INVITE : Dr Alain Viard , Médecin Vasculaire, La Jalie (Lot)
"Non, ta tristesse, ton vague à l’âme, si c’est bien ce que je pense, sont plutôt un signe de force… Les recherches d’un esprit vif et excité tendent parfois à dépasser les limites de l’existence, et, bien sûr, ne trouvent pas de réponses. C’est alors que vient la tristesse… ce mécontentement provisoire de la vie… C’est la tristesse de l’âme qui questionne la vie sur son mystère…"
Ivan Gontcharov
Oblomovisme : Laisser-aller, procrastination, manque de décision, typiques du personnage d'Oblomov, le roman d'Ivan Gontcharov.
Mon cher Grosjean
L’an passé un redoutable papillon est passé chez moi. Cette pyrale du buis à tout ravagé. Enfin pas tout. Mais elles étaient des milliards. Rendez vous compte une seule femelle pond entre 200 et 400 000 œufs ! Cependant l’ennemi était connu depuis longtemps et de couleur blanche il était visible. Aujourd’hui il reste de nombreux buis chétifs à éliminer par le feu. Début de printemps 2020 un fléau venant de Chine nous oblige à rester confinés et à garder nos distances. Ce fléau Covid 19 ne nous est pas connu, il est invisible et nous n’avons pas de traitement. Les pyrales ont été décimées par des pesticides appropriés et aujourd’hui ce sont les hommes et les femmes quelque soit l’âge qui sont décimées sous les yeux des soignants . Et nos soignants manquent de tout masques , respirateurs, traitements et en plus ils seraient seuls face au mal.
La politique serait l’art de prévoir l’imprévisible…… Et pourtant haro sur le baudet on critique les instances politiques, les individus responsables ou non, l’industrie pharmaceutique, les gourous, tout le monde y passe.
Et moi, dans ma campagne confinée, j’élague mes buis, je restaure mes murs de pierre sèche. Et surtout je procrastine… rien ne presse.
De toute façon pour aller au super marché lieu de première nécessité je dois faire , comme d’habitude avant confinement, 30 Km. Mais maintenant je dois avoir une autorisation. Pour bruler mes débris végétaux je vais devoir obtenir auprès de la mairie, un autorisation. Ça m'énerve, oui ça m'énerve.
Confinement entraine restrictions, pénalités. Ça m'énerve, oui ça m'énerve
Pourtant je suis privilégié dans ma campagne. Le printemps est là, les chênes du causse et les chênes truffiers commencent à ouvrir leurs bourgeons et les orchidées sauvages de ma pelouse vivace calcicole xérophile commencent à pointer leur nez. Depuis quelques jours les Houp oup oup des huppes fasciées résonnent dans le bois voisin.
La vigne débute son débourrage.
Hier je suis passé devant mes magnums de Château Giscours que je pensais servir à mes amis cet été (C’est une pire perversion que de garder une bouteille de vin par devers soit, Y' a des copains au, au bois d' mon cœur, Au, au bois d' mon cœur) et là je m’inquiète vais-je devenir dans ce confinement éthylique pour ne pas laisser perdre ce vin ?. Bien sûr je pourrais l’offrir aux soignants mais s’ils sont ivres comment travailler sereinement ?
Procrastinons donc
Quand serons nous déconfinès ? Ce matin de nouveaux cas de COVID 19 sont réapparus en Chine…. 64 000 décès comptabilisés dans le monde. J’ai honte de mon statut face au COVID 19 mais d’un autre coté ce statut je l’ai choisi. C’est le mien depuis que je suis retired (et non tired) comme disent nous « amis » outre manchots .
Alors je continue l’oblomovisme . C’est moins péjoratif que procrastiner. Comme dis un mien ami : « Nous vivons une époque formidable » Toi qui habite la ville prends soin de toi et reste chez toi.
Meilleures pensées cher Ami.