" Nos choix sont plus nous que nous.” André Suarès
Géraldine Poenou
@zudenstein
Assistante spécialiste en médecine vasculaire et thérapeutique
(Pr Laurent Bertoletti)
Merci de m’avoir demandé mon avis sur les éléments de la littérature qui ont fait l’année 2022.
Quelle année pour la prévention des évènements thromboemboliques chez la femme enceinte !
En effet, deux grandes études dirigées par le Professeur Saskia MIDDLEDORP sont sorties et vont
littéralement bouleverser les pratiques.
La première, HIGH-LOW, étude multicentrique ouvert randomisée, contrôlée, internationale pour les femmes enceintes avec un antécédent d’ETEV. Pour rappel, les ETEVs sont la deuxième cause de mortalité chez les femmes enceintes et cette complication est prise en charge par la mise en place d’une thromboprophylaxie. Néanmoins, jusqu’à maintenant, aucune étude randomisée d’une telle ampleur avait été réalisée chez les femmes durant la grossesse et durant le post-partum. Après 7 ans de recrutement, c’est 1110 femmes qui ont été randomisées dans le groupe HBPM ajustée au poids versus dans le groupe de dose fixe. Les résultats sont clairs ! Pas de différence dans l’apparition d’ETEV. Un autre résultat intéressant à cette étude est bien que jusqu’à maintenant malgré les diversités des pratiques à défaut d’avoir été efficaces nous n’avons pas mis les patientes en danger sur le plan hémorragiques
Le message est donc une dose fixe pour prévenir les complications thromboemboliques pour la récidive des évènements thromboemboliques liés à la grossesse.
Notons que cet article a été aussi choisi par Nicolas Gendron
https://medvasc.info/1903-mon-article-2022-nicolas-gendron
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(22)02128-6/fulltext
Le deuxième coup d’éclat du Professeur MIDDLEDORP est l’étude ALIFE !
Cette étude vise à investiguer si la mise en place d’un traitement anticoagulant réduit le risque de fausses couches dansles thrombophilies héréditaires. Il reste encore beaucoup de choses à comprendre dans l’associationgrossesse fait thromboser mais est-ce que la thrombophilie induit des fausses couches ? Beaucoupde données de la littérature sont de petites séries, existent et sont parfois contraires. L’ALIFE estencore une étude en ouvert de phase III, randomisée, internationale avec comme points forts d’avoir
comme critères de jugement principal, les grossesses à terme avec naissance à la clé. Les résultats de
ALIFE donnent 3 informations à prendre en compte dans les futures réunions de concertation
pluridisciplinaire qui sont : les HBPM n’améliorent pas le taux de grossesse à terme. Les HBPM nepréviennent pas les fausses couches et il n’est pas nécessaire de faire des bilans de thrombophilie constitutionnelle dans les bilans de fausses couches parce que ces dernières n’ont aucune conséquence thérapeutique.
https://ashpublications.org/blood/article/114/22/488/77097/Aspirin-and-Aspirin-Combined-with-Low-Molecular
Au total, une diminution de l’exposition aux anticoagulants des femmes enceintes et donc une
diminution de la iatrogénie et surtout des quantités d’injections d’HBPM en moins pour nos
chères patientes.
diminution de la iatrogénie et surtout des quantités d’injections d’HBPM en moins pour nos
chères patientes.
Bonne année !
Docteur Géraldine POENOU