" Les liens entre le cancer du sein et les maladies cardiovasculaires sont si étroits que les femmes devraient se faire tester pour les deux en même temps." Dre Michele Turek, cardiologue à L’Hôpital d’Ottawa et à l’Institut de cardiologie de l’Université d’Ottawa
Heart. 2025 Sep 16:heartjnl-2025-325705. doi: 10.1136/heartjnl-2025-325705. Epub ahead of print. PMID: 40957672.
https://heart.bmj.com/content/early/2025/09/10/heartjnl-2025-325705
Contexte
Le risque cardiovasculaire est sous-estimé chez les femmes. De nombreuses femmes subissent une mammographie de dépistage vers l'âge mûr, période où le risque de maladie cardiovasculaire augmente. Des caractéristiques mammographiques telles que la calcification artérielle mammaire et la densité tissulaire sont associées au risque cardiovasculaire. Nous avons développé et testé un algorithme d'apprentissage profond pour la prédiction du risque cardiovasculaire à partir d'images mammographiques de routine.
Méthodes
Lifepool est une cohorte de femmes ayant subi au moins une mammographie de dépistage, reliée aux bases de données d’hospitalisation et de décès. Un modèle d’apprentissage profond basé sur l’architecture DeepSurv a été développé pour prédire les événements cardiovasculaires majeurs à partir des images mammographiques. Les performances du modèle ont été comparées à celles des modèles standards de prédiction du risque à l’aide de l’indice de concordance, comparé à la statistique C de Harrells.
Résultats
49 196 femmes ont été incluses, avec un suivi médian de 8,8 ans (IQR 7,7-10,6), parmi lesquelles 3 392 ont présenté un premier événement cardiovasculaire majeur.
Le modèle DeepSurv, utilisant les caractéristiques de la mammographie et l'âge des participantes, avait un indice de concordance de 0,72 (IC à 95 % : 0,71 à 0,73). Ses performances étaient semblables aux modèles modernes intégrant l'âge et les variables cliniques, notamment l'outil néo-zélandais « PREDICT » et les équations « PREVENT » de l'American Heart Association.
Conclusions
Un algorithme d’apprentissage profond basé uniquement sur les caractéristiques mammographiques et le risque cardiovasculaire prédit par l’âge, avec des performances comparables aux équations traditionnelles de ce risque. L’évaluation du risque établie sur la mammographie pourrait offrir une nouvelle opportunité d’améliorer le dépistage du risque cardiovasculaire chez les femmes.
Ce que l'on savait déjà sur le sujet
⇒ Les outils de dépistage cardiovasculaire sont peu utilisés chez les femmes, l'OMS présente la nécessité d'approches innovantes pour la prédiction du risque cardiovasculaire.
⇒ Des algorithmes fondés sur la calcification artérielle mammaire (CAM) visible sur les mammographies ont été développés pour la prédiction du risque cardiovasculaire ; Cependant, l'utilisation de la seule CAM présente des limites en tant qu'outil de prédiction.
Ce que cette étude apporte
⇒ Il s'agit du premier modèle d'apprentissage profond (deep learning) intégrant l'ensemble des caractéristiques et de l'architecture mammaires issues des mammographies de dépistage de routine, plutôt que la seule CAM, pour développer un outil de prédiction du risque d'événements cardiovasculaires majeurs.
Comment cette étude pourrait influencer la recherche, la pratique ou les politiques
⇒ L'impact potentiel de cette recherche réside dans l'utilisation des infrastructures et circuits de dépistage mammographique déjà existants chez les femmes pour prédire simultanément le risque cardiovasculaire, grâce à un processus automatisé « deux en un ».
RESUME GENERATIF
Cet article présente une étude sur l'utilisation d'algorithmes d'apprentissage profond pour prédire les événements cardiovasculaires à partir d'images de mammographies.
Contexte et objectif de l'étude
- La maladie cardiovasculaire est souvent sous-évaluée chez les femmes, en particulier lors des dépistages de mammographie, qui se déroulent généralement à un moment où le risque de maladie cardiovasculaire augmente.
- Les caractéristiques mammographiques, telles que la calcification artérielle mammaire et la densité tissulaire, sont associées au risque cardiovasculaire.
- L'étude vise à développer et tester un modèle d'apprentissage profond pour prédire les événements cardiovasculaires majeurs à partir d'images de mammographie.
Méthodologie
- L'étude a utilisé la cohorte Lifepool, qui comprend des femmes ayant subi au moins une mammographie de dépistage, avec des données liées aux hospitalisations et aux décès.
- Un modèle établi sur l'architecture DeepSurv a été développé pour prédire les événements cardiovasculaires majeurs à partir des images de mammographie.
- La performance du modèle a été comparée à celle des modèles de prédiction des risques standard, grâce à l'indice de concordance (C-index).
Résultats
- L'analyse a inclus 49 196 femmes, avec un suivi médian de 8,8 ans, dont 3 392 ont connu un premier événement cardiovasculaire majeur.
- Le modèle DeepSurv utilisant les caractéristiques mammographiques et l'âge des participantes a obtenu un C-index de 0,72, comparable aux modèles modernes intégrant des variables cliniques.
- Les résultats montrent que le modèle d'apprentissage profond peut prédire le risque cardiovasculaire avec une précision semblable à celle des équations de risque traditionnelles.
Conclusion
- Un algorithme d'apprentissage profond basé uniquement sur des caractéristiques mammographiques et l'âge a montré un potentiel prometteur pour la prédiction du risque cardiovasculaire.
- L'utilisation des mammographies pour évaluer le risque cardiovasculaire pourrait représenter une opportunité novatrice pour améliorer le dépistage de cette menace chez les femmes, grâce aux infrastructures existantes de détection du cancer du sein.
- Des études prospectives supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l'acceptabilité et l'efficacité économique de cette approche.
Implications pour la pratique
- L'intégration de l'évaluation du risque cardiovasculaire dans les programmes de dépistage de mammographie pourrait réduire les inégalités de genre dans la détection des risques cardiovasculaires.
- Le modèle proposé pourrait être appliqué à des populations diverses, offrant une méthode de dépistage plus accessible et efficace pour les femmes.
- L'étude souligne la nécessité d'une réévaluation des programmes de dépistage cardiovasculaire à l'échelle de la population, en tenant compte des approches alternatives.
Limitations et perspectives
- Bien que l'étude ait des forces, telles qu'une taille d'échantillon considérable et une durée de suivi, des limitations subsistent, notamment la normalisation des images et l'utilisation de données auto-rapportées pour les facteurs de risque.
- Des recherches futures devraient se concentrer sur la validation externe du modèle dans des cohortes diverses et sur l'évaluation des obstacles à son intégration dans la pratique clinique.
DÉCRYPTAGE (PERPLEXITY/IA)
Une nouvelle étude publiée en septembre 2025 démontre qu'un algorithme d'intelligence artificielle basé sur l'analyse de mammographies de dépistage peut prédire le risque d'événements cardiovasculaires chez la femme avec une précision comparable aux scores traditionnels, et ce grâce à uniquement les images et l'âge.
Méthodologie et innovation
L'algorithme de deep learning repose sur la structure complète du sein ("breast architecture") visible sur la mammographie, intégrant la densité tissulaire et les calcifications artérielles mammaires, éléments déjà associés au risque cardiovasculaire mais jusque-là sous-exploités. Les chercheurs ont entraîné leur modèle sur les données de 49 196 femmes australiennes suivies en moyenne sur 8,8 ans, dont 3392 ont eu un premier évènement cardiovasculaire majeur (infarctus du myocarde, AVC, insuffisance cardiaque…).
Performance et comparaison
La performance du modèle (C-index 0,72 ; IC 0,71-0,73) est équivalente à celle des outils classiques "PREDICT" de Nouvelle-Zélande ou "PREVENT" de l'American Heart Association, qui nécessitaient des paramètres cliniques et biologiques supplémentaires. L'un des points forts est l'utilisation de données déjà recueillies lors du dépistage du cancer du sein, ce qui permet de l'effectuer "deux-en-un" sans charge logistique additionnelle ni recueil laborieux d'antécédents médicaux.
Impact clinique et perspectives
Cette stratégie optimise l'infrastructure de santé existante et vise une meilleure identification des femmes à risque, souvent sous-diagnostiquées et sous-traitées pour la maladie cardiovasculaire, cause de mortalité majeure féminine. Les auteurs préconisent la validation sur d'autres populations et pratiques de dépistage pour généraliser ce modèle, qui pourrait transformer les politiques de prévention et de suivi.
Points clés
-
L'IA détecte le risque cardiovasculaire à partir de mammographies et de l'âge, pas d'analyses biologiques.
-
Précision équivalente aux scores traditionnels établis sur les facteurs de risque classiques.
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Permet un dépistage "2-en-1" (cancer du sein + risque cardiaque) au moment où ce dernier s'accroît.
-
Potentiel fort d'amélioration des stratégies de prévention chez la femme.
Cette étude ouvre la voie à un dépistage cardiovasculaire opportuniste à grande échelle, parfaitement adapté à la médecine préventive moderne et à l'utilisation rationnelle de l'intelligence artificielle clinique.
Concernant la question spécifique du risque cardiovasculaire en cas de découverte d'un cancer du sein, les sources consultées indiquent que l'étude considère les mammographies comme un moyen conjoint de dépistage du cancer du sein et d'évaluation du risque cardiovasculaire, mais elles ne mentionnent pas directement que la découverte d'un cancer du sein durant la mammographie augmente intrinsèquement le risque cardiovasculaire. Le modèle s'appuie sur des caractéristiques mammaires telles que la calcification artérielle mammaire et la densité tissulaire. Cependant, le cancer en soi n'est pas rapporté comme un facteur augmentant automatique le risque cardiovasculaire dans cette étude.
Ainsi, le risque cardiovasculaire prédit par ce modèle ne semble pas être spécifiquement majoré en cas de détection d'un cancer du sein lors de la mammographie. Cependant, il est lié aux caractéristiques mammaires et à l'âge qui peuvent être associés à un profil de risque cardiovasculaire.
Ce document est un article de recherche original qui examine l'utilisation de l'apprentissage profond pour prédire les événements cardiovasculaires majeurs (MACE) chez les femmes, en s'appuyant uniquement sur les images de mammographie de routine et l'âge. L'étude a analysé les données de plus de 49 000 femmes issues de la cohorte Lifepool pour développer un modèle d'apprentissage profond qui évalue le risque cardiovasculaire à partir des caractéristiques du sein. Les chercheurs ont constaté que ce modèle, qui utilise les fonctionnalités radiomiques et l'âge, offre des performances de prédiction comparables à celles des outils de risque cardiovasculaire traditionnels établis sur des données cliniques plus complexes. Les auteurs suggèrent que l'intégration de cette technologie dans les programmes de dépistage du cancer du sein pourrait fournir une opportunité efficace et automatisée pour améliorer le dépistage du risque cardiovasculaire chez les femmes. Ils soulignent l'avantage d'un dépistage « deux pour un » utilisant une infrastructure de santé existante pour mieux identifier les femmes
« à risque ».NoteBookKLM
SYNTHÈSE DE L'ÉDITORIAL : Mammography—an opportunity to optimise women’s heart health? Gemma A Figtree , Stuart M Grieve
https://doi.org/10.1136/heartjnl-2025-325705
Cet éditorial explore la possibilité d'utiliser la mammographie de routine pour évaluer le risque cardiovasculaire (CV) chez les femmes, une menace souvent sous-estimée. Les auteurs félicitent une étude antérieure qui a développé un algorithme d'apprentissage automatique capable de prédire les événements CV majeurs à partir des mammographies avec une performance comparable aux algorithmes de risque complexes existants. L'avantage principal de cette nouvelle approche est son aspect pragmatique, car elle nécessite peu de ressources supplémentaires et peut être intégrée aux visites de dépistage du cancer du sein. L'article soutient que l'utilisation opportuniste de la mammographie pourrait servir de point de contact pour sensibiliser les femmes au risque de maladie cardiaque et fournir des informations pronostiques capitales. Il suggère également d'étudier davantage le mécanisme sous-jacent de la prédiction et d'envisager des études de mise en œuvre prospective pour évaluer l'utilité clinique et la rentabilité de cet outil pour le dépistage des maladies coronariennes athéroscléreuses (CAD).NoteBookKLM
Commentaire
Et si on rajoute le dosage de la Lp(a) , ce dépistage cardiovasculaire serait parfait.
Intégrer l'évaluation du risque cardiovasculaire au décours d'une mammographie est ingénieux. Il n'est pas spécifié si le RCV est majoré en cas de cancer. Mais, cette question est importante car le cancer doit être considéré aujourd'hui comme un risque cardiovasculaire, du fait du cancer mais aussi des traitements du cancer.
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