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“Sans mémoire, tout est nouveau.” Maurice Roche
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"Elle trouvait ça drôle. Interdire quelque chose strictement est une redondance, et donc une inutilité emphatique." Victor del Arbol
"Ne nous laissez point succomber au diagnostic, mais délivrez-nous des maux de la santé.” Ivan Illich
Préambule
Points de repère
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▸ Le surdiagnostic désigne la détection d’un problème qui n’aurait autrement pas causé de symptômes ou de décès. Il s’agit d’une conséquence inévitable des tests de diagnostic et de dépistage, qui peut s’expliquer par la plus grande sensibilité des tests de diagnostic ou des définitions excessivement élargies des maladies.
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▸ Le surdiagnostic cause des torts en raison des tests de diagnostic, des traitements et des suivis inutiles en échange desquels le patient ne reçoit aucun bienfait.
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▸ Les estimations des surdiagnostics peuvent varier en raison des différences dans les méthodes et les sources utilisées pour en calculer les taux.
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▸ Il est recommandé que les patients et les médecins prennent conjointement des décisions bien étayées par des aides à la décision bien conçues pour atténuer les torts associés au surdiagnostic.
"Le surdiagnostic est inhérent à la plupart des activités touchant le dépistage et le diagnostic. Son ampleur varie selon le problème de santé. Il y a lieu d’envisager la possibilité d’un surdiagnostic dans la prise de décisions cliniques avant de prescrire un examen de dépistage ou de diagnostic, et il importe de communiquer la possibilité d’un surdiagnostic dans la prise de décisions conjointe avant que les personnes s’engagent dans une cascade de dépistages."
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6135136/#:~:text=Le%20surdiagnostic%20d%C3%A9signe%20le%20diagnostic,concern%C3%A9e%20(Figure%201)7. -
https://www.bmj.com/content/382/bmj.p1865
Article libre d'accès
Un article très important signalé sur X par "
Ce papier pointé par @BoussageonR et @docdu16 reprend parfaitement ce que je dis depuis des mois face à la crise de notre système de santé. Il FAUT s'attaquer à l'offre de soin."
De nombreux systèmes de santé sont confrontés à des crises liées à une demande excessive, à une prévalence accrue des maladies chroniques, à une spirale des coûts et à des problèmes de main-d’œuvre qui menacent leur fonctionnement.
Des données récentes suggèrent qu'une partie de l'augmentation de la prévalence des « maladies » est due au surdiagnostic, au surtraitement et à la faible valeur globale des soins.
On estime que 30 % des soins médicaux sont de faible valeur ou gaspillent des ressources, et 10 % sont nocifs.
On estime que le secteur de la santé est responsable de plus de 5 % des émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés – une autre manière dont les soins de faible valeur menacent la santé.
Il faut davantage de capacités en matière de soins de santé, davantage d’investissements dans les soins de santé et davantage de personnels dans certaines régions, ainsi que des spécialités pour améliorer la santé, le bien-être et les inégalités.
Cependant, l’expansion exponentielle du territoire médical au cours du dernier demi-siècle est devenue insoutenable, entraînant une flambée des coûts de santé, une charge de traitement déraisonnable pour les patients, un épuisement professionnel du personnel soignant et des dommages considérables à la planète.
Nous avons besoin d’une réflexion et d’un débat plus approfondis sur les ressources financières, humaines, sociétales et planétaires limitées disponibles pour les soins de santé et sur une meilleure répartition des ressources existantes.
Les crises actuelles dans la prestation des soins de santé sont exacerbées par le vieillissement des populations et la multi morbidité qui y est associée.
Les décideurs politiques, les politiciens et le public doivent comprendre comment même les efforts bien intentionnés visant à fournir des soins de santé plus nombreux et de meilleure qualité amplifient et renforcent inévitablement ces crises par le biais d’un surdiagnostic, d’une surmédicalisation et d’un surtraitement, détournant ainsi les ressources d’options plus efficaces.
Ces problèmes doivent être résolus si nous voulons parvenir à des soins de santé durables.
Être ouvert à la possibilité de soins de santé excessifs, surveiller les signes et prendre des mesures pour les réduire contribuera à garantir que toutes les étiquettes de diagnostic sont significatives et que les tests et les traitements confèrent des avantages cliniquement pertinents.
Cela aidera également les décideurs à investir leur temps et leurs ressources dans des soins de santé de grande valeur, plutôt que dans des dépistages, des technologies, des produits ou des interventions incertains ou nocifs.
Contrôler les excès de soins de santé
Réduire le surdiagnostic est une première étape essentielle pour contrôler les excès de soins de santé.
Les cliniciens, les leaders d’opinion et tous ceux qui identifient les excès médicaux ont le devoir de partager leurs connaissances et de travailler pour changer les mentalités et les pratiques.
Ce travail traverse l’ensemble de la santé.
Par exemple, le renforcement des soins primaires dans les systèmes de santé peut réduire le surdiagnostic et améliorer la continuité des soins, tandis que la santé publique est la mieux placée pour revoir les programmes de dépistage.
Les messages concernant les soins de faible valeur peuvent être diffusés via les médias traditionnels ou de manière plus informelle via les médias sociaux.
Le concept de surdiagnostic devrait être enseigné dans le cadre des soins de santé fondés sur des données probantes dès les premiers stades de la formation médicale.
Des opportunités et des ressources éducatives sur le surdiagnostic, les soins de santé fondés sur des données probantes et la pensée critique devraient également être proposées aux législateurs, aux décideurs politiques et à leur personnel, ainsi qu'aux patients et au public. Cet enseignement doit être opportun, engageant, convaincant et réalisable. Il reste encore du mal à communiquer l’ampleur du surdiagnostic et à illustrer le coût humain, par exemple en associant des visages et des histoires individuelles à des concepts et des données abstraits.
Le risque de surdiagnostic est toujours présent dans le domaine des soins de santé et la communauté doit publier de nouveaux exemples dès qu’ils se présentent.
Les programmes de dépistage établis devraient être réévalués à la suite de nouveaux développements tels qu'une prévention primaire efficace, des changements dans les populations éligibles ou la disponibilité de meilleurs traitements pour les maladies symptomatiques.
Par exemple, à mesure que la prévalence du tabagisme diminue, l’incidence des ruptures d’anévrisme de l’aorte abdominale et du cancer du poumon diminue également +++
Les vaccinations infantiles contre le VPH réduisent l’incidence de la dysplasie cervicale et du cancer.
Les deux ont des implications sur la balance bénéfice-risque des programmes de dépistage.
Les services et interventions redondants, de faible valeur ou nuisibles doivent être systématiquement identifiés et mis hors service.
Notre culture médicale mondiale a conduit à un excès de tests de diagnostic, à une surmédicalisation et à un surtraitement pour de nombreuses pathologies qui peuvent nuire aux patients, épuiser les ressources de soins de santé et nuire à la planète.
Nous appelons les décideurs locaux, nationaux et internationaux à reconnaître plus clairement et ouvertement ces problèmes et à prendre des mesures urgentes pour les résoudre.
Ce n’est qu’alors que nous pourrons espérer créer des soins de santé plus durables à l’avenir.
Commentaire
La SUR MEDICALISATION est dangereuse comme la sous médicalisation
La demande des patients devient excessive en matière de santé (réseaux sociaux oblige), elle conduit à la médecine millefeuile qui empile chaque jour l'inutile inutilement.....
La SUR MEDICALISATION crée des "nouvelles affections " dont on ne sait pas grand chose voire des affections qui n'existent pas comme la "D Dimérite"
On pratique des "tonnes" d'actes inutiles, on prescrit des médicament inutiles et après on dit qu'on manque de médecin...pour faire face à une demande trop excessive et souvent non justifiée , demande des patients , lesquels ne prennent qu'un médicament sur deux !!!!!!!!
Le surdiagnostic est une "erreur médicale" comme les traitements inutiles
La redondance est un fléau en médecine qu'il faut combattre efficacement comme les usines à gaz spécialités française de l'excellence bureaucratique.....la PERTINENCE des SOINS une fois de plus LA SOLUTION
BONUS CANADIEN
"Les taux plus élevés d’examens (fréquence ou utilisation accrues de tests dans des groupes à faible risque), l’exécution de tests d’une sensibilité accrue, le désir du médecin ou du patient de ne pas échapper un diagnostic, la définition élargie des pathologies (p. ex. seuils diagnostiques plus bas du diabète) et les incitatifs financiers (p. ex. paiement versé pour les demandes plus nombreuses de tests ou de dépistages) peuvent tous mener à l’augmentation des surdiagnostics
Le surdiagnostic peut survenir lorsque les critères de définition d’une pathologie sont modifiés pour inclure un plus grand nombre de personnes. Ces changements sont souvent apportés sans avoir confirmé les bienfaits pour une proportion substantielle de ceux à qui on attribue une maladie selon ces nouvelles définition.
L’utilisation plus fréquente ou excessive des tests peut se traduire par la détection d’incidentalomes sans rapport, soit une autre version du surdiagnostic. Par exemple, le recours accru aux études par imagerie (p. ex. tomodensitométrie [TDM], y compris la colo par TDM) entraîne la détection de problèmes asymptomatiques sans rapport, comme un carcinome rénal ou un petit anévrisme aortique. Ainsi, il a récemment été démontré que les néphrectomies étaient liées au nombre de TDM effectuées plutôt qu’à une hausse réelle de l’incidence du cancer du rein. Le traitement excessif par intervention chirurgicale est désormais reconnu comme étant l’un des risques de l’utilisation excessive de l’imagerie par TDM".....
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6135136/pdf/064e373.pdf A LIRE