"Aujourd’hui, les médecins disposent d’un arsenal très efficace contre l’hypertension artérielle dans toutes les situations. Utilisés selon chaque patient, en fonction de leurs comorbidités éventuelles, parfois en association, ces médicaments permettent de contrôler la tension artérielle." – Professeur Girerd
"La tension artérielle est comme une rivière : si elle déborde, elle peut causer des dégâts irréparables." – Métaphore médicale courante
RAPPEL
Messages clés des guidelines 2024
- L’hypertension artérielle (HTA) est une maladie en pleine expansion démographique, avec une dégradation du contrôle tensionnel dans le monde.
- Une simplification de la classification de la pression artérielle en 3 catégories est proposée : pression artérielle non élevée (< 120 / 70 mm Hg), pression artérielle élevée (entre 120/70 et < 140/90 mm Hg) et l’hypertension artérielle (au-dessus de 140/90 mm Hg).
- La mesure de pression artérielle doit être standardisée ; elle doit s’appuyer sur des appareils électroniques validés. Les nouveaux appareils de mesure de la tension artérielle sans brassards (« cuffless ») bien que prometteurs, ne sont à l’heure actuelle pas validés.
- La prise en charge diagnostique repose sur :
1) Une sécurisation de la mesure grâce à une mesure ambulatoire / à domicile de la pression artérielle
2) Une évaluation du risque cardiovasculaire global
3) L’exploration de l’atteinte des organes cibles
4) La recherche de causes d’hypertension artérielle secondaire. Pour la première fois, le dosage standardisé de l’aldostérone et de la rénine est proposé au diagnostic, chez tous les patients hypertendus confirmés. - Les régimes hygiéno-diététiques s’appliquent à tous les patients et reposent un mode de vie sain et équilibré, une activité physique adaptée, un régime sain méditerranéen et une restriction sodée strict (<5g de sel par jour) avec en cas de difficulté à restreindre les apports sodés la possibilité d’utiliser des sels de substitution enrichis en potassium (en l’absence de maladie rénale chronique avancée ou d’hyperkaliémie).
- L’objectif de la prise en charge de l’HTA est avant tout de réduire le risque cardiovasculaire global (RCV). En cas d’élévation de la pression artérielle (entre 120/70 et 140/90 mm Hg), le traitement pharmacologique est indiqué en cas de niveau de risque élevé : prévention secondaire, insuffisance cardiaque, maladie rénale chronique, diabète, retentissement sur les organes cibles ou élévation au-dessus de 10% du SCORE-2 (ou sa version OP en population > 70 ans et sa version DIABETES en population diabétique).
- La stratégie médicamenteuse est maintenue par rapport aux guidelines de l’ESC 2018 avec le recours d’emblée à une bithérapie fixe par 2 molécules parmi un bloqueur du SRAA, un inhibiteur calcique et un diurétique ; et la possibilité de passer à une trithérapie en cas d’échec.
- Ces nouvelles recommandations se veulent plus ambitieuses avec un objectif tensionnel de PA entre 120 et 129 mm Hg de systolique et 70 – 79 mm Hg de diastolique, en visant 120/70 mm Hg quand cela est possible, bien toléré et en l’absence de fragilité gériatrique, d’hypotension orthostatique ou d’espérance de vie de moins de 3 ans.
En cas d’hypertension résistante, il faut adresser le patient à un centre-expert, réaliser un bilan d’HTA secondaire, ajouter de la spironolactone à la trithérapie préexistante et envisager une évaluation objective de l’inobservance médicamenteuse.- La dénervation rénale fait son entrée pour la première fois dans des guidelines de l’ESC. Elle peut être réalisée en cas d’HTA résistante après une discussion et une évaluation multidisciplinaire, dans des centres ayant un gros volume d’activité.
https://www.cardio-online.fr/Actualites/A-la-une/2024/ESC-2024/ESC-2024-les-messages-cles-des-recommandations-sur-l-hypertension-arterielle-et-l-elevation-de-la-pression-arterielle
Hypertension artérielle en France : 17 millions d’hypertendus dont plus de 6 millions n’ont pas connaissance de leur maladie
L'ARTICLE
Bi Y, et all, BPROAD Research Group. Intensive Blood-Pressure Control in Patients with Type 2 Diabetes. N Engl J Med. 2025 Mar 27;392(12):1155-1167. doi: 10.1056/NEJMoa2412006. Epub 2024 Nov 16. PMID: 39555827.
Contexte
Les cibles efficaces pour le contrôle de la pression artérielle systolique chez les patients atteints de diabète de type 2 ne sont pas claires.
Méthodes
Nous avons recruté des patients âgés de 50 ans ou plus atteints de diabète de type 2, présentant une pression artérielle systolique élevée et un risque accru de maladie cardiovasculaire dans 145 centres cliniques en Chine. Les patients ont été randomisés pour recevoir un traitement intensif ciblant une pression artérielle systolique inférieure à 120 mm Hg ou un traitement standard ciblant une pression artérielle systolique inférieure à 140 mm Hg pendant une durée maximale de 5 ans. Le critère d'évaluation principal était un critère composite comprenant un accident vasculaire cérébral non mortel, un infarctus du myocarde non mortel, un traitement ou une hospitalisation pour insuffisance cardiaque, ou un décès d'origine cardiovasculaire. L'imputation multiple a été utilisée pour les données de résultats manquantes, en supposant que les données manquaient de manière aléatoire.
Résultats
Sur 12 821 patients (6 414 patients dans le groupe de traitement intensif et 6 407 dans le groupe de traitement standard) inclus de février 2019 à décembre 2021, 5 803 (45,3 %) étaient des femmes ; l'âge moyen (± ET) des patients était de 63,8 ± 7,5 ans. À 1 an de suivi, la pression artérielle systolique moyenne était de 121,6 mm Hg (médiane, 118,3 mm Hg) dans le groupe de traitement intensif et de 133,2 mm Hg (médiane, 135,0 mm Hg) dans le groupe de traitement standard. Français Au cours d'un suivi médian de 4,2 ans, des événements du critère d'évaluation principal sont survenus chez 393 patients (1,65 événement pour 100 personnes-années) dans le groupe de traitement intensif et 492 patients (2,09 événements pour 100 personnes-années) dans le groupe de traitement standard (rapport de risque, 0,79 ; intervalle de confiance à 95 %, 0,69 à 0,90 ; p < 0,001). L'incidence des événements indésirables graves était similaire dans les groupes de traitement. Cependant, l'hypotension symptomatique et l'hyperkaliémie étaient plus fréquentes dans le groupe de traitement intensif que dans le groupe de traitement standard.
Pression artérielle systolique tout au long de l’essai.
Nous avons constaté que chez les patients atteints de diabète de type 2 et présentant une pression artérielle systolique élevée, l'incidence d'événements cardiovasculaires majeurs sur une période de suivi allant jusqu'à 5 ans était significativement plus faible avec une stratégie de traitement intensif visant à abaisser la pression artérielle systolique à moins de 120 mm Hg qu'avec une stratégie de traitement standard visant à abaisser la pression artérielle systolique à moins de 140 mm Hg, avec un rapport de risque de 0,79 (IC à 95 %, 0,69 à 0,90). Les bénéfices du traitement intensif étaient constants dans tous les sous-groupes prédéfinis.
Conclusions
Parmi les patients atteints de diabète de type 2, l'incidence d'événements cardiovasculaires majeurs était significativement plus faibles avec un traitement intensif ciblant une pression artérielle systolique inférieure à 120 mm Hg qu'avec un traitement standard ciblant une pression artérielle systolique inférieure à 140 mm Hg. (Financé par le Programme national de recherche et développement clé du ministère des Sciences et Technologies de Chine et d'autres ; numéro BPROAD ClinicalTrials.gov, NCT03808311 .).
SYNTHESE
Cette source du New England Journal of Medicine présente une étude clinique randomisée, appelée BPROAD, menée en Chine pour examiner l'efficacité d'un contrôle intensif de la pression artérielle systolique (<120 mm Hg) par rapport à un traitement standard (<140 mm Hg) chez des patients atteints de diabète de type 2 et à risque cardiovasculaire élevé. Les résultats indiquent qu'un traitement intensif réduit significativement l'incidence des événements cardiovasculaires majeurs, bien qu'il soit associé à une fréquence accrue d'hypotension symptomatique et d'hyperkaliémie. L'étude conclut qu'un objectif de pression artérielle systolique plus bas pourrait être bénéfique pour cette population, tout en soulignant la nécessité d'une surveillance attentive. (NotebooKLM)
Commentaire
La tension artérielle est un réel problème dans la VRAIE VIE.
On est en général dans l'a peu près et en plus un certain nombre d'HTA ne sont pas dépistées. Telle est la situation actuelle......
Les recommandations ESC 2024 préconisent une TA à 120- 129 /70-79
Les problèmes : la compliance au traitement, trop d'arrêts intempestifs, avoir un appareil à TA (ce n'est pas toujours les cas) , enfin et surtout bénéficier du dépistage de l'HTA...... Prés de 50% des hypertendus ne savent pas qu'ils sont hypertendus, alors une sytolique à 120 : un rêve !
Mais il est important d'expliquer aux patients pourquoi il faut avoir une TA à 120 quand on est hypertendu. La correction des FDRCV aide, comme la prise des médicaments et l'activité physique.
Avoir une TA à 120 est un facteur majeur pour ne pas "délabrer" le système CV !
Une solution mieux dépister l'HTA lors de consultation de PREVENTION
Les POINTS RELAIS PREVENTION (PRP), sans oublier l'IA sont la solution
https://medvasc.info/administrator/index.php?option=com_content&view=article&layout=edit&id=3261
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