Prévention thrombose et Covid-19 : plus ou moins ? effet SCOOP

Prévention thrombose et Covid-19 : plus ou moins ? effet SCOOP


"Le grand secret de notre maladie oscille entre la précipitation et la négligence." Goethe

"J'ai eu le prix à Venise, j'en suis pas mal fier, mais je ne confonds pas vitesse et précipitation, Bourvil et Sarah Bernhardt. Le rire dans la qualité c'est ce que je voudrais pouvoir faire. L'imbécile heureux, voilà mon emploi. Que je m'évade de temps en temps je ne dis pas non mais ce sera toujours pour y revenir" Bourvil

Dans un article précédent (https://medvasc.info/1065-pr%C3%A9vention-mtev-et-covid-19-posologie-et-dur%C3%A9e) j'avais analysée deux articles sur la posologie des anticoagulants dans le cadre de la Covid-19 à titre PREVENTIF.

Rappel : 
Ces deux études sont différentes mais elles concernent la thromboprophylaxie au décours de la Covid-19. , l'une sur des patients graves en réanimation et l'autre des patients hospitalisés qui sortent de l'hôpital . La première étude "empirique" confirme que l'utilisation d'une anticoagulation préventive en utilisant des doses curatives est hémorragique et qu'elle n'a pas d'impact sur la mortalité. Que donne une anticoagulation à dose intermédaire, Covi-Dose nous le dira (https://medvasc.info/956-covi-dose). La deuxième étude reprend un grand classique celui de la prolongation de la prophylaxie post hospitalisation. Elle est couramment admise en chirurgie notamment orthopédique et carcinologique, par contre en médecine les études se sont heurtées au risque hémorragique induit. Dans ce contexte la prolongation doit être discutée au cas par cas en fonction des facteurs de risque du patient de MTEV et des facteurs de co-morbidité mais rien de systématique aujourd'hui. Les scores Padoue et Improve sont d'une grande aide pour poser l'indication de la prévention de la MTEV en situations médicales. Le risque hémorragique est le facteur de risque commun à ces deux études. Il est donc important de toujours y penser, de l'évaluer et de le ré évaluer à la fois pour décider de la prévention, de sa durée voire de son extension.

Dans le cadre de la Covid-19 il existe encore beaucoup d'incertitudes quant à la place exacte de l'anticoagulation préventive, son dosage sa durée et le moment opportun pour la prescrire mais de nombreuses études sont en cours. Pour l'instant le respect des recommandations hors Covid sont à prendre en compte. Ne jouons pas les apprentis sorciers, sagesse et prudence.

Et puis le 22 Janvier sont publiés des résultats partiels de l'étude ATTACC (Antithrombotic Therapy to Ameliorate Complications of COVID-19 (ATTACC) (ATTACC)
(https://www.clinicaltrials.gov/ct2/show/NCT04372589) par un communiqué de presse émanant de l'Université US de Manitoba.et non un article publié dans une revue scientifique.

Le titre de ce communiqué de presse : Les anticoagulants à dose curative ont amélioré la survie  des patients hospitalisés atteints de COVID-19 (https://www.nih.gov/news-events/news-releases/full-dose-blood-thinners-decreased-need-life-support-improved-outcome-hospitalized-covid-19-patients) . Il est ainsi écrit : "Dans un grand essai clinique mené dans le monde entier, les traitements anti-coagulation (anticoagulants) à dose curative administrés à des patients modérément atteints, hospitalisés pour la COVID-19 ont réduit la durée de la réanimation  notamment les besoins de ventilation. Une tendance à une possible réduction de la mortalité a également été observée et est en cours d'étude. Avec un grand nombre de patients COVID-19 nécessitant une hospitalisation, ces résultats pourraient également aider à réduire la surcharge des unités de soins intensifs à travers le monde." 

Suite : "Trois plates-formes d'essais cliniques couvrant cinq continents dans plus de 300 hôpitaux ont travaillé ensemble pour tester s'il y a un plus grand bénéfice des doses curatives  d'anticoagulant (héparine)  pour traiter les adultes hospitalisés modérément atteints  avec COVID-19 par rapport à la dose d'héparine plus faible généralement administré pour éviter la formation de caillots sanguins chez les patients hospitalisés. Les patients modérément malades sont ceux qui ne sont pas en soins intensifs et qui n'ont pas reçu de soutien organique tel que la ventilation mécanique lors de l'inscription à l'essai.
Sur la base des résultats intermédiaires de plus de 1000 patients modérément atteints admis à l'hôpital, les résultats ont montré que des doses curatives d'anticoagulants, en plus d'être sans danger, étaient supérieures aux doses normalement administrées pour prévenir les caillots sanguins chez les patients hospitalisés - en ce qui concerne le critère d'évaluation principal qui est la nécessité d'une ventilation ou d'autres interventions de soutien d'organes. Les investigateurs de l'essai travaillent maintenant aussi vite que possible pour rendre les résultats complets de l'étude disponibles afin que les cliniciens puissent prendre des décisions éclairées sur le traitement de leurs patients COVID-19.

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Voici donc un communiqué de presse type "scoop" qui n'aborde pas le risque hémorragique avec précision, on ne connaît pas l'état exact des patients inclus dans cet essai, en un mot un communiqué qui dessert la science.

Il faut attendre les résultats publiés dans une revue scientifique et ne pas faire des plans sur la comète reposant sur pas grand chose. C'est ainsi que l'on véhicule de fausses informations et que l'on donne de faux espoirs. La précipitation est toujours mauvaise conseillère surtout dans le cadre de la Science qui devient alors de l'anti-Science. En matière de pandémie on a déjà donné beaucoup et trop à la fois.

WAIT and SEE

#àmoitiévacciné