Le Président, son prompteur et sa plume

Le Président, son prompteur et sa plume

"Tout acte manqué est un discours réussi." Jacques Lacan

"Le discours est le visage de l'âme." Sénèque

"Le bonheur c'est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles." Indira Gandhi


Ce qui est fantastique c'est qu'avec la parole on peut dire n'importe quoi car la parole n'est que le reflet d'une pensée à laquelle on veut donner du poids ou non ou totalement s'en éloigner . D'autant plus que le discours lu sur un prompteur, est le plus souvent écrit pour le Président par une "plume" officielle.
plimes pouvoir
Entre la parole et l'action, il y a une immensité faite de vide, de chaos, de silence , de réflexion, et d'attentisme. Si on étudie les discours des chefs d'état on assiste à un spectacle permament :il y a les logorrhéiques, les hésitants, il y a les prêcheurs (le nôtre),  il y a ceux des longueurs d'une "lenteur monotone"  (le nôtre), il y a des mensonges, des colères, des divagations hors propos, des silences plein de sous entendus , des omissions etc.  Mais de la parole aux actes le chemin est souvent long, semé d'embûches, d'obstacles,et c'est la confrontation à la réalité qui le plus souvent fait que l'acte est soit manqué, soit brillant, soit de demi mesure, soit enfin et souvent absent . La "'plume" doit avoir des rapports fusionnels avec le Président , car elle doit être ce qu'il pense et jamais ce qu'il ne pense pas,  et en même temps ne pas écrire ce qu'il pense selon ses désirs.La déconnexion qui existe de plus en plus entre les paroles et les actes est délétère. Mais pour comprendre ce qui se passe au niveau  de la parole il faut tenir compte de la formation de celui qui parle.Un littéraire va vagabonber, un philosophe va devenir vite incompréhensible, un acteur s'écoute parler, un scientifique est précis et utilise peu de mot. Le prompteur devient le compagnon du Président et il sait que s'adressant à lui, il ne suscitera aucune question. Le discours de Jupiter était un monologue, face à son prompteur préféré, les 2 premières minutes ont été très claires avec décisions à la clef immédiates et  puis autosatisfaction sur la gestion de la crise !. Enfin  comme d'habitude il s'est éloigné du terrain pour nous emmener nulle part. La confrontation avec des interlocuteurs quelqu'ils soient fait défaut, le dialogue permet toujours d'aller plus loin, l'absence de ce dialogue est une protection très articificielle et temporaire . Afin de montrer à Jupiter ce qu'est le verbe voici  un exemple de la parole où avoir de la verve signifie quelque chose, la tirade du Nez de Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostang.  Cyrano répond au Vicomte de Valvert qui le provoque en lui disant :"Vous…. vous avez un nez… heu… un nez… très grand. » La provocation celle qui manque à Jupiter est souvent la meilleurs manière d'aller au delà de la pensée et d'en extraire la substantifique moëlle chère à Rabelais. Mais cette substantifique moëlle n'existe pas chez Jupiter il s'essaye régulièrement à vouloir marcher dans les pas des uns et des autres , le plus récent le Général de Gaulle, erreur historique mais comme l'histoire va être réécrite par Sibeth, tout reste possible.......

J'ai demandé à sa Professeur de théâtre préférée , Brigitte , de frapper les trois coups  : Monsieur le Président respirez et lâchez vous ......enfin !

Cyrano
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Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme…
En variant le ton, – par exemple, tenez :
Agressif : « Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »
Amical : « Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »
Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »
Curieux : « De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétunez,
La vapeur du tabac vous sort-elle du nez
Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »
Prévenant : « Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : « Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : « L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampéléphantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »
Cavalier : « Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »
Emphatique : « Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »
Dramatique : « C’est la Mer Rouge quand il saigne ! »
Admiratif : « Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »
Lyrique : « Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »
Naïf : « Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : « Souffrez, monsieur, qu’on vous salue,
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »
Campagnard : « Hé, ardé ! C’est-y un nez ? Nanain !
C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »
Militaire : « Pointez contre cavalerie ! »
Pratique : « Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »
– Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit
Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit
Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.

#1MASQUEPOURTOUS, pour cache-nez !