"De plus en plus, le vrai sens de la vie nous semble être l'amélioration de la qualité de la vie."Faith Popcorn
Analyse article : Quality of life in patients with pulmonary embolism treated with edoxaban versus warfarin, the Hokusai post- PE study investigators,
Qualité de vie des patients atteints d'embolie pulmonaire traités par edoxaban versus warfarine
Résumé
Rappel : l'Edoxaban n'exsite pas en France
Les séquelles à long terme de l'embolie pulmonaire aiguë (EP) comprennent une diminution de la qualité de vie (QdV). Les preuves suggèrent que l'adéquation du traitement anticoagulant initial dans la phase aiguë de la thrombose veineuse a un impact clé sur les complications post-thrombotiques tardives. Nous émettons l'hypothèse que les patients atteints d'EP aigus traités par edoxaban pour une expérience d'EP aiguë ont une qualité de vie améliorée par rapport à ceux traités par warfarine.
Méthodes
Les patients atteints d'EP qui ont participé à l'essai Hokusai-VTE ont été contactés entre juin 2017 et septembre 2020 pour une seule visite de suivi à long terme. Les principaux résultats étaient la qualité de vie générique et spécifique à la maladie mesurée par l'enquête de santé abrégée en 36 éléments (SF-36) et le questionnaire sur la qualité de vie de l'embolie pulmonaire.
Résultats
Nous avons inclus 251 patients de 26 centres dans huit pays, dont 129 (51 %) avaient été affectés à l'edoxaban et 122 (49 %) à la warfarine. Les caractéristiques spécifiques au patient et au thrombus étaient similaires dans les deux groupes. Le temps moyen depuis la randomisation dans l'essai Hokusai-VTE était de 7,0 ans (écart type, 1,0). Aucune différence significative ou statistique n'a été observée dans la qualité de vie des patients traités par edoxaban par rapport aux patients traités par warfarine. La différence moyenne entre les patients traités par edoxaban et les patients atteints d'EP traités par warfarine était de 0,8 (intervalle de confiance [IC] à 95 % -1,6 à 3,2) pour le score mental récapitulatif SF-36 et de 1,6 (IC à 95 %, -0,9 à 4,1 ) pour le score physique récapitulatif.
Conclusion
Nos résultats indiquent que les patients avec un index EP traités par edoxaban ou warfarine ont une qualité de vie à long terme similaire. Étant donné que notre étude était une étude de suivi à partir d'un cadre d'essai clinique bien contrôlé, les futures études devraient être conçues dans un cadre de pratique clinique quotidienne. Nous suggérons une conception longitudinale pour l'étude des changements de la qualité de vie au fil du temps.
L'essentiel
- La diminution de la qualité de vie (QdV) est une complication à long terme de l'embolie pulmonaire (EP).
- Il s'agit d'une étude de suivi de l'essai Hokusai-VTE. Nous avons évalué la qualité de vie générale et liée à l'EP.
- Sept ans après l'EP index, 251 patients ont été inclus dans 25 centres de huit pays.
- Nous n'avons observé aucune différence de qualité de vie chez les patients traités par edoxaban par rapport à la warfarine.
En 1994 l'OMS donne une définition de la qualité de vie : « C'est la perception qu'a un individu de sa place dans l'existence, dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes »
"La qualité de vie* (QdV) est un concept qui, de prime abord, pourrait paraître simple à définir étant donné que le terme est banalisé par un emploi quasi quotidien. Cependant, en donner une définition unique et des modalités d'opérationnalisation consensuelles apparaissent extrêmement difficiles, notamment du fait de la multidimensionnalité du concept et de sa triple origine : sociopolitique, médicale et psychologique. Bien que le bonheur puisse être considéré comme une composante de la QdV et que cette dernière ne puisse donc pas renier une certaine filiation philosophique, le présent chapitre est consacré à la définition de la QdV d'un point de vue individuel et psychologique et non à la QdV per se.La prise en compte de la QdV des personnes atteintes de maladies chroniques est une priorité tant nationale qu'internationale, car ces pathologies prennent une importance croissante. En 2006, au niveau mondial, sur 58 millions de décès toutes causes confondues, 35 millions d'entre eux sont dus aux maladies chroniques. Devant un tel constat, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de lancer un plan de prévention et de lutte contre ces maladies avec deux objectifs principaux : réduire la mortalité et améliorer la QdV des populations affectées (WHO, 2006).Au niveau national, sur la base de la loi du 9 août 2004, le gouvernement a mis en place en avril 2007 un plan pour l'amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques pour 2007-2011. Ce plan comporte quatre objectifs principaux : aider chaque patient à mieux connaître sa maladie, favoriser les actions de prévention, faciliter la vie quotidienne des malades, enfin, avoir une meilleure connaissance des répercussions de la pathologie sur leur QdV"… (https://www.cairn.info/psychologie-de-la-sante--9782130593157-page-17.htm)
Par contre un peu de déception. Une des principales propriétés des AOD par rapport à la Coumadine c'est une simplicité de prise de l'AOD, dans cette étude une monoprise. L'impact sur la qualité de vie est donc évidente si on se place uniquement sur le traitement , maisen post EP beaucoup de paramètres interviennent. La qualité de vie intrique la maladie initiale et ses séquelles, et la thérapeutique. Cette dernière impacte toujours la qualité de vie des patients. S'il on regarde tous les tableaux avec les résultats sur tous les paramètres on note effectivement peu de différence , et même plus, pas de différence.L'AOD et l'AVK font jeu égal pratiquement sur tous les points, "match nul"
Qualité de vie générique chez les patients atteints d'embolie pulmonaire traités par edoxaban ou warfarine. Scores SF-36 moyens des patients ayant des antécédents d'embolie pulmonaire aiguë chez les patients sous edoxaban (n = 129) et warfarine (n = 122), stratifiés par dimension. SF-36, questionnaire abrégé sur la santé à 36 éléments
Qualité de vie spécifique à l'embolie pulmonaire chez les patients atteints d'embolie pulmonaire traités par edoxaban ou warfarine. Les résultats des scores PEmb-QoL des patients ayant des antécédents d'embolie pulmonaire aiguë chez les patients sous edoxaban (n = 129) et warfarine (n = 122) Les scores sont présentés comme des moyennes. Des scores PEmb-QoL plus élevés indiquent une amélioration de la qualité de vie. PEmb‐QoL, Qualité de vie de l'embolie pulmonaire
Différence moyenne de qualité de vie spécifique à l'embolie pulmonaire chez les patients atteints d'EP traités par edoxaban ou warfarine. Différences moyennes des six dimensions des scores PEmb-QoL chez les patients ayant des antécédents d'embolie pulmonaire aiguë traités par edoxaban (n = 129) et warfarine (n = 122). Les scores sont présentés sous forme de différences moyennes entre les deux groupes avec un intervalle de confiance à 95 %. La ligne violette en pointillés est la différence minimale cliniquement importante de 15 points, comme décrit dans la section des méthodes. PEmb‐QoL, Qualité de vie de l'embolie pulmonaire
Dans la vraie vie, au quotidien on ne retrouve pas de différence d'appréciation des patients sur ces deux traitements sauf dans un cas. Pratiquement tous les patients qui ont été traités dans leurs antécédents par AVK et chez lesquels on prescrit un AOD, la différence est évidente pour les patients en termes de qualité de vie "imm"diate". Par contre pour les patients naïfs d'anticoagulants, entre AOD et AVK peu de différence entre les deux sur le plan qualité de vie ce qui est logique. La compliance est un point à discuter ainsi que la prescrition. La prescription des AOD pose problème puisque dans RIETE 20 à 30% des patients reçoivent un AOD avec une posologie incorrecte, le plus souvent un sous dosage avec comme conséquence des complications (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27786333/). La compliance à 1 an des AOD est entre 60 et 70% .(https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31601729/).
Quant aux AVK , une compliance égale aux AOV voire un peu plus mais il ne faut jamais perdre de vue ce que disait Konrad Lorenz «quand je dis quelque chose, cela ne signifie pas que le patient a vraiment écouté; s’il a écouté, cela ne veut pas dire qu’il a compris; s’il a compris cela ne veut pas dire qu’il est d’accord; s’il est d’accord cela ne veut pas dire qu’il va faire ce que je dis; et s’il fait ce que je dis cela ne veut pas dire qu’il va continuer à le faire».
C'est toute la difficulté de la prescription médicale, les AOD et les AVK n'échappent pas à cette règle. Cette étude remet les choses à leur place , AOD et AVK, sont globalement équivalents tant sur le plan de la prise en chage thérapeutique que de l'évolution de l'EP. Plus de facilité avec les AOD pour la prescription et l'adhésion thérapeutique des patients en théorie , mais attention ne pas banaliser la prescription des AOD , ce sont des anticoagulants et un certain nombre de patients ne l'ont pas encore compris en 2021 ! C'est la vraie vie aussi ! Ne jamais oublier la distance qui existe entre les résultats des études et la vraie vie. Dans les études les patients sont encadrés, suivis de très près; beaucoup mieux que ce qui se passe dans la vraie vie. Cette distorsion doit être intégrée continuellement, savoir pendre de la hauteur et de la distance, par rapport aux études en général notamment dans les essais thérapeutiques. Je me rappelle ce que Manuel Monreal a dit dans un Tweet au sujet de l'étude HOKUSAI Cancer, seulement 40% des patients de Riete sont concernés, les patients de la vraie vie.......Tout cela fait que la Médecine est un métier merveilleux.........difficile mais passionnant.
Chaque cas est un cas particulier, chaque patient est différent avec sa perronnalité, ses facteurs de co morbidités, les traitements qu'il prend. On ne peut uniformiser les choses à la différence des études. Le suivi des patients dans les études devraient être le même dans la vraie vie, mais bien entendu c'est impossible.Quand les patients quittent une étude par ce qu'elle est terminée , il le regrette toujours, car il se sentait plus suivi, plus écouté , plus en sécurité,etc.
Indicateurs de qualité de vie
https://www.afidtn.com/medias/annuaire_bibliographie/909_template.pdf