidémie de Covid-19 en France, un an de restrictions à géométrie variable
(https://www.franceinter.fr/societe/l-epidemie-de-covid-19-en-france-un-an-de-restrictions-a-geometrie-variable)
Ensuite il en passe à la culpabilisation et l’infantilisation de celles et ceux qui ont encore assez d’énergie pour avoir envie (ou peur) de subir son discours. Nous le savons que la vaccination est l’un des moyens de contrôler (et non pas de l’éradiquer) ce virus mutant : inutile de le seriner en permanence, il serait plutôt de bon aloi de s’en donner les moyens pour vacciner « pied au plancher » avec le bon matériel. On le sait que le pas- sanitaire sera inéluctable, toutefois faudrait-il, avoir une idée de son contenu (une intelligente composition entre tous les moyens de contrôle de ce virus serait l’idéal plutôt qu’une injonction univoque que serait le vaccin seul) mais là encore le flou artistique !!
3 - Et puis tous les deux pensant tout contrôler, débrayent. Pourvu qu’ils soient coordonnés ! le tout contrôle est le plus souvent synonyme de pas de contrôle du tout !!
Accélérer, freiner, et débrayer en même temps…et voilà une sortie de virage en majesté sans casse. Mais cela exige une parfaite analyse de la situation et de la trajectoire, la connaissance et la maitrise de la gestuelle sans hésitation : tout cela est le fait des pilotes aguerris.
Parce qu’un talon-pointe mal contrôlé sans finesse c’est une sentence immédiate et implacable : la sortie de route, droit dans le mur.
Alors nos décideurs « pilotes » aguerris ou novices ?
Voyons à combien du mur tout cela s’arrêtera…
Cependant attention pas de talon-pointe avec votre voiture particulière ce serait un choc !