Médecine : il y a URGENCE
Dans une tribune signée par 105 professionnels de la santé, le collectif transpartisan Électrochoc propose une série de mesures afin de remédier au problème de pénurie des soins.
"À l’heure où la société française est confrontée à de gigantesques défis (vieillissement de la population, innovations technologiques, pathologies émergentes, etc.), nos concitoyens se retrouvent dotés d’un système de santé proche de l’effondrement (difficultés d’accès aux soins, déserts médicaux, ruptures d'approvisionnement de médicaments), ce qui induit une perte de chance pour leur santé.
Le collectif Électrochoc, créé en réaction à cette situation, lance une nouvelle alerte. Transpartisan et humaniste, ouvert à tous ceux qui ont souhaité rejoindre ce combat, il fédère des personnes issues de la société civile : professionnels de santé libéraux et hospitaliers, directeurs d'établissement de santé, économistes de la santé, professeurs d’université, usagers, etc. Il s’est donné pour mission de proposer et mettre en débat des solutions fortes, concrètes, voire radicales, que la situation d’urgence impose.
MODIFIER EN PROFONDEUR LE SYSTÈME
Car le problème ne se résume pas à une « simple » pénurie de soignants et différents leviers d’action existent pour résoudre la crise que nous traversons. Si les politiques ont leur plus grande part de responsabilité, les soignants, les patients et, de fait, tous les citoyens, peuvent être impliqués dans la recherche de solutions et devenir les acteurs du changement
Tout le monde s’accorde à dire qu’il est indispensable de modifier en profondeur le système, en sachant que, face à des besoins croissants sinon infinis, celui-ci est contraint par une enveloppe budgétaire définie par les politiques publiques, il est donc impératif d’utiliser au mieux des ressources limitées.
Pour cela, il faudra se heurter à de nombreuses résistances, notamment corporatistes et idéologiques.
Ce chantier comprend plusieurs dimensions qui s’articulent sur deux principes porteurs : fluidité et équité.
Il implique de
`créer un panier de soins avec une franchise et un plafond de reste à charge,
`réformer la rémunération des médecins,
`développer une autonomie de gestion des structures d’hospitalisation
`décentraliser pour s’adapter aux spécificités locales, dissocier les rôles de régulation et de tutelle,
`revoir le statut des personnels hospitaliers, ouvrir les données de santé et instaurer un financement des hôpitaux sur la base d’objectifs contractualisés.
DÉGAGER DU TEMPS MÉDICAL DISPONIBLE
Pour amorcer de telles réformes structurelles, voici nos propositions à mettre en œuvre immédiatement.
Le maître mot est l’efficience, et l’outil est de dégager du temps médical disponible.
Pour cela, il faut améliorer l’organisation des soins et mieux répartir les tâches entre les différents acteurs de la santé :
- Mieux associer les professionnels de santé à l’élaboration des règles administratives et gestionnaires qu’ils ont trop souvent l’impression de subir
- Mettre en application la délégation de tâches auprès des professions paramédicales
- Impliquer tous les médecins dans les tours de garde afin d’assurer la permanence des soins.
- Lutter contre les refus des médecins de voir des nouveaux patients
- Instaurer pour les jeunes médecins diplômés, une affectation d’exercice dans la zone géographique de leur formation, pendant une durée déterminée
- Proposer aux médecins déjà en exercice un détachement de quelques jours par an, vers des régions déficitaires
- Inciter au respect du parcours de soins pour limiter l’accès direct au spécialiste
- Réviser le paiement à l’acte et, périodiquement, la nomenclature, afin d’éviter les situations de rente.
- Favoriser un système par capitation ou système mixte, sur la base d’une évaluation qualitative de chaque praticien
- Assister le DMP (dossier médical partagé) par l’IA (intelligence artificielle) pour effectuer une synthèse des données recueillies, à la place de cet empilement énorme de données brutes et non rapidement exploitables ; ce qui faciliterait la coordination des soins
- Instaurer une plateforme téléphonique dédiée pour les patients en ALD (affection longue durée) sans médecin traitant, qui se charge de leur trouver un soignant référent (médecin ou IPA)
- Mettre en pratique la « taxe lapin » : la prise de RV est cautionnée par un numéro de CB et en cas de RV non honoré, une somme forfaitaire est débitée au profit de l’Assurance Maladie, comme cela se pratique dans d’autres pays européens
- Impliquer les acteurs dans des protocoles d’expérimentation et d’évaluation des bonnes pratiques et dans des protocoles d’actes de prévention
- Rationaliser et rendre plus lisible le cursus des études médicales : remplacer les filières PASS (parcours d’accès spécifique santé) et LAS (licence avec option accès santé) par un accès en 1re année sur dossier (ou sur probatoire) avec, en fin de 1re année, un système d’admissibilité écrite puis d’admission orale, comme le pratiquent les grandes écoles d’ingénieurs et de commerce
L’état de souffrance aggravée de notre système de santé est en passe d’atteindre un point de non-retour.
Voilà pourquoi il apparaît impératif d’écouter la voix des acteurs du terrain et de mettre en débat le problème qui préoccupe l’ensemble de nos concitoyens.
Nous espérons que le traitement par électrochocs que nous préconisons, permettra d’engager ces réformes de fond afin que notre système de santé ne perde ni n’oublie ses qualités originelles.
Corédacteurs :
Jean Lacoste, chirurgien urologue, directeur d’établissements de santé
Jean-Louis Mollo, médecin pneumologue, AIHP-ACCAHP
Murielle Mollo, médecin vasculaire, chercheuse en recherche clinique, romancière, autrice de l’essai* Pénurie de soignants, l’enquête choc !(Éditions Anfortas, 2023, Prix Littré de l’essai 2023)
Philippe Mossé, économiste de la santé, directeur de Recherche émérite au Laboratoire d'Économie et de Sociologie du Travail (CNRS et Aix-Marseille Université), auteur de l’essai* Contre Procuste, une économie politique de l’hôpital (Éditions L’Harmattan, 2019)
MERCI !
SOUTIEN TOTALE !
J'ajouterai :
`Respecter la PERTINENCE des SOINS " le bon traitement pour le sbon patient au bon moment, idem pour le bon examen etc
`S'investir dans la PREVENTION PRIMORDIALE
`Donner une place aux DETERMINANTS SOCIAUX de la SANTE
`Faire de l'IA un outil pour dégager du temps médecine la médecine augmentée est une réalité
` Le temps MEDICAL INTELLECTUEL doit être valorisé
`Implication de toutes et tous les médecins aux astreintes et gardes
`Renforcer la PREVENTION PRIMAIRE
`Améliorée lesPARCOURS de SOINS en les rendant d'accès plus facile avec un fléchage silmplifiée