Partout dans le monde, les pays sont confrontés à une augmentation alarmante des maladies métaboliques, notamment du diabète de type 2 et de l'obésité, ainsi que de leurs complications.
Face à cette augmentation et à la charge qui en résulte pour les systèmes de santé, la prise en charge de ces pathologies a évolué.
Autrefois centrées sur des modifications du mode de vie (changements alimentaires, activité physique et soutien comportemental), les traitements des maladies métaboliques reposent désormais de plus en plus sur des interventions pharmacologiques.
Cette évolution est particulièrement marquée dans les pays à revenu élevé, où des médicaments comme le sémaglutide et le tirzépatide dominent souvent la couverture médiatique.
Initialement développés pour réguler la glycémie chez les personnes atteintes de diabète de type 2, les agonistes du récepteur du GLP-1 sont désormais largement utilisés pour la perte de poids, que ce soit sur ordonnance ou hors indication.
La forte demande de sémaglutide a notamment déjà contribué à des pénuries chez les patients atteints de diabète de type 2 qui en dépendent pour contrôler leur glycémie.
Le sémaglutide a également été approuvé pour réduire le risque d'événements cardiovasculaires majeurs chez les adultes atteints de diabète de type 2 et d'une maladie cardiovasculaire avérée.
Plus récemment, le 15 août 2025, la Food and Drug Administration (FDA) américaine a également accordé une autorisation accélérée au sémaglutide pour le traitement de la stéatohépatite métabolique (MASH), une complication grave de l'obésité qui était auparavant principalement prise en charge par des changements de mode de vie.
Ces médicaments sont intégrés de plus en plus tôt dans la prise en charge. Cette tendance est illustrée par le nouveau projet de recommandations du National Institute for Health and Care Excellence (NICE) du Royaume-Uni, décrit sur son site web comme « le plus grand bouleversement dans la prise en charge du diabète de type 2 depuis dix ans ».
Ce projet de recommandations, désormais ouvert à la consultation publique, recommande les inhibiteurs du SGLT2 (et, dans certains cas, les agonistes des récepteurs du GLP-1) comme traitement de première intention afin de réduire le risque de complications.
De même, l'OMS examine actuellement l'opportunité d'inclure les agonistes des récepteurs du GLP-1 dans sa Liste modèle des médicaments essentiels (LME).
Cette liste sert de guide aux pays, en particulier aux pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (PRFI), pour prioriser les médicaments sûrs, efficaces et rentables pour les systèmes de santé.
Si les inhibiteurs du SGLT2 et les analogues de l'insuline plus récents et plus coûteux ont déjà été ajoutés à la LME en 2023, les agonistes des récepteurs du GLP-1 destinés à la perte de poids ont été exclus en raison d'incertitudes quant à leur sécurité et à leurs coûts à long terme.
Le comité a donc demandé une nouvelle soumission axée sur le diabète de type 2 pour examen en 2025. Quel que soit le résultat de ces décisions, la tendance des systèmes de santé du monde entier à adopter des solutions pharmacologiques coûteuses comme pierre angulaire de la prise en charge des maladies métaboliques est claire.
L'évolution vers une approche médicamenteuse de la santé métabolique n'est pas nouvelle, s'appuyant sur l'adoption généralisée de traitements contre le diabète de type 2 et l'hypercholestérolémie.
Cependant, cette évolution a été accélérée par la croissance rapide des médicaments contre l'obésité et la forte influence de l'industrie pharmaceutique.
Dans les pays où la publicité directe auprès des consommateurs est autorisée, un marketing intensif renforce encore le message selon lequel les maladies métaboliques complexes peuvent et doivent être traitées principalement par des médicaments.
Les bénéfices de ces nouveaux médicaments ne font aucun doute. Ils ont démontré une efficacité sans précédent dans de nombreux cas cliniques.
Leur succès modifie également la perception publique des maladies métaboliques, contribuant à les redéfinir comme une affection complexe et traitable, plutôt que comme un échec personnel. Cependant, le recours croissant à des thérapies coûteuses soulève des inquiétudes quant à leur durabilité et à leur équité, notamment dans les pays à revenu faible et intermédiaire, où l'accès à ces thérapies restera totalement inaccessible pour de nombreuses personnes.
Une conséquence générale – dans tous les contextes – est la construction progressive de systèmes de soins de santé centrés sur la pharmacothérapie à vie, peut-être au détriment de mesures préventives telles que l’aménagement urbain pour une vie active, des systèmes alimentaires plus sains et l’éducation publique.
Ces évolutions révèlent une réalité dérangeante : pour certains patients, ces médicaments sont bénéfiques, voire transformateurs ; pour les sociétés, le fardeau à long terme pourrait s’avérer insoutenable et préjudiciable.
La solution n’est pas de freiner l’innovation pharmacologique, mais de trouver un équilibre où la prévention par des modifications du mode de vie reste essentielle à la prise en charge des personnes obèses et diabétiques de type 2.
Nous devons veiller à ce que la promesse de médicaments coûteux ne se fasse pas au détriment de la santé publique elle-même.
SYNTHESE Le texte explore la tendance mondiale croissante à l'utilisation de médicaments coûteux pour gérer les maladies métaboliques comme le diabète de type 2 et l'obésité. Il met en évidence le passage des modifications du mode de vie aux interventions pharmacologiques, citant des médicaments tels que le sémaglutide et le tirzepatide. Le document examine également l'approbation croissante de ces médicaments à des stades précoces des soins et leur inclusion potentielle dans des listes de médicaments essentiels, comme celle de l'OMS. Bien qu'il reconnaisse l'efficacité avérée et les avantages de ces thérapies, l'auteur soulève des inquiétudes quant à leur durabilité, leur équité et le risque qu'elles détournent l'attention des mesures préventives et créent des systèmes de soins de santé axés sur la pharmacothérapie à vie. En fin de compte, l'article plaide pour un équilibre entre l'innovation pharmacologique et la promotion continue de la prévention par le mode de vie afin de protéger la santé publique.
Commentaire
On observe la même chose avec les traitements des affections cardiovasculaires où la pharmacothérapie l'emporte sur l'activité physique, etc. Pour la cancérologie, le coût des médicaments s'envole mais ce n'est pas pour les mêmes raisons, peut être. Cependant rappelons que la cancer dépisté précocément évite des problèmes plus graves. Pour en revenir aux aGLP1, c'est une véritable folie qui s'empare de la population diabétique et en plus obèse. Il est nécessaire d'envisager une controle drastique des personnes traitées par un aGLP1 dans le cadre de l'obésité. La PRÉVENTION doit rester le mot d'ordre pour ces affections métaboliques et cardiovasculaires et le cancer. Quant aux profits des laboratoires, ils sont inhérents au système. L'équité dans ce bas monde est illusoire dans de nombreux pays, y compris en France ou l'équité en santé est remise en cause. Les antiPCSK9 font défaut actuellement alors que pour certains patients ils représentent une planche de salut. La discorde labo/organismes d'états est à son paroxysme.Une situation ubuesque au détriment des patients.
Rappel nécessaire : définition de l'équité L'équité est le principe modérateur du droit objectif (lois, règlements administratifs) selon lequel chacun peut prétendre à un traitement juste, égalitaire et raisonnable (dictionnaire juridique).
Nous connaissons les différents paramètres de cette iniquité en santé : * Le manque de médecins. * Des rendez-vous avec des délais prohibitifs. * L'oubli des déterminants sociaux en santé qui sont de plus en plus nombreux et de moins en moins pris en compte .
Enfin, vu l'évolution actuelle du MONDE, on doit se demander ce qui est possible aujourd'hui et sera possible demain, l'anticipation en matière de santé restant très difficile.
Mais pendant ce temps-là il y a des malades pour qui la santé devient une situation sans santé...même en France...NO COMMENT !
La santé de la planète n'est pas bonne, comme la santé d'une partie de ses habitants. Le mal est profond, la santé est un enjeu de société majeur.
Les politiques sont ils conscients du coût de la santé , de l'accessibilité à la santé ?
J'en doute fortement.
Les palabres politiques actuelles semblent avoir exclu la santé de leurs préoccupations.
Seul le pouvoir les font vibrer, navrant et pitoyable.