COVID 19 :  Manifestation poétique pleins de sens en réaction au  silence forcé du spectacle vivant

COVID 19 : Manifestation poétique pleins de sens en réaction au silence forcé du spectacle vivant

 

 

 

 

 

 

 

 

 











Signé Dr Joelle Laffont, Médecin Vasculaire, Toulouse

"Je suis empêché d'exercer mon art et j'en suis malheureux. J'ai besoin du public, le sentir heureux. Si je ne peux pas jouer alors je ne sers à rien..." François Morel

"Je voterai contre toutes les réductions que je viens de vous signaler et qui amoindriraient l’éclat utile des lettres, des arts et des sciences. Je ne dirai plus qu’un mot aux honorables auteurs du rapport.Vous êtes tombés dans une méprise regrettable ; vous avez cru faire une économie d’argent, c’est une économie de gloire que vous faites. Je la repousse pour la dignité de la France, je la repousse pour l’honneur de la République. » Victor Hugo

"Le théâtre est un point d'optique. Tout ce qui existe dans le monde, dans l'histoire, dans la vie, dans l'homme, tout doit et peut s'y réfléchir, mais sous la baguette magique de l'art." Victor Hugo

« Un pays sans culture est un pays mort, dépourvu d’âme ». Pierre Jourde

Mardi 16 décembre 2020 fin de journée et de toute façon avant 20 h respectant ainsi le nouveau couvre-feu, place Charles Dullin du XVIIIe arrondissement de Paris. Heureux ceux qui ont pu y être.

Les lieux de culture sont muselés, fermés par décision gouvernementale malgré le protocole sanitaire mis en place entre les deux confinements, dont aucune étude ne serait venue démontrer l'inefficacité.

Alors devant le théâtre de l'Atelier, les deux comédiens François MOREL et Jacques WEBER convoquant les symboles, ont joué des textes – de Flaubert Hugo entre autres - pour un public ravi et conquis par ce moment de partage, de rassemblement et de lutte contre l’ignorance, la stupidité.

Ce spectacle de rue à la belle étoile a été ouvert par Marc Lesage, directeur du théâtre de l'Atelier sur ces mots "Ce n'est pas un spectacle. C'est un cri dans la nuit, c'est un symbole".

Jacques Weber a récité entre autres, un discours de Victor Hugo plaidant contre une baisse du budget alloué à la culture. François Morel a lu aussi, sa propre chronique prévue vendredi sur France Inter vantant les bienfaits du théâtre sur les citoyens.

N’hésitez pas à visionner les deux comédiens en suivant les liens suivants

Crise du covid et théâtre : très beau texte de l'acteur François Morel (Paris 15/12/2020) - YouTube

Jacques Weber lit Victor Hugo (Paris 15/12/2020) - YouTube

"Je suis empêché d'exercer mon art et j'en suis malheureux. J'ai besoin du public, le sentir heureux. Si je ne peux pas jouer alors je ne sers à rien..."(François Morel)

Victor Hugo défend le budget de la culture
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EpRoz9IXUAAeT 6Discours prononcé en novembre 1848 par Victor Hugo devant l’Assemblée Nationale. (Extrait) du texte prononcé à l’Assemblée Nationale par Victor Hugo 

« Personne plus que moi, messieurs, n’est pénétré de la nécessité, de l’urgente nécessité d’alléger le budget.

J’ai déjà voté et continuerai de voter la plupart des réductions proposées, à l’exception de celles qui me paraîtraient tarir les sources même de la vie publique et de celles qui, à côté d’une amélioration financière douteuse, me présenteraient une faute politique certaine.

C’est dans cette dernière catégorie que je range les réductions proposées par le comité des finances sur ce que j’appellerai le budget spécial des lettres, des sciences et des arts.

Que penseriez-vous, messieurs, d’un particulier qui aurait 500 francs de revenus, qui consacrerait tous les ans à sa culture intellectuelle, pour les sciences, les lettres et les arts, une somme bien modeste : 5 francs, et qui, dans un jour de réforme, voudrait économiser sur son intelligence six sous ?

Voilà, messieurs, la mesure exacte de l’économie proposée. Eh bien ! Ce que vous ne conseillez pas à un particulier, au dernier des habitants d’un pays civilisé, on ose le conseiller à la France.

Je viens de vous montrer à quel point l’économie serait petite ; je vais vous montrer maintenant combien le ravage serait grand.

Ce système d’économie ébranle d’un seul coup tout net cet ensemble d’institutions civilisatrices qui est, pour ainsi dire, la base du développement de la pensée française. Et quel moment choisit-on ? C’est ici, à mon sens, la faute politique grave que je vous signalais en commençant : quel moment choisit-on pour mettre en question toutes les institutions à la fois ?

Le moment où elles sont plus nécessaires que jamais, le moment où, loin de les restreindre, il faudrait les étendre et les élargir. Eh ! Quel est, en effet, j’en appelle à vos consciences, j’en appelle à vos sentiments à tous, quel est le grand péril de la situation actuelle ?

L’ignorance. L’ignorance encore plus que la misère. L’ignorance qui nous déborde, qui nous assiège, qui nous investit de toutes parts. C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des multitudes. Et c’est dans un pareil moment, devant un pareil danger, qu’on songerait à attaquer, à mutiler, à ébranler toutes ces institutions qui ont pour but spécial de poursuivre, de combattre, de détruire l’ignorance.

On pourvoit à l’éclairage des villes, on allume tous les soirs, et on fait très bien, des réverbères dans les carrefours, dans les places publiques ; quand donc comprendra-t-on que la nuit peut se faire dans le monde moral et qu’il faut allumer des flambeaux dans les esprits ?

Oui, messieurs, j’y insiste. Un mal moral, un mal profond nous travaille et nous tourmente. Ce mal moral, cela est étrange à dire, n’est autre chose que l’excès des tendances matérielles.

Et bien, comment combattre le développement des tendances matérielles ? Par le développement des tendances intellectuelles ; il faut ôter au corps et donner à l’âme. Quand je dis : il faut ôter au corps et donner à l’âme, ne vous méprenez pas sur mon sentiment. Vous me comprenez tous ; je souhaite passionnément, comme chacun de vous, l’amélioration du sort matériel des classes souffrantes ; c’est là selon moi, le grand, l’excellent progrès auquel nous devons tous tendre de tous nos voeux comme hommes et de tous nos efforts comme législateurs.

Eh bien la grande erreur de notre temps, ça a été de pencher, je dis plus, de courber l’esprit des hommes vers la recherche du bien matériel.

Il importe, messieurs, de remédier au mal ; il faut redresser pour ainsi dire l’esprit de l’homme ; il faut, et c’est la grande mission, la mission spéciale du ministère de l’instruction publique, il faut relever l’esprit de l’homme, le tourner vers la conscience, vers le beau, le juste et le vrai, le désintéressé et le grand. C’est là, et seulement là, que vous trouverez la paix de l’homme avec lui-même et par conséquent la paix de l’homme avec la société. Pour arriver à ce but, messieurs, que faudrait-il faire ?

Il faudrait multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies. Il faudrait multiplier les maisons d’études où l’on médite, où l’on s’instruit, où l’on se recueille, où l’on apprend quelque chose, où l’on devient meilleur ; en un mot, il faudrait faire pénétrer de toutes parts la lumière dans l’esprit du peuple ; car c’est par les ténèbres qu’on le perd.

Ce résultat, vous l’aurez quand vous voudrez. Quand vous le voudrez, vous aurez en France un magnifique mouvement intellectuel ; ce mouvement, vous l’avez déjà ; il ne s’agit pas de l’utiliser et de le diriger ; il ne s’agit que de bien cultiver le sol.

L’époque où vous êtes est une époque riche et féconde ; ce ne sont pas les intelligences qui manquent, ce ne sont pas les talents, ce ne sont pas les grandes aptitudes ; ce qui manque, c’est l’impulsion sympathique, c’est l’encouragement enthousiaste d’un grand gouvernement. Je voterai contre toutes les réductions que je viens de vous signaler et qui amoindriraient l’éclat utile des lettres, des arts et des sciences. Je ne dirai plus qu’un mot aux honorables auteurs du rapport. Vous êtes tombés dans une méprise regrettable ; vous avez cru faire une économie d’argent, c’est une économie de gloire que vous faites. Je la repousse pour la dignité de la France, je la repousse pour l’honneur de la publique. »

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A relire, PAS ESSENTIEL : https://medvasc.info/1021-pas-essentiel

François Morel
https://www.franceinter.fr/emissions/le-billet-de-francois-morel/le-billet-de-francois-morel-18-decembre-2020

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François MOREL : Billet du vendredi sur France Inter le 18 décembre,
"délectation assurée"

Chacun a ses manies, chacun a son histoire.
La mienne comme d’autres est assez dérisoire

J’aime aller me vêtir vers les huit heures du soir
En prince ou en mendiant devant un auditoire. 
J’aime prendre l’habit de Tartuffe ou d’Alceste
De Ruy Blas ou d’Ubu. Je suis un palimpseste
Sur lequel sont inscrits des rôles qui s’effacent,
Dont il reste des bouts avec le temps qui passe.
J’aime aller me changer pour être un personnage
Devenir quelqu’un d’autre et vivre davantage.
J’aime aller m’affubler du nez de Cyrano,
Passer une rhingrave, une cape, un manteau.
Enfiler un costume et changer d’apparence,
Ça a moins d’intérêt en visioconférence.
Si je ne peux pas jouer, je ne sers plus à rien
Alors que mon beau-frère et ça c’est pas logique
Il peut servir la messe en habits liturgiques.
Dans sa petite paroisse, il absout les péchés
En chasuble, en soutane, j’aurais dû faire curé !
Chacun a ses usages, chacun a ses rituels,
J’ai des défauts, c’est sûr, mais je suis très ponctuel :
Jouissant de son foyer, moi je suis en coulisses.
Je récite mon texte une dernière fois,
Je salue des amis régisseurs, comédiens,
Valets de comédies, barbons ou musiciens,
Comiques, tragédiens, vedettes, figurants,
Tous en déséquilibre au bord du firmament.
Et j’attends le moment avec espoir et crainte 
Où la salle d’un coup sera enfin éteinte.
Et moi qui, dans la vie, suis un type banal,
Je soulève un public de façon colossale !
Mais depuis trop longtemps me voilà empêché
D’exercer mon art ou juste mon métier
Surtout qu’après souvent le spectacle fini
On boit quelques godets, enfin on se finit
Alors que mon cousin, le salaud, l’animal
Grâce à un rituel d’ordre pontifical
Au sein de sa paroisse et ça me désespère
Écluse les burettes, j’aurais dû faire vicaire !
On ouvre les mosquées, les temples, les églises,
Les synagogues aussi, il faut que je te dise
Les théâtres, vois-tu, comme des sanctuaires
Réunissent parfois des volontés contraires.
Certains croient dans le ciel et d’autres n’y croient pas
On ne demande rien et chacun fait son choix.
A l’orchestre, au balcon, assis dans leurs fauteuils,
Sans se mettre à genoux, ils prient et se recueillent.
Car vois-tu, un théâtre est un geste barrière
Théâtre combat les superstitions.
Un théâtre fermé est une aberration.
Je ne peux pas jouer et j’en suis malheureux,
J’ai besoin de la scène éclairée de ses feux.
J’ai besoin du public et de l’entendre rire,
Et le sentir ému et pleurer et frémir
Alors que mon papa, ne qu’est pas un méchant mec,
Rassemble ses fidèles, j’aurais dû faire évêque !

 

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511VEZCW99L. SX303 BO1204203200 http://www.pierrejourde.fr/Essais/C%27est%20la%20culture%20qu%27on%20assassine.pdf


Au spectacle, #1MASQUEPOURTOUS