Qui est Katalin Kariko ?

Qui est Katalin Kariko ?


"Ce qui est incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible." Albert Einstein (Comment je vois le monde, 1934)

"La science, quand elle est bien digérée, n’est que du bon sens et de la raison". Stanislas Leszczynski

"Ce n’est pas dans la science qu’est le bonheur, mais dans l’acquisition de la science" Edgar Allan Poe

C’est grâce aux travaux de la Hongroise Katalin Kariko et de l’Américain Drew Weismann sur les biotechnologies liées à « l’ARN messager » que Pfizer et BioNTech ont pu proposer si vite vers un vaccin contre le Covid-19.
 Moderna utilisant elle aussi l'ARN messager pour son vaccin.


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Les deux chercheurs travaillent ensemble depuis 1985, année de l’arrivée de Katalin Kariko en Pennsylvanie avec son mari et leur fille de 2 ans.

« Katalin Kariko mérite le prix Nobel. » Ces propos sur la biochimiste hongroise, l’une des plus en vue de la planète, sortent de la bouche de Derrick Rossi, professeur à Harvard et cofondateur du laboratoire Moderna. Dans la course au vaccin anti-Covid, il est pourtant le principal concurrent du  groupe américain Pfizer et du laboratoire allemand BioNTech, que co-préside Katalin Kariko. De plus le laboratoire BioNTech a été créé par deux savants d'origine turque. 

De la Hongrie à Philadelphie en passant par la Turquie

Un exil amer pour la scientifique, attachée à la Hongrie. Née en 1955 à Kisujszallas (10 000 habitants), elle y a fait sa scolarité, s’est illustrée au sein de son équipe de basket, a fréquenté les camps d’été des jeunesses communistes. De cette époque, elle conserve des certificats floqués du slogan « Pour les travailleurs, pour la patrie, en avant ! » Elle a pourtant déchanté quand, dotée d’une prestigieuse bourse de la République populaire, elle est partie étudier la biochimie à l’Université de Szeged (sud). Elle y a découvert que les chercheurs manquaient de tout. D’où son départ.

Sa vie est désormais à Philadelphie. Sa fille, Susan Francia, a même été double médaillée d’or d’aviron aux Jeux Olympiques, sous les couleurs américaines. Cela n’empêche pas la famille de revenir régulièrement à Kisujszallas. Elle y est accueillie en star. Dès juin, sans attendre le vaccin, Katalin Kariko a été faite citoyenne d’honneur de la ville.

Le processus qui mène de cette découverte fondamentale à une innovation qui va peut-être non seulement sortir le monde du cauchemar du Covid-19, mais aussi permettre de développer de nouveaux types de médicaments contre des maladies comme le cancer, le diabète et l’anémie, s’est joué au croisement des ambitions des chercheurs, de start-up et des grands laboratoires pharmaceutiques. Katalin Kariko, recrutée en 2013 par BioNTech, société fondée par un couple de médecins allemands d’origine turque devenue partenaire du géant américain Pfizer pour le vaccin anti-Covid, personnifie ce passage décisif de la paillasse du chercheur au vaccin. Un mécanisme qui met en jeu toute une chaîne, à la fois scientifique, financière et industrielle, comme ce fut le cas pour l’outil d’édition du génome, Crispr-Cas9, découverte primée cette année par le Nobel.

Rappel : Frédérique Vidal félicite les professeurs Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna pour leur distinction par le prix Nobel de Chimie 2020 pour l'invention de la technique de ciseaux génétiques CRISPR-Cas9 en 2012. Cette technique a révolutionné le domaine de l'ingénierie génétique. Emmanuelle Charpentier félicitée par la France est en fait depuis longtemps loin de
la France . Formée en France puis expatriée en Allemagne depuis 2015 mais avant les USA , la Suède, l'Autriche, et l' Allemagne. Le nomadisme scientifique est toujours enrichissant, la preuve......une sorte de compagnonnage au niveau planétaire , ce qui fait d'elle une scientifique qui appartient au "monde". 

Commentaire : de la Hongrie aux USA, de la France à l'Allemagne les itinéraires des grands chercheurs pas toujours reconnus dans leur pays passent toujours par les USA à un moment donné . C'est vrai pour Emmanuel Charpentier , c'est vrai pour Katalin Kariko, c'est vrai pour Aurèlie Jean ; c'est vrai pour Esther Duflo,etc. La France ne sait pas retenir les cerveaux brillants, c'est un classique depuis
des années. En 2015, Emmanuelle Charpentier est nommée directrice de l'Institut Max-Planck d'infectiologie à Berlin. Depuis 2018, elle est directrice du Centre de recherche Max Planck pour la Science des Pathogènes. A ce propos Emmanuelle Charpentier dit "Je pense que la France aurait du mal à me donner les moyens que me donne l'Allemagne". C'est un exemple de fuite des cerveaux, un de plus. La prix Nobel d'Economie Française de 2019 est dans le même cas, elle travaille aux USA. Ce sont des "mobils scientists". Les exemples sont multiples. Ce n'est pas un phénomène nouveau. « La France n’a jamais su garder ses cerveaux qu’elle produit pourtant en masse ».....La fuite des cerveaux serait pire que la fuite des capitaux !

Réflexion : "En privant les pays d’une de leurs principales ressources rares (le capital humain), les migrations qualifiées sont perçues comme appauvrissant ces pays pendant que les pays hôtes en bénéficient largement. Beaucoup pensent que supprimer la fuite des cerveaux réduirait les inégalités entre pays. Notre montre qu’un taux d’émigration qualifiée limité, mais positif, (c’est-à-dire entre 5 et 10 %) est probablement bénéfique à la fois pour les pays émetteurs et les pays receveurs. Malheureusement, de nombreuses régions comme l’Afrique subsaharienne ou l’Amérique Centrale sont bien au-delà du seuil optimal."Frédéric Docquier
cerveauqualifIl y a un autre concept de la fuite des cerveaux, qui disparaît si on considère que l'on est citoyen du monde. C'est le cas des exemples cités. Peu importe que des découvertes essentielles soient faites dans un pays ou un autre par des personnalités qui ont quitté leur pays de naissance. Ce qui importe c'est que leurs découvertes bénéficient à la planète et c'est le cas et c'est ce qui est important.Le partage du savoir doit être le plus petit dénominateur commun. Finalement c'est un très beau signe d'altruisme.