“Un des tests de l’autorité est d’identifier un problème avant qu’il ne devienne une urgence.” Arnold H. Glasgow
Doshi S, Shin S, Lapointe-Shaw L, et al. Regroupement temporel des événements de maladie grave dans les services médicaux. JAMA Intern Med. 2023; 183(9):924–932. doi :10.1001/jamainternmed.2023.2629
Étude « No Bed Night » : une nuit passée sur un brancard aux urgences augmente de près de 40% le risque de mortalité hospitalière des patients âgés, qui passe de 11,1% à 15,7%
Les équipes de l’AP-HP, de l’Inserm, de Sorbonne Université, coordonnées par le Pr Yonathan Freund et le Dr Mélanie Roussel (UFR santé de Rouen, Université de Rouen Normandie) ont étudié la mortalité des patients âgés ayant passé une nuit aux urgences sur un brancard en attendant une place d’hospitalisation.
Les équipes de l’AP-HP, de l’Inserm, de Sorbonne Université, coordonnées par le Pr Yonathan Freund et le Dr Mélanie Roussel (UFR santé de Rouen, Université de Rouen Normandie) ont étudié la mortalité des patients âgés ayant passé une nuit aux urgences sur un brancard en attendant une place d’hospitalisation.
Pour la première fois, la preuve scientifique d’une surmortalité chez ces patients est apportée.
Cette étude, réalisée avec l’aide méthodologique de l’équipe de l’Unité de Recherche Clinique URC EST du Pr Tabassome Simon (AP-HP et Sorbonne Université), promue par l’AP-HP, a fait l’objet d’une publication dans la revue JAMA Internal Medicine le 6 novembre 2023.
Importance de cette étude
Les patients du service des urgences qui attendent d’être admis à l’hôpital sur un lit à roulettes peuvent être soumis à des préjudices. Cependant, la mortalité et la morbidité chez les patients âgés qui passent la nuit à l’urgence en attendant un lit dans un service médical sont inconnues.
Objectif
Évaluer si les personnes âgées qui passent une nuit à l’urgence en attendant d’être admises dans un service hospitalier courent un risque accru de mortalité à l’hôpital.
Conception, paramètres et participants
Il s’agissait d’une étude de cohorte prospective de patients âgés (≥75 ans) qui se sont rendus aux urgences et ont été admis à l’hôpital du 12 au 14 décembre 2022, dans 97 urgences à travers la France. Deux groupes ont été définis et comparés : ceux qui sont restés à l’urgence de minuit à 8h00 (groupe de l’urgence) et ceux qui ont été admis dans un service avant minuit (groupe de l’hôpital).
Principaux résultats et mesures
Le critère d’évaluation principal était la mortalité à l’hôpital, tronquée à 30 jours. Les critères de jugement secondaires comprenaient les événements indésirables à l’hôpital (c.-à-d. chutes, infection, saignements, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, thrombose, escarres et dysnatrémie) et la durée du séjour à l’hôpital. Un modèle mixte de régression linéaire généralisée a été utilisé pour comparer les points d’extrémité entre les groupes.
Résultats
L’échantillon total comprenait 1598 patients (âge médian [IQR], 86 [80-90] ans ; 880 [55%] femmes et 718 [45%] hommes), dont 707 (44%) dans le groupe des urgences et 891 (56%) dans le groupe des services. Les patients qui ont passé la nuit à l’urgence avaient un taux de mortalité hospitalière plus élevé de 15,7 % contre 11,1 % (rapport de risque ajusté [aRR], 1,39 ; IC à 95 %, 1,07-1,81). Ils présentaient également un risque plus élevé d’événements indésirables par rapport au groupe de service (RRa, 1,24 ; IC à 95 %, 1,04-1,49) et une durée médiane de séjour plus élevée (9 vs 8 jours ; rapport de taux, 1,20 ; IC à 95 %, 1,11-1,31). Dans une analyse de sous-groupe préspécifié de patients ayant besoin d’aide pour les activités de la vie quotidienne, le fait de passer la nuit à l’urgence était associé à un taux de mortalité hospitalière plus élevé (RRa, 1,81 ; IC à 95 %, 1,25-2,61).
Conclusions et pertinence
Les résultats de cette étude de cohorte prospective indiquent que chez les patients âgés, l’attente d’une nuit à l’urgence avant d’être admis dans un service était associée à une augmentation de la mortalité et de la morbidité à l’hôpital, en particulier chez les patients à autonomie limitée.
Les personnes âgées doivent être admises en priorité dans un service.
Commentaire
Une étude remarquable, il fallait le courage de la faire....la Covid a montré la voie en quelque sorte, mais le problème existait bien avant.
Une étude remarquable, il fallait le courage de la faire....la Covid a montré la voie en quelque sorte, mais le problème existait bien avant.
Des attentes intermidables aux urgences , attentes à haut risque...attentes mortelles pour nos aînés, pour les sujets fragiles pour les populations précaires.
Je vais vous raconter une "histoire que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaîtr ", les gardes aux urgences du CH Avignon, hôpital Sainte-Marthe intra muros.
Je vais vous raconter une "histoire que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaîtr ", les gardes aux urgences du CH Avignon, hôpital Sainte-Marthe intra muros.
J'étais interne entre 1979 et 1982 avec de nombreuses gardes aux urgences :
- Nous étions tous volontaires
- Etre de garde était un honneur
- Les urgences n'étaient jamais embouteillées, attente maxi 1 heure
- Pourqoui l'absence d'embouteillage ?
Parce que dans chaque village autour d'Avignon (+ 50 à 80 km) il y avait un médecin généraliste de garde. Il résolvait le WE et les jours fériés et durant les vacances 80% des urgences médicales.
- Nous étions tous volontaires
- Etre de garde était un honneur
- Les urgences n'étaient jamais embouteillées, attente maxi 1 heure
- Pourqoui l'absence d'embouteillage ?
Parce que dans chaque village autour d'Avignon (+ 50 à 80 km) il y avait un médecin généraliste de garde. Il résolvait le WE et les jours fériés et durant les vacances 80% des urgences médicales.
Quand il avait une urgence à nous adresser , un coup de fil, je t'envois un OAP, une suspicion d'infarctus etc.
- Les urgences et le service de réanimation étaient côte à côte et les autres services de médecine et chirurgie avaient aussi un interne de garde .....
- La population se sentait en sécurité (un médecin à proximité de chaque habitant, 10 à 14 km) car les médecins étaient de garde partout et répondaient aux appels, pas de 15 etc, si ce n'est les pompiers, les médecins étaient accessibles et "couraient la campagne".....et bien sûr faisaient des visites.... et même certains spécialistes (cardiologues notamment)
- Le lendemain de la garde nous étions dans les services à 8 H, pas de repos compensateur, pas de RTT.......
- Cétait une médecine "sacerdotale" en ville et à l'hôpital, nous étions toutes et tous des passionnés de médecine et des volontaires en puissance, bénévolat compris......
MAIS ça c'était AVANT , j'entends cette petite voix........
AUJOURD'HUI c'est très différent , très différent......
Le rétablissement des gardes en médecine libérale réduirait le nombre des "morts indus" des urgences hospitalières....c'est une des solutions......
La garde en médecine de ville fonctionnait à plein régime nuit et jour..... 7j/7j, discours de vieux con mais je l' assume totalement.
Cet exercice de la médecine était passionante, il était "LA MEDECINE", la médecine au coeur des départements, la médecine"AU COEUR" .... et non une médecine expéditive........., une médecine qui n'en est plus vraiment .....une médecine de prestataire de service, mais c'est ainsi......"ainsi soit-il ou ainsi pour le pire......" Ilne faut pas généraliser, mais ce qui se passe aux urgences est symptomatique d'une médecine en fin de course, quant à la nouvelle médecine, on attend......les patients surtout attendent.......