"Tout être différent, sortant de la norme, est considéré comme fou."Eric Cantona
Partie 1
A la fin du confinement, nous aurons :
• Les cheveux longs (hormis, hélas, les chauves comme moi) faute d’avoir pu nous rendre chez le coiffeur durant ces longues semaines (ou mois, ou années…)
• Les mollets atrophiés, faute d’avoir pu marcher ou courir pendant tout ce temps
• Les yeux rougis d’avoir trop regardé la télévision à l’affut des rares bonnes nouvelles ou pour nous ébaubir du pitoyable spectacle des gourous de tous poils (et cheveux) qui savent tout, ont tout prévu, et sont plus intelligents que ceux qui préfèrent se taire car ils savent, eux, l’étendue de leur ignorance
• Le ventre rond d’avoir grignoté sans faire autant d’exercice que nécessaire
• Les doigts spatulés d’avoir trop tapoté sur notre téléphone portable
Mais nous aurons appris (j’ose l’espérer) :
• Que la santé de tous est l’affaire de chacun, et que la santé de chacun est l’affaire de tous. Laisser certains sans couverture - maladie ou sans accès aux soins – ici ou partout ailleurs dans le monde – compromet la santé de tous, y compris ceux qui s’imaginent être à l’abri « parce qu’ils ont les moyens ».
• Que gouverner, c’est prévoir : Ignorer ou minimiser le risque – qu’il s’agisse du climat ou de la santé – parce que le prendre en compte nuirait aux « affaires » est grave, et tous les groupes de pression et Lobbies portent une lourde responsabilité à cet égard. A ce propos, les armuriers restent ouverts aux USA malgré le confinement car ils vendent des objets « de première nécessité ». Cela en dit long sur l’état de cette société…
• Que gouverner, c’est aussi choisir : Lorsque les connaissances sont incomplètes, lorsque les données factuelles disponibles sont limitées ou biaisées, lorsque les avis sont divers, voire contradictoires, les responsables déterminent, en leur âme et conscience, ce qui leur semble dans l’intérêt public. Ceux qui font de la critique et du dénigrement systématique leur fonds de commerce compromettent l’efficacité des choix politiques non pas parce que ces choix sont intrinsèquement mauvais, mais parce qu’ils ne peuvent porter leurs fruits que s’ils sont suivis par tous, sans exception. Une distanciation sociale parfaitement respectée pourrait être très efficace si des « esprits forts » ne s’estimaient plus intelligents que tous, ou mieux prémunis. Il en est de même pour le confinement. Il est vrai que l’intelligence est la chose la mieux répartie dans le monde car chacun pense en avoir plus que son prochain ou, selon les mots de Georges Brassens : « pour reconnaître que l’on n’est pas intelligent, il faudrait l’être ». Il est trop facile d’argumenter, a posteriori, de l’échec d’une politique alors que l’on a délibérément fait obstacle à sa mise en place !
• Qu’il est plus facile d’accuser « l’autre », de trouver un bouc émissaire, de désigner un ennemi, que de changer quoi que ce soit à son propre mode de vie, alors que c’est par les gestes et le comportement de chacun, à son niveau et selon ses responsabilités, que peuvent être surmontées de telles épreuves, qu’il s’agisse de santé publique ou de menaces climatiques.