« Les hommes d'État n'ont ni le temps ni l'habitude de prévoir. Ils vivent au jour le jour, tous les événements les surprennent, et les problèmes qu'ils s'efforcent de résoudre sont ceux de la veille ou de l'avant-veille, qu'ils n'ont d'ailleurs pas encore compris. » René BARJAVEL
« La sagesse, c'est de prévoir les conséquences. » Norman COUSINS
Personne dans notre pays ne peut nier le travail soutenu et intense des équipes médicales et paramédicales hospitalières ,des centres 15 et des SAMU qui ont œuvré sans relâche tout au long de la crise sanitaire .
De même personne ne peut sous estimer l’implication,dès le début de l’épidémie des médecins libéraux et notamment des praticiens généralistes qui se sont vus octroyer l’honorable titre professionnel de « MEDECINS DE PREMIERE LIGNE ».
Je me suis toujours méfié de l’attribution par nos décideurs ,quels qu’ils soient ,de qualificatifs pompeux et flatteurs :ils cachent souvent « quelque chose » qui peut s’appeler ,en la circonstance, mensonge , inconscience ou encore incohérence dangereuse.
Le manque de moyens de protection conformes et adaptés à la situation a été l’équivalent d’une mise en danger pour les généralistes.
Certes, la téléconsultation et la consultation téléphonique ont permis de limiter les risques de contamination mais des actes médicaux présentiels ont été incontournables soit à domicile soit au cabinet du médecin.
La limitation et le mode de ravitaillement en masques (déplacement du praticien dans les officines)et notamment en masques FFP2 est loin d’être en accord avec le terme PREMIERE LIGNE qui pouvait nous faire espérer de petits privilègesI
Le manque de masques FFP2 a été évident dès le début de l’épidémie ; même les infirmiers ,eux aussi en première ligne, ont souffert de recommandations insensées en défaveur du port de masques (plusieurs infirmières me l’ont confirmé ).
Actuellement ,le besoin en masques FFP2 devient moindre mais les généralistes ne sont plus prioritaires,par rapport à d’autre spécialités très exposées pour ce type de masques ;cela se comprend aisément mais toutefois ….les généralistes restent quand même en première ligne pour le dépistage et le suivi des patients Covid positifs
Cela amène une interrogation : une 2ème vague est peu probable mais si elle survient serons- nous prêts à temps en matière de moyens de protection ?
L’information donnée tout au long de la crise et l’aspect médiatico-politique ont été trop souvent déraisonnables , ne pouvant générer que de l’indignation :alors que par manque de moyens de protection des confrères ont laissé leur vie dans cette crise sanitaire, comment peut- on valider des propos tels que « c’est pas plus qu’une banale grippe » ou « c’est une simple grippette »,ou encore « les masques FFP2 ne font pas plus que les chirurgicaux », « le port de masques n’est pas encore recommandé » ……
En matière de communication ,la recherche du vedettariat a démoli le sérieux des discussions :journalistes qui se sont parés maladroitement du costume de sommités médicales ,qui sont arrivés à faire dire aux interlocuteurs ,et malgré eux ,tout et n’importe quoi ;propos et prises de positions trop empressés et irréfléchis, contradictoires, ont contribué à majorer le stress de nos patients déjà perturbés par le confinement
Tout clinicien digne de ce nom, ressent mal la mise en défaut de l’aspect humain ; l’élaboration de fiches médicales avec des critères de sélection des personnes âgées pour la poursuite ou non des traitements, a bousculé brutalement cette notion d’humanité :même dans un contexte aussi impitoyable que celui du COVID 19 le rôle du praticien ne peut et ne doit pas se limiter à cocher des cases avec un stylo ! «
ALORS ,LE POSITIF DANS TOUT CELA » me direz -vous ?
OUI , il y en a eu et heureusement :la poursuite de notre activité Covid et hors Covid contre vents et marées (nous n’avons pas attendu les directives gouvernementales pour téléphoner à nos patients dans le cadre de la surveillance d’un traitement anticoagulant ,d’un diabète ,d’une hypertension ;nous avons poursuivi nos visites à domicile auprès des patients en grande difficulté…) ;autres éléments positifs :la solidarité intra et interprofessionnelle (avant le confinement ,des chirurgiens dentistes sont venus me ravitailler en masques chirurgicaux ;tout récemment ,je viens de les dépanner en surblouses; les spécialistes se sont toujours tenus à la disposition des généralistes pour les conseiller en cas de souci pour un patient) ;et aussi :la collaboration sereine et très confraternelle avec les équipes des centre 15 ,le soutien et la mise à notre disposition constante des conseillers ordinaux départementaux ,la vigilance des syndicats médicaux et par-dessous tout la reconnaissance des patients « docteur pensez à vous ,j’imagine votre pression en ce moment… » et surtout le soutien de nos familles.
A ce jour ,les indicateurs sont très favorables ; l’arrivée d’une nouvelle vague est incertaine mais le risque est estimé faible.
Néanmoins les leçons de ce cyclone sanitaire devront être tirées.
Parmi elles ,une est certaine et doit être entendu en haut lieu :si une nouvelle phase épdémique survient ,les médecins de première ligne répondront toujours présents mais si les principes de sécurité et de précaution à leur égard font encore dangereusement défaut , à l’issue de cette deuxième vague ,ils seront certainement nombreux à décrocher !
Et #1MASQUEPOURTOUS; notre credo !