Un grand principe de la Médecine : un certain temps

Un grand principe de la Médecine : un certain temps

"Combien de temps le fût du canon met-il pour refroidir ?  Fernand Raynaud "
 
"Le temps guérit presque tout, alors donne-toi un certain temps." Anonymus
 

"Une heure assis à côté d’une jolie femme semble durer une minute. Une minute assis sur un four brûlant semble durer une heure. C’est ça la relativité." ALBERT EINSTEIN

Combien de temps le fût du canon met-il pour se refroidir une fois que l'obus ait été tiré?, question majeure....

Dans un sketch célèbre de Fernand Raynaud des années 1950, la réponse à la question précédente n'est pas cinq minutes, ou une demi-heure, ou une heure …  elle est … un certain temps !

Avant propos

Les Grecs distinguaient 3 temps :

Chronos qui mesure le temps quantitatif (années, jours, minutes, secondes…)

Kairos qui mesure le temps ressenti et opportun (il s’accélère, ralentit et nous donne des opportunités)

Aiôn qui symbolise le temps cyclique (les saisons, la respiration, le sommeil…)

Chronos vous permet de planifier vos journées et d’anticiper les deadlines. Il est nécessaire pour investir votre temps stratégiquement. Mais organiser votre vie uniquement selon ses règles peut vous rendre misérable. Vous avez donc besoin aussi de Kairos pour ajouter une dose de spontanéité, d’émerveillement et de découverte. Enfin il vous faut aussi Aiôn pour relativiser et vous dire que tous les problèmes et difficultés que vous rencontrez font partie de cycles et que ces moments laisseront place à des temps plus cléments.

https://everlaab.com/chronos-kairos-aion-les-3-temps-grecs/#:~:text=Chronos%20%3D%20le%20temps%20s%C3%A9quentiel%20et,Ai%C3%B4n%20%3D%20le%20temps%20cyclique

Le temps est selon Pascal un des mots primitifs « qu’il est impossible et inutile de définir ».

« Ecrire le Temps », tel est bien le projet de Proust 

Cet aphorisme,
un certain temps,  est utilisé pratiquement chaque jour en médecine.

Quelle que soit l'affection prise ne charge, quelque soit le médicament prescrit, quelle que soit l'hospitalisation, quelle que soit l'intervention chirurgicale, la question récurrente est toujours la même: ça va durer combien de temps  Docteur ? Et j'en ai pour combien de temps ?. Une hospitalisation en urgence , même chose, c'est pour combien de temps ?.

Attention si vous vous aventurez à préciser une durée en heure, jour , semaine ou mois, plus d'une fois sur deux vous allez faire une erreur. La meilleure réponse : ...un certain temps et pardoxalement cette réponse est comprise .

Le temps est une mesure précise, or en médecine il n'est pas toujours possible de définir le temps avec un e grande pécision.

Un certain temps, cela va de la seconde à des années. C'est un espace-temps large mais finalement précis et surtout qui a l'agrément du patient. "La perception du temps est quelque chose d'inviduel,chacun a sa propre horloge qui est très sensible et dépendante de notre état émotionnel" nous rappelle Henri Lombard, médecin et philosophe. Et de rajouter " le temps vécu s'accélère ou s'allonge selon les circonstances de la vie. Il est plus qualitatif " que quantitaif, il est subjectif et non objectif. "

Le temps, Einstien l'appelle "une illusion tenace"

C'est pour cela qu'un certain temps satisfait la majorité et réduit les inquiétudes.Les impatients sont capables de devenir" patients". L'écoulement du temps est perçu différemment par les uns et par  les autres et finalement "un certain temps" convient le plus souvent aux patients car ils vont s'accaparer le temps qu'on leur offre d'où une adaptation personnelle qui les rassure.

Autre notion, ne jamais dire à un patien qua  le traitement prescrit sera à vie. Il faut plutôt lui dire que l'on part sur 1 an, et chaque année on réévaluera la nécessité ou non de poursuivre le traitement. On n'est plus dans "un certain temps" mais dans un espace temps qui intégre le suivi médical et qui dédramatise et rassure.

Le temps est aujourd'hui obsesionnel car tout doit être solutionné le plus rapidement possible y compris en médecine.

Mais aujourd'hui on se heurte en médecine à des délais de rendez-vous de plus en plus long qui se mesurent en mois et quelque fois en année. Nouvelle donne qui bloque les patients, qui les désarçonne , ils font face de plus en plus souvent à une sorte de fin de non recevoir.

Le temps qui était "comprimé" s'allonge inexorablement dans une attente insupportable, les patients perdent leur temps ce qui accroît leur stress et les médecins n'ont plus le temps de prendre le temps de l'écoute.

Aucun d'entre eux n'est satisfait, seul le temps reste impertubable....il prend son temps. C'est Cervantés qui disait "il faut donner du temps au temps", nouvelle devise de la médecine actuelle.

Et pendant ce temps là, ce temps recule le diagnostic,  le temps devient l'ennemi des patients  alors qu'il devrait être son allier si le temps était court dans le temps. C'est une perte de chance pour les patients et raremement , fort heureusement, ce temps perdu se termine dans l'au-delà, dans les neiges éternelles......d'où l'expression "un sale temps" .....
Finalement le "un certain temps de Fernand Raynaud" est devenu une expression du langage médical qui est bien accepté et qui convient à la majorité des patients, force est de constater que l'on ne peut pas  faire autrement......erreur regrettable pour la SANTE.....le temps s'installe inéxorablement et tout le monde médical perd du temps , car il n'est plus au rendez-vous à temps dans certte période.

Pourtant la Santé nécessite du temps, mais aujourd'hui le rapport avec le temps devient toxique en Médecine, nious n'arrivons plus à la maîtriser, pour les patients c'est la même chose. Chaque jour c'est la mêmre"litanie"...

.......J'ai un rendez-vous dans X mois, ce qui rajoute du stress au stress quand le temps est en attente......et que le  décompte de ce temps est une angoisse qui ne devrait pas lieu d'être !


"Le temps, ça ne passe pas, ça fait passer la réalité, exactement comme le chemin chemine simplement, mais il ne change pas." Etienne Klein

Aristote parlant du temps “le moment à saisir”.

Terminons par un magnifique poème de Jacquer Prévert sur le "temps qui passe"

À peine la journée commencée et … il est déjà six heures du soir.
A peine arrivé le lundi et c’est déjà vendredi. … et le mois est déjà fini… et l’année est presque écoulée.
… et déjà 40, 50 ou 60 ans de nos vies sont passés.
… et on se rend compte qu’on a perdu nos parents, des amis.
…et on se rend compte qu’il est trop tard pour revenir en arrière …
Alors… Essayons malgré tout, de profiter à fond du temps qui nous reste…
N’arrêtons pas de chercher à avoir des activités qui nous plaisent…
Mettons de la couleur dans notre grisaille…
Sourions aux petites choses de la vie qui mettent du baume dans nos cœurs.
Et malgré tout, il nous faut continuer de profiter avec sérénité de ce temps qui nous reste. Essayons d’éliminer les “après” …
Je le fais après … Je dirai après … J’y penserai après …
On laisse tout pour plus tard comme si “après” était à nous.
Car ce qu’on ne comprend pas, c’est que :
après, le café se refroidit …
après, les priorités changent …
après, le charme est rompu …
après, la santé passe …
après, les enfants grandissent …
après, les parents vieillissent …
après, les promesses sont oubliées …
après, le jour devient la nuit …
après, la vie se termine …
Et après c’est souvent trop tard…. Alors… Ne laissons rien pour plus tard…
Car en attendant toujours à plus tard, nous pouvons perdre les meilleurs moments, …
les meilleures expériences,
les meilleurs amis,
la meilleure famille…
Le jour est aujourd’hui… L’instant est maintenant…

"Nous n’avons plus le temps. Nous sommes, sur cette planète, des centaines de millions dans ce cas, qui répétons plusieurs fois par jour : « Je suis désolé, je n’ai pas le temps. » On aurait voulu écouter mieux ce qu’autrui nous disait, s’asseoir, creuser le sujet. On aurait désiré ne pas s’agacer ni abréger la discussion, et aussi répondre posément au téléphone, et ne pas simplement écrire : « Pas possible, navré », à une demande importante. On aurait voulu s’attarder avec cet enfant singulier qui nous posait une question. Et peut-être lire calmement ce volume sur les manières de vivre à bord d’une station spatiale. Ou encore paresser un peu plus longuement le matin, pour écouter les bruits de la nature à l’heure où les bourgeons éclosent.

Mais voilà, pas le temps pour ceci ni pour cela. On oppose au réel un même régime pressé. On marche un peu plus vite, on parle un peu plus fort. On travaille du matin au soir. On regarde droit devant, obligeant ceux qui veulent nous interpeller à accélérer le pas, nous hâtant nous-même pour rejoindre d’autres personnes. Nous sommes ainsi des cohortes, lancées sur les voies rapides de la vie, parties à l’assaut de l’avenir, que des idées d’obligation, de projet, de crédit, de jours meilleurs et de vacances prochaines, éperonnent comme si nous en étions les destriers. Les to do lists sont nos tonneaux des Danaïdes, qui se remplissent à peine biffées. Dans les registres oubliés des boîtes de messagerie, de petits drapeaux coupables signalent que les devoirs n’ont pas été remplis…"