L'impact de l'impolitesse sur la performance de l'équipe médicale : un essai randomisé

Contexte et objectifs

La iatrogénèse résulte souvent de déficiences de performance parmi les membres de l'équipe médicale. L'impolitesse ciblée de l'équipe peut être à l'origine de ces déficiences de performance, les individus exposés à un comportement impoli étant moins serviables et coopératifs. Notre objectif était d'explorer l'impact de l'impolitesse sur la performance des équipes médicales.

Méthodes

Vingt-quatre équipes de néonatologie ont participé à une simulation de formation impliquant un nourrisson prématuré dont l'état s'est aggravé de manière aiguë en raison d'une entérocolite nécrosante. Les participants ont été informés qu'un expert étranger en réflexivité d'équipe en médecine les observerait. Les équipes ont été assignées au hasard soit à l'exposition à l'impolitesse (dans laquelle les commentaires de l'expert comprenaient des déclarations légèrement grossières sans aucun rapport avec la performance de l'équipe) soit au contrôle (commentaires neutres). Les séances de simulation enregistrées sur vidéo ont été évaluées par 3 juges indépendants (ignorant l'exposition de l'équipe) qui ont utilisé des questionnaires structurés pour évaluer la performance de l'équipe, le partage d'informations et la recherche d'aide.

Résultats 

 Les scores composites de performance diagnostique et procédurale étaient plus faibles pour les membres des équipes exposées à l'impolitesse que pour les membres des équipes témoins (2,6 contre 3,2 [P = 0,005] et 2,8 contre 3,3 [P = 0,008], respectivement). L'impolitesse à elle seule expliquait près de 12 % de la variance de la performance diagnostique et procédurale. Un modèle spécifiant le partage d'informations et la recherche d'aide comme médiateurs reliant l'impolitesse à la performance de l'équipe expliquait une part encore plus grande de la variance de la performance diagnostique et procédurale (R(2) = 52,3 et 42,7, respectivement).

Conclusions

L’impolitesse a eu des conséquences néfastes sur la performance diagnostique et procédurale des membres de l’équipe de l’USIN. Le partage d’informations a atténué l’effet négatif de l’impolitesse sur la performance diagnostique, et la recherche d’aide a atténué l’effet de l’impolitesse sur la performance procédurale.

Commentaire

Article de 2015 mais d'actualité encore en 2024

Le service cible néo naéonatalogie mais on peut l'étendre aux urgences, à la gériatrie , aux EPHAD etc, en fait,  à toutes les spécialités médicales et chirurgicales

Le retour des patients sur l'impolitesse sont rares mais toujours avec les mêmes individus

Ce retour concerne  tous les soignants en  de l'ASH au Professeur  (et oui !)  

Dans toutes les professions, la politesse, le respect, la tolérance,  doivent âtre au rendez vous, c'est une exigence déontologique, c'est respecter les personnes, ne pas les agresser, ne pas les intimider.

Ces principes éthiques sont la base de l'exercice médical, nul ne peut s'en éloigner

Le médecin doit rester non pas de marbre mais au contraire réactif dans le respect des personnes, entamer le dialogue, échanger, même si on est pas d'accord

Il faut toujours vis à vis de ces attitudes, les signaler, s'expliquer, régler ce problème

Mais il faut aussi parler de la violence des patients vis à vis des soignants, aux urgences mais pas que : agressions verbales , et agressions physiques. On assiste à des confrontations intolérables , les victimes sont les soignants, c'est un poit dont nous parlerons prochainement. 

Impolitesse des soignants  et agressions par les patient fonctionnent souvent en synergie , ne pas l'oublier

"Description de l’intimidation en médecine

L’intimidation en médecine se manifeste sous beaucoup de formes, notamment par les comportements déstabilisants et les manifestations d’abus psychologique suivants :

• Agression, hostilité, cris, menaces ou intimidation
• Impolitesse ou manque de respect
• Critique, humiliation, réprimande ou démonstration de supériorité (martèlement de questions ou recherche délibérée de réponses qui dépassent le niveau de connaissances de l’étudiant) en public
• Colère ou crises incontrôlables
• Discrimination, ostracisme, exclusion ou commérage
• Comportement passif-agressif ou sarcasme
• Abus de pouvoir
• Harcèlement sexuel
• Blagues offensantes
  
  

L’intimidation peut causer du stress, de la fatigue, de l’anxiété et un épuisement professionnel, briser des relations, et mener à la dépression, à l’alcoolisme ou la toxicomanie, à un départ à la retraite hâtif et même au suicide. Elle peut nuire à l’efficacité au travail, engendrer des épisodes de présentéisme et d’absentéisme, et plomber l’estime de soi, la confiance en soi et l’esprit d’équipe. Elle peut aussi avoir un effet direct sur la sécurité des patients et la qualité des soins.

Une étude publiée en anglais dans Pediatrics Ouvre dans une nouvelle fenêtre, la revue de l’Académie américaine de pédiatrie, rapporte que les équipes malmenées par un « observateur expert » ont beaucoup moins bien performé lors d’une simulation que les équipes traitées avec respect. Elles ont échangé moins d’informations et n’ont pas demandé autant d’aide, et ont donc obtenu de moins bons résultats cliniques. Selon les résultats d’une autre enquête publiés en anglais dans le Joint Commission Journal on Quality and Patient Safety Ouvre dans une nouvelle fenêtre, 71 % des médecins et des infirmières croient qu’il y a un lien entre les comportements dérangeants et les erreurs médicales, et 27 % croient qu’il y a un lien à faire avec la mortalité des patients."

https://www.cma.ca/fr/carrefour-bien-etre-medecins/contenu/lintimidation-milieu-travail#:~:text=Description%20de%20l'intimidation%20en%20m%C3%A9decine&text=Impolitesse%20ou%20manque%20de%20respect,de%20l'%C3%A9tudiant)%20en%20public

"Le mot « éthique », lorsqu’il est appliqué aux sciences et à la médecine du vivant, semble recouvrir indifféremment « l’éthique médicale » proprement dite, c’est-à-dire l’exigence d’un certain comportement de la médecine au service du malade, et la bioéthique, qui est la mise en forme à partir d’une recherche pluridisciplinaire d’un questionnement sur les conflits de valeurs suscités par le développement techno-scientifique dans le domaine du vivant. Ces deux termes ont, du reste, des champs d’application voisins ou croisés lorsqu’il s’agit du don d’organe ou de l’assistance à la procréation."

https://shs.cairn.info/l-ethique-medicale-et-la-bioethique--9782130652137?lang=fr

A RELIRE
CODE DE DEONTOLOGIE MEDICALE
https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/codedeont.pdf