Accès soins primaires et CANCER : cherchez l'erreur !

 
 
"Le test est un processus infini consistant à comparer l’invisible à l’ambigu afin d’éviter que l’impensable n’arrive à l’inconnu."
James Bach
 
Gardy J, Wilson S, Guizard AV, Bouvier V, Launay L, Alves A, Bara S, Bouvier AM, Coureau G, Cowppli-Bony A, Dabakuyo Yonli S, Daubisse-Marliac L, Defossez G, Hammas K, Hure F, Jooste V, Lapotre-Ledoux B, Nousbaum JB, Plouvier S, Seigneurin A, Tretarre B, Vigneron N, Woronoff AS, Launoy G, Molinie F, Bryere J, Dejardin O. Accès aux soins primaires et à la mortalité en excès pour les patients atteints de cancer en France : Résultats de 21 registres français du cancer. Cancer. 20 août 2024. doi : 10.1002/cncr.35519. Epub avant l'impression. PMID : 39163260.

Contexte

L'impact de l'accessibilité géographique sur la survie au cancer a été étudié dans quelques études, la plupart des recherches se concentrant sur l'accès aux centres de soins de référence, en utilisant la mortalité globale et en se limitant à des sites de cancer spécifiques.

Cette étude vise à examiner l'association de l'accès aux soins primaires avec la mortalité en excès de patients atteints des 10 cancers les plus fréquents en France, tout en contrôlant la privation socio-économique.

Méthodes

Cette étude comprenait un total de 151 984 cas diagnostiqués avec les 10 sites de cancer les plus courants dans 21 registres de cancérologie français entre 2013 et 2015. L'accès aux soins primaires a été estimé à l'aide de deux indices : l'indice Accessibilité Potentielle Localisée (accès aux médecins généralistes) et l'indice Scale (accès à une gamme de cliniciens de soins primaires). La mortalité en excès a été modélisée à l'aide d'un cadre additif basé sur la mortalité attendue basée sur les tableaux de vie et la mortalité observée.

Résultats

Les patients vivant dans des zones moins accessibles aux soins primaires avaient une mortalité plus élevée en excès pour certains sites de cancer très courants comme le sein (femmes), le poumon (hommes), le cancer du foie (hommes et femmes) et le cancer colorectal (hommes), représentant 46 % des patients diagnostiqués dans notre échantillon.
L'effet maximal a été constaté pour le cancer du sein ; le rapport de risque excessif a été estimé à 1,69 (IC à 95 %, 1,20-2,38) 1 an après le diagnostic et à 2,26 (IC à 95 %, 1,07-4,80) 5 ans après le diagnostic.

Interprétation

Cette étude a révélé que cet accès différentiel aux soins primaires était associé à une surmortalité pour les patients atteints de cancer et devrait devenir une priorité pour les décideurs en matière de santé afin de réduire ces inégalités dans l'accessibilité des soins de santé.

COMMENTAIRE

Article très important dans le contexte actuel de l'exercice de la médecine, manque de médecins, rdv d'examens para cliniques avec des délais prohibitifs ......

La surmortalité constatée pour le  cancer dans des zones  d'accès aux soins primaires difficiles est un constat douloureux que l'on peut faire dans toutes les spécialités ++++.

C'est à la fois dramatique et honteux pour un pays comme la France.

La santé en France n'est plus ce qu'elle était, il faut le "hurler", la VRAIE VIE actuelle nous le démontre chaque jour : patient âgés  ou non sans médecins, des urgences hospitalières inaccessibles, des scanner ou IRM avec des délais inconciliables avec les besoins des patients , avec les besoins en Santé Publique ! 

La santé publique est en danger, il faut OSER le dire !!!!!, le dire oui, AGIR OUI 

Ces délais génèrent une perte de chance pour tous les patients, ce n'est plus un problème d'accès primaire dans des régions "sinistrées" , c'est problème qui concerne toute la France, problème qui s'aggrave chaque jour ! 



Complément d'enquête

LA PERTE DE CHANCE EN MATIÈRE DE RESPONSABILITÉ MÉDICALE.
https://www.village-justice.com/articles/perte-chance-matiere-responsabilite-medicale,47165.html

Quelques considérations à propos de la perte d’une chance et de la causalité

Isabelle Lutte, Avocate

"La question de la perte d'une chance soumet la logique juridique à de fortes turbulences. De confusion en confusion, de la perte d'une chance à la responsabilité proportionnelle, le raisonnement le plus souvent proposé aboutit à un paradigme calculatoire générant un décalage factice dans une situation particulière. Comment y remédier ?"

" La chance est à distinguer du risque. La chance est la probabilité d’un événement favorable. Le risque est un danger potentiel auquel on est exposé. Il est constitué par la probabilité d’un événement défavorable4 ."
https://www.thelius.be/wp-content/uploads/i.-lutte-quelques-considerations.pdf

  • Le hasard clinique ou la crise de la rationalité médicale
  • Mathieu Corteel
  • Dans Multitudes 2019/2 (n° 75), pages 52 à 61

    "Depuis l’Antiquité, l’hybridité de la médecine, mêlant la science à l’art, la rend étrangère à la classification de l’épistémè. Relevant à la fois d’un savoir général des causes et d’une pratique singulière du soin, la médecine a été conceptualisée par les Anciens sous la forme d’un art stochastique . Elle est une visée, un art inachevé. Animée par une volonté théorique de soigner, le médecin vise la guérison de son patient autour de gestes et de remèdes connus. Seulement, viser et atteindre la cible sont choses différentes. Dans la visée, la finalité est incertaine, le risque de l’échec est toujours présent dans l’exercice de l’art. Il en découle que la médecine n’est pas à proprement parler l’art de guérir, mais celui de soigner en vue de guérir, ou pour le moins, de soulager la douleur des malades. En tant que visée, la médecine tend à rendre positif le hasard par un usage éclairé de la conjecture : « La médecine est un art conjectural, et comme tel, assez souvent juste, mais quelquefois trompeur ; en conséquence, une indication qui induit à peine en erreur une fois sur mille ne saurait être dédaignée, puisque ses données sont justes dans l’immense majorité des cas .


     À en croire Celse, le Cicéron de la médecine, lorsque le praticien exerce son art avec succès sur un grand nombre de cas, l’erreur occasionnelle perd de sa valeur. Le hasard se change peu à peu en certitude et le traitement en remède."

    "Un coup de dés jamais n’abolira le hasard ,Titre du célèbre poème graphique de Stéphane Mallarmé. ». La médecine, aussi documentée soit-elle, ne peut faire l’économie de la prudence et de l’intuition du regard clinique. La science est une partie essentielle de la visée vers la guérison, mais elle ne trouve à s’éclairer que lorsqu’elle s’allie à l’exigence subjective du soin. 

    Le hasard ne peut se transformer en chance de guérison que dans l’alliance vertueuse de la technologie et du regard clinique. Sans cela, le soin, si essentiel à la guérison, est voué à disparaître. L’éthique médicale ne sera jamais acquise dans des protocoles, aussi « personnalisés » soient-ils.

    La clinique reste toujours à refaire pour préserver les valeurs de la santé, sans quoi les sciences médicales tendront à brutaliser le patient en le réduisant à un objet de connaissance. 

    " Toute connaissance, en posant l’impersonnalité de l’objet, légitime le mépris qu’elle en fait en rendant possible l’action qui détruira ou changera cet objet. La première des conditions pour brutaliser un être est de le tenir pour brut et c’est pourquoi la haine est d’abord retrait de valeur ou refus "


    https://www.cairn.info/revue-multitudes-2019-2-page-52.htm

    HALTE à la DESINFORMATION  MEDIACLE :https://medvasc.info/archives-blog/d%C3%A9sinformations-m%C3%A9dicale-%C3%A7a-suffit?highlight=WyJcdTAwZTdhIiwic3VmZml0Il0=

  • A
     LIRE
    DEPISTAGE des CANCERS : UTILE ?

    Le dépistage d'un cancer va -t- il augmenté la durée de vie des patients par rapport aux non dépistés ?  Mais il se pose une autre question, le dépistage  précoce d'un cancer va-t-il rendre la vie meilleure en évitant d'être confronté à un cancer qui évolue car pris en charge trop tardivement ? etc. Le dépistage des cancers comme toutes les actions de dépistage en générale sont très importantes. Une modification afin d'éviter les sur et sous diagnostics, un ciblage plus précis des personnes. Le dépistage  est un enjeux de Santé Publique, nul ne peut le contester, il n'est pas parfait , de plus les campagnes pour le cancer ne sont pas assez incitatives. Le ciblage des population est à revoir. En fait deux logiques s'imposent, le dépistage  de toute la population dans une tranche d'âge et le dépistage plus ciblé au cas par cas (âge, sexe, hérédité, profession exposée, facteurs de comorbidités). 

    Le médecin généraliste devrait être le déclencheur du dépistage des cancer au cas par cas , car c'est lui qui connaît le mieux les patients....Mais vue le manque de médecin actuellement,...illusoire !

    Il faut du bon sens clinique et chasser le systématique... trop systématique ! 

    Pourquoi y-a-t 'il si peu de volontaires qui adhèrent en France aux programmes de dépistage des cancers ?
     
    Pourquoi ce manque d'adhérence ? Une des raisons stupides, "ça n'arrive qu'aux autres ......dans ma famille le cancer n'existe pas ..... je sui en pleine formes " 

    Faut il rendre les dépistages
     du cancer OBLIGATOIRE, peut être, ça mérite une réflexion approfondie sur ce sujet.

    Une IA si elle intègre toutes les caractéristiques de la population pourrait être très bénéfique, médecine de précision , médecine prédictive ! 

    Une autre idée, "dépouiller" les médecins généralistes des dépistages du cancer, dépistage organisé par une entité publique à laquelle les patients seraient adressés avec des dépistages OBLIGATOIRES ........
     

    https://medvasc.info/archives-blog/dépistage-des-cancers-utile?highlight=WyJkXHUwMGU5cGlzdGFnZSJd