La FAIM

La FAIM

“La faim justifie les moyens, mais on a rarement les moyens quand on a faim.” Jacques Sternberg

“Les hommes sont comme les lions, comme toutes les bêtes, comme tous les êtres vivants. La faim les rend féroces. Et qu'est-ce que la pauvreté, sinon une faim généralisée ?" Michel Tournier

"Les guerres du XXIe siècle auront l'eau pour enjeu." Cette déclaration péremptoire lancée en 1995 par Ismaïl Serageldin, alors vice-président de la Banque mondiale, a connu un grand retentissement. Dès les années 80, la CIA elle-même identifiait une dizaine de zones "à conflit hydrique"......

La pandémie a tué à ce jour plus de 700 000 personnes. Elle est à l'origine d'un écroulement économique mais aussi d'une augmentation massive de la précarité. La faim dans le monde augmente régulièrement et encore plus aujourd'hui du fait même de la pandémie
. Aujourd'hui 868 millions de personnes ne mangent pas à leur faim, mais Covid aidant ce chiffre est en train d'augmenter. Même aux USA les files d'attente devant les banques alimentaires sont de plus en plus importantes. Le Liban du fait de l'explosion récente, du fait du marasme économique et du covid meure de faim. Les exemples sont multiples y compris en France. Mais on n'en parle pas....... ça dérange.......

7753325835 le rapport de la fao sur l etat de l insecurite alimentaire dans le mondeJ'ai choisi en  introduction  à la faim , un cours du Pr Ismail SERAGELDIN donné au Collège de France en 2011, afin d'avoir une réflexion appropriée sur ce sujet, un sursaut serait le mot le plus exact.

Ismaïl Serageldin (إسماعيل سراج الدين, né en 1944 à Gizeh en Égypte) est un économiste égyptien.Serageldin est le directeur de la Bibliotheca Alexandrina et des sept instituts de recherche et musées qui lui sont affiliés. Il a été membre du Conseil consultatif égyptien (Majlis Al-Shura). Il est professeur émérite à l'université de Wageningen aux Pays-Bas. Il a été professeur invité au Conservatoire national des arts et métiers en 1999

Il a été  professeur titulaire de la chaire annuelle « Savoirs contre pauvreté » au Collège de France en 2010-2011. Serageldin parle arabe, anglais et français.

La faim et la sécurité alimentaire dans le monde (extrait)
Chaire Savoirs contre pauvreté, année académique 2010-2011

« Pourquoi ce cours, pourquoi ce sujet ? Parce qu’en occident, on s’est tellement habitué à faire bonne chère qu’on a largement oublié les famines. La dernière vraie famine qui ait frappé l’Europe est sans doute la famine irlandaise, au xixe siècle, qui a causé la mort d’un grand nombre de personnes et provoqué une émigration massive. Mais la famine continue à frapper les gens dans d’autres parties du globe. La famille humaine continue à souffrir de la faim quotidiennement. Alors que l’on affronte de grands problèmes d’obésité aux États-Unis, ailleurs, c’est de la pauvreté que l’on parle. Je dis que si, au xixe siècle, des hommes ont considéré la condition de l’esclavage et se sont levés pour dire que c’était indigne et inhumain et qu’il fallait abolir l’esclavage – ce sont les abolitionnistes –, aujourd’hui, au xxie siècle, dans un monde productif, connecté et riche, il est impensable que près d’un sixième de la famille humaine ne puisse pas manger à sa faim.

À une époque où tant de gens jettent aux ordures les surplus de leurs repas, dans d’autres parties du monde, on ne trouve pas de quoi manger. Que pouvons-nous faire ? Pour abolir la faim au xxie siècle, il faut montrer la même passion que l’on avait montrée au xixe siècle pour abolir l’esclavage.

Dans cette leçon inaugurale, je voudrais me livrer à un tour d’horizon pour évoquer brièvement presque tous les sujets qui seront traités plus en détail dans chacune des leçons qui constitueront le cours.

J’évoquerai tour à tour les thèmes suivants :

  • la faim et la sécurité alimentaire,

  • diagnostiquer la pauvreté

  • la faim et la pauvreté urbaine,

  • la faim et la pauvreté rurale,

  • la dimension du genre,

  • la dimension environnementale,

  • le rôle de la science,

  • les instruments permettant de réaliser nos objectifs : prix, taxes, subventions et commerce,

  • la transformation de l’agriculture mondiale.

Comment se fait-il qu’aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes souffrent de malnutrition chronique. La grande majorité d’entre eux se trouve en Asie et dans le Pacifique (642 million), mais leur nombre est en train de s’accroître en Afrique subsaharienne (265 millions). Parmi les spécialistes, l’opinion dominante est que l’Afrique subsaharienne demeure beaucoup plus vulnérable que l’Asie : c’est là que le problème va s’accroître dans les années à venir.

En regardant la carte du monde de la faim et des carences chroniques en nourriture publiée en 2010 par la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, on constate qu’elle correspond à peu de chose près à la carte des revenus par habitant. Ceux qui ont faim, ce sont les pauvres : c’est aussi simple que cela, en première analyse. Or l’Afrique subsaharienne, comme je l’ai indiqué, demeure la région la plus vulnérable, mais c’est aussi celle où l’on peut s’attendre à la plus grande croissance démographique. Dans des zones très étendues de cette région, on s’attend à un dédoublement de la population d’ici 2050, c’est-à-dire dans une quarantaine d’années.

Il est désolant de constater que tous nos efforts, depuis la fin des années 1960, n’ont presque pas changé la situation de la faim dans le monde. Le nombre de personnes qui ont faim a augmenté après la flambée des prix de 2002, et se trouve aujourd’hui très au-dessus des objectifs que nous nous étions fixés en 2000, au moment où nous nous sommes engagés à réduire la pauvreté de moitié. Partant de 850 millions, nous voulions arriver en 2015 à réduire à 425 millions le nombre de personnes qui ont faim : en réalité, bien loin de diminuer, le chiffre de départ a augmenté et la faim dans le monde s’est étendue. »

L’origine de la faim dans le monde n’est pas liée à un manque de nourriture.

Condorcet, contrairement à Malthus, croyait que l’ingéniosité humaine serait capable de satisfaire les besoins alimentaires d’une population croissante et que l’humanité ne serait plus soumise au cycle infernal des famines. 

Il avait raison. Personne ne pouvait imaginer alors que notre planète serait capable de satisfaire aujourd’hui les besoins de six  milliards d’êtres humains. 

C’est pour dégager des réponses aux questions brûlantes de l’alimentation et plus avant, de la faim dans le monde en prélude au G8/G20, que s’est tenue au Collège de France les 19 et 20 mai 2011, dans le cadre de la chaire Savoirs contre pauvreté soutenue par l’AFD (Agence française de développement), une conférence internationale sur le thème « abolir la faim», sous la direction du Pr Ismail Serageldin et en présence de spécialistes de la question venus du monde entier.

Des conditions politiques et climatiques avérées

Si un milliard de personnes souffrent encore de la faim, c’est principalement du fait de politiques mal adaptées. Les régions du monde où sévit la malnutrition se superposent à celles où règnent des conflits et où l’État est défaillant. Les changements climatiques augmentent encore davantage la vulnérabilité des petits agriculteurs. Alors que la fréquence des catastrophes naturelles s’accentue, leur impact économique, social et environnemental se révèle de plus en plus important. Au-delà des actions d’urgence, essentielles pour porter secours aux victimes, la sécurité alimentaire exige des réformes de long terme, à la fois profondes et globales. Elles touchent aussi bien à la production, la distribution, les prix des denrées, la recherche et le développement.

Ainsi, l’augmentation des prix de la nourriture est souvent brutale et non prévisible. Les plus pauvres n’ont en général ni les capacités d’organisation ni les moyens financiers d’anticiper la variabilité des prix. La mise en place, au niveau international, de mécanismes de stabilisation des prix des matières premières est donc essentielle. Elle passe notamment par l’établissement de stocks de céréales. Alors que la politique de subventions des pays riches à leurs propres agricultures crée des distorsions sur les marchés, il faut aussi développer des politiques de commerce plus loyales vis-à-vis des pays les plus pauvres. 

Un changement politique, économique et social nécessaire

Face aux nouveaux enjeux du changement climatique, la recherche agronomique mérite d’être considérée comme un bien public mondial. Ses bénéfices doivent avant tout aller à ceux qui l’utilisent, et à ceux qui produisent les denrées. Il faut davantage de recherche au Sud pour soutenir la petite agriculture au Sud. De nouvelles règles de régulation doivent être instaurées pour mettre fin au monopole des grandes entreprises agro alimentaires et permettre l’émergence d’entreprises locales capables de produire des génériques et des semences pour le marché local.

La connaissance et son partage sont aussi essentiels pour lutter contre la faim. Dans le monde entier, des agriculteurs, et des entrepreneurs inventent de nouvelles pratiques agricoles, créent de nouveaux savoirs qui permettent de sortir de la pauvreté. Pourtant, ces savoirs sont loin d’être tous transmis et diffusés. Le système d’intensification de la culture du riz mis en pratique à Madagascar, qui permet de doubler la production, pourrait ainsi s’implanter en Afrique. Encore faut-il que cette pratique soit connue. Il faut encourager la création de plates-formes numériques d’échange des bonnes pratiques.

La bataille contre la faim ne sera gagnée que si les pertes de nourriture tout au long de la chaîne de production et de distribution sont réduites au maximum. Cela nécessite l’amélioration des moyens de stockage, de conservation, et de transport. L’agriculture vivrière des pays les plus pauvres doit être réhabilitée et devenir complémentaire d’une agriculture d’exportation, et prioritaire par rapport à elle.

L’amélioration de la productivité des petites exploitations familiales, seule solution durable pour sortir de la pauvreté des centaines de millions d’agriculteurs, passe enfin par un changement des politiques agricoles menées par de nombreux pays. L’agriculture ne redeviendra une priorité que si les pays développés respectent leurs engagements concernant l’aide internationale. 

L’éradication de la faim n’est pas une utopie. Des solutions existent. Ce sujet doit être placé au plus haut dans l’agenda international. C’est plus que jamais une cause d’intérêt universel.

Si on re-contextualise le problème de la faim dans le monde et son aggravation par la pandémie actuelle on voit que la bascule vers son aggravation depend aussi de phénomènes imprévisibles. Mais la faim dans le monde est déjà une réalité  et elle s'aggrave régulièrement, la Covid-19 en est un accélérateur comme elle accélère la PRECARITE, précarité et faim sont très étroitement liées.

Seule la solidarité au niveau mondial pourra réduire la faim dans le monde 

Est ce que vraiment tout ceci est pris en compte ? NON......Pourtant la pandémie actuelle est l'occasion de mettre ce problème de la faim et de la précarité au premier plan et de s'en occuper. C'est une URGENCE VITALE ! Qui en est conscient ? Les politiques sont ils sensibiliser à ce problème. Ils devraient l'être car faim et précarité sont une bombe  à retardement en puissance, ne l'oublions pas ! Les révoltes attisées par la faim ont été nombreuses...et l'histoire se répète.......

#1MASQUEPOURTOUS....gratuit quand on a faim....