Calcifications vasculaires : less is more ?

Calcifications vasculaires : less is more ?

“Moins c'est plus.” Robert Browning

“Le secret du bonheur ne consiste pas à rechercher toujours plus, mais à développer la capacité d'apprécier avec moins.”
Dan Millman

"On ne soigne pas des maladies, mais des personnes qui ont une maladie."
d'après Gérard Reach


Prévalence, distribution vasculaire et étendue multiterritoriale de l'athérosclérose subclinique dans une cohorte d'âge moyen : l'étudePESA (Progression of Early Subclinical Atherosclerosis)
Fernandez-Friera, Leticia et Coll,(Circulation. 2015;131:2104-2113. DOI: 10.1161/CIRCULATIONAHA.114.014310.) https://www.ahajournals.org/doi/epub/10.1161/CIRCULATIONAHA.114.014310
Article libre d'accès
 
Contexte

Les données sont limitées sur la présence, la distribution et l'étendue de l'athérosclérose subclinique dans les populations d'âge moyen.

Méthodes et résultats 

L'étude PESA (Progression of Early Subclinical Atherosclerosis) a recruté de manière prospective 4 184 participants asymptomatiques âgés de 40 à 54 ans (âge moyen : 45,8 ans ;63 % d'hommes) pour évaluer l'étendue systémique de l'athérosclérose dans la carotide, l'aorteabdominale , et territoires ilio-fémoraux par échographie 2-/3-dimensionnelle et calcification de l'artère coronaire par tomodensitométrie.

L'étendue de l'athérosclérose subclinique, définie comme la présence de plaque ou de calcification de l'artère coronaire >=1, a été classée comme focale (1 site affecté), intermédiaire (2-3 sites) ou généralisée (4-6 sites) après exploration de chaque artère vasculaire.(carotides droite/gauche, aorte, ilio-fémorales droite/gauche et artères coronaires).

L'athérosclérose subclinique
était présente chez 63 % des participants (71 % des hommes, 48 % des femmes).
 
Une athérosclérose intermédiaire et généralisée a été identifiée dans 41 % des cas.
Les plaques étaient les plus fréquentes dans les ilio-fémoraux (44 %), suivis des carotides (31 %) et de l'aorte (25 %), alors que la calcification de l'artère coronaire était présente dans 18 % des cas.


Parmi les participants à faible risque sur 10 ans de la Framingham Heart Study (FHS), une maladie subclinique a été détectéec hez 58 %, avec une maladie intermédiaire ou généralisée chez 36 %.

Lorsque le risque à plus long terme a été évalué (30 ans de FHS), 83 % des participants à haut risque souffraient d'athérosclérose,dont 66 % classés comme intermédiaire ou généralisée. avec une maladie intermédiaire ougénéralisée dans 36 %.
classés comme intermédiaire ou généralisée.

Conclusion
La NBP, l'épaisseur totale de la plaque ou la surface totale de la plaque des bifurcations carotidiennes et fémorales communes fournit une meilleure prédiction de l'ASCVE future que les mesures d'un seul site. Les résultats doivent être validés dans une cohorte indépendante.


Conclusions

L'athérosclérose subclinique était très répandue dans cette cohorte d'âge moyen, avec près de la moitié des participants classés comme ayant une maladie intermédiaire ou généralisée.

La plupart des participants à haut risque de FHS avaient une maladie subclinique ;
cependant, une athérosclérose étendue était également présente chez un nombre important de personnes à faibler isque, ce qui suggère une valeur ajoutée de l'imagerie pour le diagnostic et la prévention

Illustrations

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A cet article je vais en ajouter un récent sur les clacifications artérielles


Arterial Ultrasound Testing to Predict Atherosclerotic Cardiovascular Events,
AN Nicolaides et Coll, JACC 2022, Volume 79, Issue 20, 24 May 2022, Pages 1969-1982
Échographie artérielle pour prédire les événements cardiovasculaires athéroscléreux
https://www.jacc.org/doi/10.1016/j.jacc.2022.03.352
Des études ont indiqué que la présence et la taille des plaques d'athérosclérose subcliniques améliorent la prédiction des événements cardiovasculaires athéroscléreux (ASCVE) au-delà de celle fournie par les seuls facteurs de risque conventionnels. Cependant, la contribution relative des différentes mesures échographiques et sites de mesures sur le risque d'ASCVD à 10 ans est largement inconnue.

Objectifs

Nos objectifs étaient de déterminer la performance relative de l'épaisseur intima-média carotidienne, de l'épaisseur de la plaque et de la surface de la plaque dans la prédiction ASCVD sur 10 ans lorsqu'elle est ajoutée aux facteurs de risque conventionnels, ainsi que si le territoire vasculaire de ces mesures, carotide ou bifurcation fémorale commune, et le nombre de bifurcations avec plaque (NBP) influence la prédiction.

Méthodes

Nous avons recruté 985 adultes (âge moyen : 58,1 ± 10,2 ans) sans maladie cardiovasculaire athéroscléreuse. Les facteurs de risque conventionnels ont été enregistrés et les bifurcations carotidiennes et fémorales communes ont été scannées par échographie. Le critère d'évaluation principal était un critère composite d'ASCVE mortel ou non mortel pour la première fois.

Résultats

Sur un suivi moyen ± ET de 13,2 ± 3,7 ans, une ASCVE s'est produite chez 154 (15,6 %) participants. En ajoutant différentes mesures de plaque aux facteurs de risque conventionnels dans un modèle de Cox, l'amélioration nette de la reclassification était de 10,4 % avec l'épaisseur maximale de l'intima-média, de 9,5 % avec l'épaisseur de la plaque carotide et de 14,2 % avec la zone de la plaque carotide. Il a augmenté à 16,1 %, 16,6 % et 16,6 % ( P < 0,0001) en ajoutant des mesures de 4 bifurcations : NBP, épaisseur totale de la plaque et surface totale de la plaque, respectivement.

Conclusion

La NBP, l'épaisseur totale de la plaque ou la surface totale de la plaque des bifurcations carotidiennes et fémorales communes fournit une meilleure prédiction de l'ASCVE future que les mesures d'un seul site. Les résultats doivent être validés dans une cohorte indépendante

Illustrations

1 s2.0 S073510972204565X fx1nicocoCommentaire :

Ces deux études montrent l'importance des calcifications artérielles périphériques pour l'évaluation du risque cardio vasculaire. La présence de calcifications dépistées en échographie au niveau des carotides, de l'aorte abdominale sous rénale et des axes ilio fémoraux sont très discréminants pour une évaluation simple et peu couteuse du RCV. Cette évaluation est très pertientes. Différentes recommandations sur le RCV mentionnent cette recherche.
 Mais ne pourrait- on pas faire non pas mieux mais différemment ? . Il existe le score CAROTIDO-FEMORAL qui comptabilise les plaques sur 4 sites (SCore DEPAIRON)  . Quand ce score est égal à 4, la ou le patient est à haut risque CV, validation versus le Score de Framingham. Afin d'optimiser ce score ajoutons les calcifications de l'aorte abdominale, dont on connaît notamment chez la femme les liens avec le risque CV . Le score aorto-carotido-fémoral pourrait (c'est une hypothèse) nous dispenser du CAC et donc aisément être utilisable en pratique courante. Bien sur cela reste à démontrer. Aucune valeur scientifique dans cette démarche. J'y associe le score de risque CV GSLA (suisse) ou l' échelle SCORE2  et bien entendu l'IPS. Ce calcul est à "bas coût",de réalisation rapide, non invasif et surtout fiable et utilisable partout cad dans tous les pays. Un des problèmes actuels c'est la diffusion de protocoles accessibles dans tous les pays. Il faut donc rationaliser ces examens et les rendre attractifs, aisément réalisables et surtout à, j'insiste ,  "bas coût". "Less is more and less is also low cost"........la participation des infirmières et infirmiers de pratique avancée dans la prévention  du RCV est d'actualité.

Médecine de riche ! Médecine de pauvre !..il va falloir faire un choix, celui d'une Médecine accessible au plus grand nombre.
 
Ainsi l'équation du dépistage CV  : Score AORTO-CAROTIDO-FEMORAL + RISQUE CV à 10 ans + IPS + dépistage anévrisme de l'aorte abdominale et prise de la TA est facile à mettre en oeuvre est utile ......à valider .....Les calcifications aortiques sont importantes avec en même temps le dépistage de l'anévrisme de l'aorte abdominale présent aussi chez la femme, ne l'oublions pas.
 
Quelle est alors la place du score calcique coronarien dans cette démarche ?

La plaque carotidienne était fortement associée à la présence et à l'étendue des calcifications coronaires chez les individus asymptomatiques d'une cohorte basée sur la population. La plaque carotidienne prédit les événements coronariens incidents par rapport aux scores de risque et peut être utile pour affiner la prédiction du risque chez les femmes.

L'anlyse de cet article est intéressante et notamment sa conclusion :  Evaluation of the Incremental Value of a Coronary Artery Calcium Score Beyond Traditional Cardiovascular Risk Assessment A Systematic Review and Meta-analysis, Bell Katy JL et Coll, JAMA Intern Med. Published online April 25, 2022.
https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2791663
 
"Cependant, le gain modeste peut souvent être compensé par les coûts, les taux de découvertes fortuites et les risques liés aux rayonnements. Bien que le CAC puisse jouer un rôle dans l'amélioration de l'évaluation des risques chez certains patients, les patients qui en bénéficieraient restent incertains.À l'heure actuelle, aucune preuve ne suggère que l'ajout du CAC aux scores de risque traditionnels apporte un bénéfice clinique."

JAMA Internal Medicine Editorial Less Is More April 25, 2022
Addition of Coronary Artery Calcium Scores to Primary Prevention Risk Estimation Models—Primum Non Nocere Robert J. Gallo, MD; David L. Brown, MD
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35467702/

"Les modèles d'estimation du risque clinique de maladies cardiovasculaires (MCV), tels que le score de risque de Framingham et les équations de cohorte regroupées, estiment le risque d'un premier événement cardiovasculaire à l'aide de facteurs de risque recueillis en routine : âge, tension artérielle, diabète, statut tabagique et taux de cholestérol. Ces estimations de risque peuvent être utilisées pour éclairer la prise de décision partagée avec les patients concernant l'amélioration du mode de vie, le contrôle des facteurs de risque et le traitement par statine. Étant donné que l'incertitude inhérente aux prévisions persiste, même dans les modèles bien calibrés et validés en externe, il existe un intérêt substantiel à améliorer les modèles de risque existants en incorporant des facteurs de risque non traditionnels et, en fin de compte, en réduisant les événements cardiovasculaires et la mortalité. Un score de calcium des artères coronaires (CAC) est un marqueur radiologique du degré de calcification des artères coronaires, the END ! 

La pertinence des soins a raison à mon sens. Il ne s'agit pas de faire un CAC à toutes et à tous les patients. Là encore du bon sens , du jugement clinique. Rien ne doit être systématique en matière de CAC, il faut toujours pouvoir  le justifier, finalement comme tout examen complémentaire et c'est la clinique qui reste l'élément le plus pertinent. Il faut d'autres études afin de trouver la place exacte du CAC....as usual !

Les calcifications vasculaires sont à rechercher dans le cadre de l'évaluation du risque CV, dans une démarche qui privilège, la clinique, redisons le , le bon sens clinique dans un souci de pertience des soins......demain compte tenu des difficultés économiques à venir  il va fallor faire des choix et utiliser des outis diagnostiques fiables et limiter l'empilement des exames paracliniques dont plus de la moitié sont inutiles.