Ces revues prédatrices


" Le virus est le dernier prédateur de l'homme."
Robin Cook

Une définition récente des éditeurs douteux semble faire consensus, montrant la complexité de ce mouvement et sa pénétration dans le monde légitime de la publication (Grudniewicz A et al., 2019. Predatory journals: no definition, no defence. Nature 576: 210-212) : « Les revues et les éditeurs prédateurs sont des entités qui privilégient l'intérêt personnel au détriment de l'érudition et se caractérisent par des informations fausses ou trompeuses, un écart par rapport aux bonnes pratiques rédactionnelles et de publication, un manque de transparence et/ou le recours à des pratiques de sollicitation agressives et sans discernement » (traduction Hervé Maisonneuve, blog Revues & intégrité, billet du 16/12/2019).

 
"L’explosion du nombre de revues électroniques, depuis ces vingt dernières années, comme la pression du « publish or perish » ont contribué au développement de revues prédatrices qui promettent une publication rapide, contre frais de publication pour les auteurs, sans que la qualité du processus d’évaluation ne justifie une publication la plupart du temps. Ce phénomène fait l’objet des analyses présentées dans cet article, en dressant un état des lieux pour en définir le périmètre et discuter des évolutions dans le champ de l’éthique scientifique. Plus fondamentalement, ce texte ouvre un espace de réflexion et balise un champ de recherche en pleine évolution, où Natures Sciences Sociétés veut se positionner face aux enjeux associés à ce phénomène des revues prédatrices, qui traduisent des recompositions dans les rapports entre sciences et sociétés, mais aussi entre le monde scientifique et les firmes privées du secteur de l’édition, pas toujours bien intentionnées. Indirectement, la publication par NSS de ce texte milite aussi pour maintenir la qualité de notre processus éditorial : un processus exigeant qui prend du temps, mais qui nous permet aussi d’accompagner les auteurs jusqu’à leur version finale publiée. C’est là une éthique de la communication scientifique à laquelle nous sommes attachés et que la publication du présent texte nous donne l’opportunité de réaffirmer."

La prédation dans le champ de la publication scientifique : un objet de recherche révélateur des mutations de la communication scientifique ouverte
Chérifa Boukacem-Zeghmouri, Sarah Rakotoary, Pascal Bador
Dans Natures Sciences Sociétés 2021/4 (Vol. 29), pages 382 à 395
https://www.cairn.info/revue-natures-sciences-societes-2021-4-page-382.htm
 
 Notons que la Covid-19 a boosté les revues prédatrices

La conférence des Doyens de médecine (CDD) et le Conseil national des Universités (CNU santé) veulent lutter contre les« revues prédatrices » qui nuisent à la qualité et à l’intégrité des
publications scientifiques.

 
 "L’avènement des publications en libre accès a fait émerger des pratiques douteuses, voire frauduleuses, de la part d’éditeurs peu scrupuleux, motivés par les gains financiers résultant du paiement par les auteurs. Les revues dites « prédatrices » (ou illégitimes, ou frauduleuses) constituent une menace croissante et mondiale, dupent les auteurs et les lecteurs, et participent à la mauvaise conduite scientifique. Le Code européen de conduite pour l'intégrité de la recherche indique que le fait d'établir ou de soutenir des revues qui sapent le contrôle de la qualité de la recherche constitue une faute scientifique et une pratique inacceptable. Participer à l’activité de ces revues ou simplement les citer en référence dans un article constituent également un soutien à ces revues ce qui est condamné par le Code européen de conduite pour l'intégrité de la recherche. La lutte contre les revues prédatrices est inscrite dans la Charte des Facultés de médecine."
Comment détecter une revue prédatrice ?

  • Le délai très court d’évaluation et de publication des articles avec des évaluations médiocres.

  • Un nom de revue ou un stylisme de site Web proche d’une revue de référence non-suspecte.

  • Des frais peu clairs ou abusifs de soumission, d’examen des manuscrits et/ou de publication.

  • Un site web mettant en avant le processus de soumission et de paiement avec plus d’insistance que celui de consultation du contenu de la revue.

  • Un manque de clarté dans la description du processus d’examen des manuscrits et dans l’application de frais divers.

  • L’absence ou la négligence de la vérification de la conformité éthique et réglementaire de la recherche.
  • Une politique agressive et sans discernement de sollicitation des articles

  • Une adresse de courriel de contact non-spécifique (par ex. @gmail.com).

  • De nombreuses sollicitations pour inviter à la soumission d’articles pour les numéros à
    venir ou les numéros spéciaux ou des demandes de participation à des comités de rédaction.

  • Comité de rédaction non connu avec très peu d’information sur l’affiliation de chacun.

  • Des scientifiques internationaux non qualifiés au sein du comité éditorial (ORCID ID et/ou RESEARCH ID non vérifiables), parfois même décédés ou imaginaires.

  • Des fautes d’orthographe dans les articles ou le site Web de la revue.

  • Attribution aux articles d’identifiants d'objet numérique (DOI) inconnus de https://www.doi.org/.

  • L’International Standard Serial Number (ISSN) d'une revue Open Access ne peut être vérifié dans le Directory of Open Access Journals (DOAJ : https://doaj.org/) et/ou le Directory of Open Access Scholarly Resources (ROAD : https://road.issn.org/).

  • Aucune politique de lutte contre le plagiat, de retrait ou de rétractation n'est décrite.

  • Un placement frauduleux du logo du Committee on Publication Ethics (COPE) sur le site web de la revue, sans qu'il appartienne au COPE (https://publicationethics.org/).

  • Revues non rattachées à un organisme savant reconnu.

  • Pas de projet éditorial clair ou plusieurs « Editors » en charge d’un même manuscrit soumis.

  • La revue ne passe pas un examen attentif selon les recommandations du site
    https://thinkchecksubmit.org/journals/ ou d’autres sites tel le « Compass » de l’Université de Liège (https://app.lib.uliege.be/compass-to-publish/) ou la bibliothèque de l’Université Erasmus de Rotterdam (https://libguides.eur.nl/informationskillspublish/predatory).

PR. CHRISTIAN FUNCK-BRENTANO, RÉFÉRENT À L’INTÉGRITÉ SCIENTIFIQUE DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE SORBONNE UNIVERSITÉ
https://sante.sorbonne-universite.fr/actualites/lutte-contre-les-revues-predatrices
Texte complet

Liste'des revues prédatrices : https://conferencedesdoyensdemedecine.org/wp-content/uploads/2023/06/Liste-de-revues-recommandables-31-05-23-Finale.pdf


JAVANICA

Une revue prédatrice piégée lors de la Covid-19 : https://www.lemonde.fr/blog/huet/2020/08/17/que-revele-le-canular-hydroxychloroquine/   
et à RELIRE, La preuve par l'absurde par Michel Dauzat
 https://medvasc.info/archives-blog/m-dauzat
"Les revues prédatrices prolifèrent, et nombreux sont les scientifiques qui se laissent prendre, parfois en toute bonne foi, parfois par nécessité de publication rapide, quand ce n'est pas par souci
d'économie. Le problème est aggravé considérablement par le fait que de telles publications
(comme, du reste, les preprints – prépublications) peuvent tomber sous les yeux de patients ou de
journalistes, et qu'il est alors extrêmement difficile de réparer les dégâts !" M Dauzat


Qu'est ce qu'une revue prédatrice scientifique par ChatGPT

Une revue prédatrice scientifique, également connue sous le nom de revue prédatrice ou revue prédatrice open access, est une publication académique qui prétend être une revue scientifique légitime, mais qui ne suit pas les normes et les pratiques éthiques de la communauté scientifique. Ces revues sont principalement motivées par des intérêts financiers plutôt que par le désir de promouvoir la recherche et l'avancement des connaissances.
 
Voici quelques caractéristiques communes des revues prédatrices :
 
Processus d'examen par les pairs insuffisant ou inexistant : Les revues prédatrices prétendent souvent avoir un processus d'examen par les pairs, mais celui-ci est souvent superficiel ou inexistant. Cela signifie que les articles publiés ne sont pas évalués de manière rigoureuse par des experts dans le domaine, ce qui peut entraîner la publication d'articles de mauvaise qualité ou non fiables.
 
Frais de publication élevés et opaques : Les revues prédatrices demandent souvent des frais de publication élevés aux auteurs pour publier leurs articles. Ces frais peuvent varier considérablement et sont souvent opaques, ce qui signifie que les auteurs ne connaissent pas clairement les coûts associés à la publication. Les revues prédatrices utilisent ces frais pour générer des profits, sans fournir les services de qualité attendus dans le domaine académique.
 
Marketing agressif et sollicitations non sollicitées : Les revues prédatrices utilisent souvent des tactiques de marketing agressives pour attirer les chercheurs. Cela peut inclure l'envoi de courriels non sollicités, la sollicitation active d'articles de la part des chercheurs et la promotion excessive de la revue sur les réseaux sociaux. Ces tactiques visent à inciter les chercheurs à soumettre leurs articles et à payer les frais de publication.

Indexation douteuse et impact factor non fiable :
Les revues prédatrices prétendent souvent être indexées dans des bases de données académiques ou avoir un impact factor élevé. Cependant, ces affirmations sont souvent fausses ou basées sur des index ou des facteurs d'impact peu fiables. En réalité, ces revues ne sont généralement pas reconnues ou respectées par la communauté scientifique.

Il est important de noter que toutes les revues en accès libre ne sont pas prédatrices.

De nombreuses revues légitimes adoptent également le modèle de l'accès libre et offrent des services de qualité aux chercheurs. Cependant, il est essentiel de faire preuve de vigilance lors du choix d'une revue pour publier ses recherches et de vérifier attentivement sa réputation et son respect des normes scientifiques.


A LIRE : https://www.redactionmedicale.fr/2022/05/ne-parlez-plus-de-revues-predatrices-mais-de-revues-de-faible-qualite et A ECOUTER : https://youtu.be/dODfGkGI3pU

“Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes.” Georges Perec

"L'absurde est la notion essentielle et la première vérité". Albert Camus