TWITTER : COVID-19

INVITE : signé Dr Guillaume BOZON, Médecin Vasculaire ,Montpellier

"Mon compte Twitter est devenu tellement puissant que je peux forcer mes ennemis à dire la vérité." , vous aurez reconnu Donald Trump ! 

En période de confinement, nous augmentons largement notre temps quotidien d’écran, que ce soit via la TV, les ordinateurs, les smartphones, les tablettes, etc… Le trafic internet aurait augmenté de 70% dans les régions du monde soumises au confinement. Les interactions sociales se font davantage par les écrans et notamment, par les médias sociaux. Toutes les grandes plateformes de médias sociaux notent une croissance des taux d’engagement de leurs utilisateurs. Sur le premier trimestre 2020, twitter annonce 12 millions d’utilisateurs en plus (+8%) par rapport au précédent trimestre et +23% d’utilisateurs actifs quotidiens.

Sur Twitter, les échanges sur les sujets de santé liés au coronavirus explosent, pour le meilleur et pour le pire.

D’un côté, pour le meilleur, l’engagement des médecins, des soignants en général et des scientifiques permet un partage des dernières actualités scientifiques sur le covid19 dans le monde. On a pu voir, notamment via le #doctoctoc, des partages d’iconographies cliniques, radiologiques et biologiques nous offrant une forme ce FMC au plus près de la pratique quotidienne. On a vu se répandre rapidement les documents des médecins urgentistes lanceurs d’alerte de Wuhan, dont le Dr Ai Fen. Des soignants partagent leurs quotidien, leurs craintes, leurs protocoles de précaution et de prise en charge, leurs conseils. En France, ils ont réclamé des mesures de santé publique bien avant l’augmentation du nombre de cas, à la lumière des données de santé publique et des témoignages sur les difficultés rencontrées en Chine et en Italie. Le publique visé peut être strictement limité aux soignants, à nos dirigeants politique ou à la population générale. La twittosphère des personnels soignant débat des dernières publications scientifiques, des propositions gouvernementales, désamorce les fakenews et fakemeds, propose des solutions, alertes sur les difficultés rencontrées au quotidien, discute des informations vraies/fausses publiées sur les comptes des différents média français et internationaux, etc…

De l’autre côté, pour le « pire », des soignants se sont fait le relais de fakenews, ont relayés des interprétations très personnelles et peu rigoureuses de données scientifiques, ont donnés leurs conseils de bon sens d’apparence mais loin de la rigueur critique qu’on peut attendre d’eux. Et pour quoi ? pour capter une attention médiatique ? par narcissisme ? pour promouvoir un ouvrage à paraitre ? ou par maladresse ? Peu importe, la plupart de ces opinions sont maniées de manière assez habile pour ne pas être condamnable sur le fond. En revanche, elles sont un facteur de confusion pour un publique non formé à l’analyse critiques des données scientifiques. Ces opinions s’articulent autour d’argument qui semblent simples, logiques, pleins de bon sens et elles convainquent une partie de la population qui les relaient, parfois les déformes et les érigent au rang de « vérités ». Alors on ne comprend pas et on s’offusque de certaines décisions politiques, pourtant bonnes. À la place, on encourage des mesures populistes, sans fondement scientifiques. Tout ce capharnaüm alimente et donne du poids aux sphères complotistes, via des leviers similaires. Chacun, élevé au rang d’expert en infectiologie, en virologie, en santé publique, donne sa recommandation. Tous experts ! Et gare à ceux qui s’y opposent. Menaces et insultes ont bon vent, et ne sont pas uniquement liés aux trolls. Face à de telles vagues, les arguments les plus censés semble s’y noyer. Ils ne trouvent plus d’écho auprès de la population générale. On aurait pu espérer un peu plus de sagesse de la part de nos représentant politiques, certains ont également versé du côté obscur. Dans un autre registre plus grave encore, les médias sociaux offrant un lieu d’expression sans, Twitter connaitrait une hausse autour de 900% des discours racistes envers les Chinois.

Twitter rassemble le meilleur comme le pire. Dans la situation pandémique actuelle, il peut être un formidable outils d’entraide et de partage pour les soignants. Le confinement attire plus de monde sur les écrans et la peur exacerbe les comportements. La twittosphère des soignant semble bien maigre face à la vague des fakemeds, des fakenews, des insultes, des « experts » autoproclamé et des confusions qu’ils entretiennent, des complotistes, etc… Mais, comme d’habitude, ils assurent et assureront leur travail, malgré les obstacles, malgré les insultes, porté par les plus reconnaissant et les applaudissements de 20h. Espérons plus de sagesse et des interactions sociales apaisées après cet épisode.

TWITTER et lalittérature médicale, le role d'ALTMETRIC 
https://academic.oup.com/eurheartj/article/doi/10.1093/eurheartj/ehaa211/5822563

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Rappel : #1MASQUEPOURTOUS