"La plus grave des décisions à laquelle un chercheur risque de se trouver confronté, c'est d'avoir à acheter la machine mise au point pour le remplacer."Jean Magady Peter
(JF Schved : je n’ai aucun conflit d’intérêts dans ce domaine)
Deux types de cible : les traitements contre le virus lui-même et ceux contre ses conséquences à différents stades
1 Antiviraux
A – Remdesivir. A ce jour, le candidat le plus sérieux est le Remdesivir c’est un analogue nucléotidique, disons pour faire simple qu’il bloque la réplication du virus. Il a été essayé, sans succès sur EBOLA, mais serait efficace contre une autre maladie à un autre Coronavirus, le SRAS. Il y a plusieurs essais cliniques en cours. On attend la suite.
B - Hydroxychloroquine. Le deuxième candidat intéressant est évidemment la chloroquine ou l’hydroxychloroquine. Dans les modes d’action possible, on retrouve, comme dans le paludisme une concentration très élevée dans les globules rouges et un possible effet sur les acides nucléiques viraux, une modification du pH dans les sites cellulaires où le virus se réplique, qui aurait pour effet de freiner cette réplication et plus spécifiquement un blocage du récepteur cellulaire permettant au virus d’entrer dans les cellules (récepteurs à l’angiotensine II). A ce jour, aucun résultat clinique probant n’a été publié, ce qui ne veut pas dire que ce produit n’est pas efficace : cela veut dire, et tout le monde est d’accord là-dessus à une exception près, que l’on ne sait pas. N’oublions pas que « l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence. »
Plusieurs essais sont en cours. Entre autres : Discovery, mais qui teste sur des patients graves où l’effet antiviral, s’il existe n’est pas déterminant et un autre qui vient d’être lancé par le CHU d’Angers, baptisé Hycovid dont les résultats dans une quinzaine de jours seront à mon avis peu contestables. Attendons.
C – Ribavirine. La ribavirine est utilisée avec succès dans le traitement de l’hépatite C où est elle associée à l’interféron alpha. Elle inhibe une enzyme nécessaire à la réplication du virus ( virus synthétase). Elle est en cours d’essais cliniques. Aucune donnée à ce jour
D – Association lopinavir/ritonavir. C’est une association utilisée avec succès dans l’infection VIH (lopinavir c’est Kalextra). Est testé dans l’essai Discovery. Au risque de m’avancer, je serais étonné que cela marche. Une étude récemment publiée va dans ce sens.
E – Azithromycine. Utilisé par de rares équipes, sans argument clinique, associée à l’hydroxychloroquine
F – Enfin dans les formes graves quelques équipes injectent du plasma issu de patients guéri de COVID. A été autorisé par la FDA ( agence américaine de santé)
2 Médicaments agissant sur les conséquences
A – Tocilizumab. Probablement le produit le plus intéressant dans les formes avec détresse respiratoire. C’est un anticorps monoclonal (de synthèse donc) dirigé contre les récepteurs à l’interleukine 6 (IL6). L’IL6 est une cytokine, c’est-à-dire une substance élaborée par le système immunitaire qui intervient dans l’inflammation et qui, dans les formes grave (asphyxiques) dépasse son rôle protecteur et au contraire s’avère néfaste. Là encore des essais cliniques sont en cours, mais l’efficacité est reconnue
B – Héparine. L’héparine est un anticoagulant et une étude chinoise vient de montrer qu’elle entraînait une réduction de mortalité chez les patients auxquels elle était administrée. Une des explications est qu’elle empêche l’activation de la coagulation, dont on sait qu’elle entraîne parfois de dangereuses embolies pulmonaires chez les patients Covid. Ce produit est dans la plupart des protocoles de soins
C – Immunoglobulines. Ont été testés avec de bons résultats dans les formes sévères. Problèmes d’approvisionnement à prévoir si l’efficacité était confirmée.
D – Corticoïdes. Sont contre-indiqués chez les patients porteurs du COVID, mais utilisés dans es formes très sévères.
Conclusions : On dispose de traitements intéressants associés à toutes les mesures de réanimation pour les formes sévères, mais aucun traitement n’a démontré son intérêt dans les formes avec peu ou pas de signes cliniques, qui sont la majorité. Rappelons que 80% d’entre eux vont guérir sans complication et quinze pour cent auront des signes plus marqués, mais n’iront pas jusqu’au stade de la réanimation.