Métabolisme lipidique chez la femme

 
 
 "La ménopause n’est pas une maladie, c’est une étape de la vie." Françoise Giroud

"La ménopause, c’est la fin d’un cycle, mais le début d’une nouvelle liberté." Citation anonyme,
 
  • "La ménopause, c’est le moment où la femme devient enfin elle-même." Simone de Beauvoir


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van Oortmerssen JAE, Mulder JWCM, Kavousi M, Roeters van Lennep JE.
Lipid metabolism in women: A review. Métabolisme lipidique chez la femme : une revue
Atherosclerosis. 2025 Jun;405:119213. doi: 10.1016/j.atherosclerosis.2025.119213. Epub 2025 Apr 24. PMID: 40300433.

La transition ménopausique, caractérisée par l'arrêt des menstruations dû au déclin de la fonction folliculaire ovarienne, entraîne une chute importante du taux d'œstrogènes endogènes.

Cette phase est associée à des modifications métaboliques significatives et à un profil lipidique plus athérogène.

On observe notamment une augmentation du cholestérol total, du cholestérol LDL et des triglycérides, ainsi que des variations défavorables du cholestérol HDL et de la lipoprotéine (a).


Ces modifications lipidiques, qui contribuent à un risque accru de maladies cardiovasculaires athéroscléreuses, sont influencées par la diminution du taux d'œstrogènes et le vieillissement chronologique.

Cependant, les mécanismes précis à l'origine de ce risque accru restent encore mal compris. Une compréhension approfondie de ces altérations du profil lipidique est essentielle pour élaborer des stratégies de réduction du risque cardiovasculaire chez la femme.

Cette revue offre un aperçu de l'impact de la transition ménopausique sur le métabolisme lipidique et de ses conséquences sur le risque cardiovasculaire.
 
 
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Points forts


  • La transition ménopausique, caractérisée par l'arrêt des menstruations et la chute du taux d'œstrogènes, est associée à des modifications métaboliques et à un risque accru de maladies cardiovasculaires athéroscléreuses. Approfondir les connaissances sur le métabolisme lipidique et les mécanismes sous-jacents à la dyslipidémie est essentiel pour améliorer les stratégies de prévention et de prise en charge.
 
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Taux de cholestérol LDL (LDL-C), de cholestérol HDL (HDL-C) et de triglycérides au cours de la vie chez les femmes et les hommes. Source : Holven et al.  Balder et al. 


Lipoprotéine (a)

Les taux de Lp(a) augmentent avec l'âge chez les femmes comme chez les hommes . Une méta-analyse récente suggère que la ménopause pourrait élever les taux de Lp(a), mais il n'est pas encore établi si cette augmentation est due à la ménopause elle-même ou au vieillissement chronologique, aucune différence n'ayant été observée entre les femmes préménopausées et postménopausées du même âge . Dans une étude menée au Danemark auprès de la population générale, les hommes ont présenté une augmentation progressive des taux de Lp(a), tandis que les femmes ont connu une hausse supplémentaire autour de 50 ans. L'ajustement pour l'œstradiol a atténué l'augmentation de la Lp(a) liée à l'âge chez les femmes, mais pas chez les hommes, a révélé des taux de Lp(a) plus élevés chez les femmes ne suivant pas de traitement hormonal de la ménopause (THM) et a mis en évidence une augmentation spécifique de la Lp(a) après la ménopause, coïncidant avec une baisse marquée de l'œstradiol . Ainsi, cette étude suggère que la diminution de l'œstradiol plasmatique explique en partie l'augmentation de la Lp(a) plasmatique chez les femmes de plus de 50 ans et après la ménopause. Des études expérimentales menées sur des souris transgéniques porteuses du gène humain de l'apo(a) ont montré que les œstrogènes peuvent diminuer l'expression de l'apo(a) au niveau de l'ARNm dans le foie, entraînant une baisse des taux plasmatiques de Lp(a) et une réduction de l'impact vasculaire. La diminution des œstrogènes pendant la ménopause pourrait donc lever cet effet inhibiteur, induisant une augmentation des concentrations de Lp(a). De nombreuses études ont ainsi démontré que les femmes ménopausées sous THS présentent des taux de Lp(a) significativement plus faibles que celles ne suivant pas de THS , les méta-analyses montrant des réductions moyennes de 20 à 25 % . Par ailleurs, une étude a révélé que les femmes ayant subi une hystérectomie avec ovariectomie bilatérale présentaient des taux de Lp(a) plus élevés après l'intervention, contrairement à celles ayant subi une hystérectomie avec ovariectomie unilatérale . Ainsi, la perte de production d’hormones sexuelles ovariennes est associée à une augmentation des niveaux de Lp(a) 

Conclusion

Les femmes présentent un profil lipidique plus athérogène que les hommes, de la petite enfance au début de l'âge adulte, puis de nouveau de l'âge mûr à la vieillesse. Ce n'est que durant la période préménopausique, de 20 à 50 ans, que leur profil lipidique est plus favorable. Lors de la transition ménopausique, les femmes subissent des modifications importantes de leur métabolisme lipidique, notamment une augmentation du cholestérol total, du cholestérol LDL et des triglycérides , ainsi que des altérations défavorables des taux de cholestérol HDL et de Lp(a). Ces modifications, influencées par la baisse des taux d'œstrogènes et les fluctuations hormonales, contribuent à un risque accru de maladies cardiovasculaires athéroscléreuses (MCVA) chez les femmes ménopausées. Une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents à ces altérations du profil lipidique est essentielle pour élaborer des stratégies ciblées visant à réduire le risque de MCVA chez les femmes.

RESUME GENERATIF 

Cet article examine les changements du métabolisme lipidique chez les femmes pendant la transition ménopausique et leurs implications pour le risque de maladies cardiovasculaires.

Métabolisme lipidique et ménopause

    • * La transition ménopausique entraîne une diminution significative des niveaux d'œstrogènes, ce qui modifie le profil lipidique des femmes, augmentant le cholestérol total, le cholestérol LDL et les triglycérides, tout en altérant le cholestérol HDL et les niveaux de lipoprotéine(a).
    • * Ces changements lipidiques, associés à un risque accru de maladies cardiovasculaires athérosclérotiques (ASCVD), sont influencés par l'âge et la diminution des œstrogènes, mais les mécanismes exacts restent mal compris.
    • * Comprendre ces altérations est crucial pour développer des stratégies de réduction du risque cardiovasculaire chez les femmes.

Profil lipidique lors de la vie

    • * Les niveaux de lipides varient entre les sexes et évoluent au cours de la vie. Les filles présentent des niveaux de cholestérol plus élevés que les garçons après la petite enfance.
    • * Les femmes préménopausées ont un profil lipidique plus favorable que les hommes, avec des niveaux plus élevés de HDL et plus bas de LDL.
    • * Pendant la grossesse, les niveaux de lipides augmentent considérablement, ce qui peut avoir des conséquences sur la santé maternelle et infantile.
    • * Après 50 ans, les femmes connaissent une augmentation marquée du cholestérol LDL, dépassant celle des hommes, et les niveaux de lipoprotéine(a) augmentent également.

Changements lipidiques durant la transition ménopausique

    • * Des études, comme le SWAN, montrent que les niveaux de HDL peuvent rester stables ou augmenter, mais la fonction et la distribution des sous-classes de HDL se détériorent, avec une augmentation des petites particules HDL moins efficaces.
    • * Les niveaux de LDL augmentent de 30 à 50 % pendant la transition ménopausique, avec une augmentation progressive observée principalement durant la périménopause tardive et la postménopause.
    • * Les mécanismes sous-jacents incluent une réduction de la clairance plasmatique des particules LDL et une élévation des niveaux de PCSK9, qui dégrade les récepteurs LDL dans le foie.

Lipoprotéine (a) et risque cardiovasculaire

    • * Les niveaux de lipoprotéine (a) augmentent avec l'âge, et une élévation supplémentaire est observée chez les femmes autour de la ménopause, potentiellement liée à la baisse des niveaux d'œstrogènes.
    • * Les études montrent que les femmes postménopausées qui reçoivent une thérapie hormonale présentent des niveaux de lipoprotéine (a) significativement plus bas.

Hormones sexuelles et métabolisme lipidique

    • * Les variations des hormones sexuelles influencent les lipoprotéines sériques et contribuent au développement de l'ASCVD.
    • * L'œstradiol joue un rôle clé dans la régulation des lipides, et sa diminution postménopause est associée à des altérations de la fonction vasculaire et à une inflammation accrue.
    • * D'autres hormones, comme la testostérone et l'hormone folliculo-stimulante (FSH), sont également impliquées dans la régulation des niveaux lipidiques et le risque d'ASCVD.

Thérapie hormonale ménopausique (THM)

    • * Le THM peut réduire les niveaux de cholestérol LDL de 3 à 22 % et augmenter les niveaux de HDL et de triglycérides, mais il  n'est pas recommandé pour la prévention primaire ou secondaire de l'ASCVD en raison de risques potentiels.
    • * Des études comme la WHI ont soulevé des préoccupations concernant les risques cardiovasculaires associés à la THM, mais des recherches ultérieures suggèrent que les bénéfices peuvent dépendre de l'âge d'initiation de la THM.
    • La "théorie du timing" propose que la THM pourrait être bénéfique si elle est commencée peu après la ménopause.

 

Conclusion

    • Les femmes présentent un profil lipidique plus athérogène à différents moments de leur vie, notamment pendant et après la ménopause.
    • Les changements dans le métabolisme lipidique, influencés par la diminution des œstrogènes, augmentent le risque d'ASCVD. Une meilleure compréhension de ces mécanismes est essentielle pour développer des stratégies ciblées visant à réduire ce risque.

SYNTHESE / NOTEBOOKLM
Cet article est une revue détaillée portant sur le métabolisme lipidique chez la femme et ses implications pour le risque de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse (MCVA). L'article explique que les profils lipidiques varient distinctement chez la femme tout au long de la vie, étant plus favorables durant la période préménopausique qu'en enfance ou après la cinquantaine. Un point central de la revue est la transition ménopausique, caractérisée par une baisse des œstrogènes, qui entraîne un profil lipidique plus athérogène, incluant des augmentations du cholestérol total, du LDL et des triglycérides. La revue aborde également l'influence des hormones sexuelles comme l'estradiol et la FSH sur les lipoprotéines et examine les données contrastées concernant la thérapie hormonale de la ménopause (THM). En conclusion, les auteurs insistent sur l'importance de comprendre ces changements pour élaborer des stratégies ciblées afin de réduire le risque de MCVA chez les femmes postménopausées.

Commentaire
Le CŒUR des FEMMES doit être une préoccupation médicale permanente. A la préménopause, surtout si elle est précoce, quelle que soit l'âge, est  OBLIGATOIRE : contrôle cardiologique et vasculaire périphérique. Les rendez-vous dans ce contexte, s'ils sont espacés d'un an ou plus, "sont dangereux" pour toutes les femmes. La chasse aux facteurs de risque CV doit être méthodique. L'article commenté ci-dessus objective parfaitement une dyslipidémie ménopausique. Attention, cela n'entraine pas obligatoirement la mise en place d'un THM. Prescrire un THM est un acte lourd de conséquences dans un sens ou dans un autre, il  s'agit donc d'une consultation qui prend du temps, l'écoute est importante, notamment les souhaits de patientes. 


Voici un tableau synthétique présentant les avantages et inconvénients du traitement hormonal de la ménopause (THM) pour faciliter la décision OUI ou NON/PERPLEXITY.

CritèreOUI (Avantages)NON (Inconvénients/Risques)
Soulagement des symptômes Efficace contre bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, sécheresse vaginale, troubles du sommeil et de l’humeur  Effets secondaires possibles tels que nausées, ballonnements, migraines 
Protection osseuse Réduit significativement le risque d'ostéoporose et fractures  Risque d’effets indésirables liés à la durée du traitement et dosage 
Qualité de vie Améliore la qualité de vie globale des femmes ménopausées  Certaines femmes ne supportent pas le traitement ou ont des contre-indications 
Risques cardiovasculaires Variable selon type et voie d'administration (patchs moins risqués), surveillance nécessaire 
Peut augmenter le risque de caillots sanguins, infarctus, AVC selon les cas 
CAS PAR CAS​
Risque de cancer mammaire Pas augmenté avec progestérone naturelle (molécule identique à l'hormone humaine)  Augmentation légère avec certains types de progestatifs synthétiques 
Durée et surveillance Utilisation recommandée à courte durée, surveillance régulière ++++ indispensable , MAX 10 ans voire moins  Utilisation prolongée peut accroître les risques 

En résumé, le traitement hormonal de la ménopause est un choix à faire au cas par cas. Il est recommandé principalement pour les femmes ayant des symptômes sévères et un impact négatif significatif sur leur qualité de vie. Il nécessite une évaluation médicale attentive des bénéfices et risques individuels, une prescription adaptée (type d’hormones, voie d’administration, durée) et un suivi régulier. Le traitement n’est pas systématique et peut ne pas convenir à toutes

IMPORTANCE du  BILAN CARDIO VASCULAIRE complet +++++
ATTENTION aux ATCDS de MTEV , de THROMBOPHILIE, de DYSLIPIDEMIE FAMILIALE,de STRESS PSYCHOLOGIQUE, de SEDENTARITE, de CANCER, un examen clinique complet s'impose.



À CONSULTER


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AGIR POUR LE CŒUR DES FEMMES / Le site des femmes 
https://www.agirpourlecoeurdesfemmes.com/

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