Néoréactionnaire ?
RAPPEL
Partisan de la remise en question des valeurs des Lumières.
L’important est de faire payer le néoréactionnaire qui a quitté le bon troupeau.
— (Éric Brunet, Être de droite : un tabou français, 2006)Il raconte au contraire comment le dessin de presse est pris en étau entre "néo-réacs" et "wokes", deux générations que tout oppose en termes d'humour. Une opposition qui permet au dessin de presse d'évoluer pour le meilleur selon lui. S'il dénonce les idées rances des "néo-réacs", il invite à écouter les "wokes". Tout en "se méfiant des stéréotypes qui peuvent être maintenus dans le dessin de presse", cette génération offre aux dessinateurs un nouveau cadre de réflexion pour devenir "de meilleurs humoristes politiques" et "de plus fins analystes de la société", insiste Aurel.
— ("On refuse les meilleurs dessins": dix ans après l'attentat de Charlie Hebdo, le lent déclin de la caricature, BFM TV, 7 janvier 2025)Comme le résume Land, si les néoréactionnaires prennent acte du fait que l’État ne peut pas être simplement aboli, ils considèrent qu’il peut certainement être purifié de la démocratie.
— (Norman Ajari, Dark Gothic MAGA : Elon Musk, la néoréaction et l’esthétique du cyberfascisme, Lundimatin, 27 janvier 2025)
ACCELERATIONNISME
Dans son essai A Quick-and-Dirty Introduction to Accelerationnism, Nick Land cite un certain nombre de philosophes qui ont exprimé des idées de nature apparemment accélérationniste. Il inclut Karl Marx et son Discours sur la question du libre-échange de 1848, qui promet le libre-échange sur des arguments potentiellement accélérationnistes :
« Mais en général, de nos jours, le système protecteur est conservateur, tandis que le système du libre-échange est destructeur. Il dissout les anciennes nationalités et pousse à l'extrême l'antagonisme entre la bourgeoisie et le prolétariat. En un mot, le système de la liberté commerciale hâte la révolution sociale. C'est seulement dans ce sens révolutionnaire, Messieurs, que je vote en faveur du libre-échange. »
Dans une veine similaire, Friedrich Nietzsche affirme que « Le nivellement de l'homme européen est le grand processus que l'on ne saurait entraver : on devrait encore l'accélérer », une déclaration souvent simplifiée, à la suite de Deleuze et Guattari, en une injonction à « accélérer le processus»
https://fr.wikipedia.org/wiki/Acc%C3%A9l%C3%A9rationnisme
Curtis Yarvin est la figure intellectuelle qui émerge de la galaxie trumpiste. Son projet politique, défini comme « néoréactionnaire », propose d’en finir avec l’idée démocratique et de structurer le gouvernement comme une entreprise dirigée par un monarque absolu.
Depuis l’investiture de Donald Trump et ses premières mesures de gouvernement, émerge le nom d’un mouvement intellectuel qui serait l’inspiration secrète de la nouvelle administration : la néoréaction, aussi désignée par l’expression « Lumières sombres » (Dark Enlightenment).
À la tête de ce mouvement, le blogueur Curtis Yarvin, très proche de Peter Thiel, de Marc Andreessen (milliardaire et conseiller informel du président), mais aussi des cadres politiques comme J. D. Vance et Michael Anton.
Yarvin aurait ainsi favorisé l’ascension politique d’Elon Musk et serait notamment à l’origine du plan Gaza.
Il semble difficile, à brûle-pourpoint, de déterminer avec précision l’influence des idées néoréactionnaires sur la nouvelle administration, ce qui supposerait de mener une enquête de terrain.
Néanmoins, nous pouvons dès maintenant nous intéresser à la pensée néoréactionnaire.
D’où vient-elle ? Quelles sont ses propositions normatives ? En d’autres termes, en quoi consiste la théorie politique néoréactionnaire qui semble inspirer les premières mesures de la nouvelle administration ?
D’où vient la néoréaction ?
Pour saisir toute la spécificité du courant néoréactionnaire, il faut accepter de la voir comme une véritable contre-culture intellectuelle. La néoréaction émerge sur Internet, à travers des blogs et des forums, mais aussi à travers la rencontre virtuelle de deux figures clés : Curtis Yarvin et Nick Land. Nous pouvons isoler deux moments fondateurs dans la structuration de la constellation néoréactionnaire.
En avril 2007, Curtis Yarvin, un ingénieur américain, lance son blog Unqualified Reservations sous le pseudo Mencius Moldbug. Son premier texte, « A Formalist Manifesto », annonce avec grande clarté son projet politique.
Yarvin se présente comme un libertarien convaincu, mais déçu. Le libertarianisme, qui vise la limitation ou la disparition de l’État au profit d’un libéralisme dérégulé, est « une idée évidente » qui « n’a jamais pu être appliquée en pratique ».
L’erreur des libertariens est, selon lui, de voir leur idéologie comme « l’apogée de la démocratie », alors que celle-ci est fondamentalement « inefficace et destructrice » (Yarvin reconnaît à ce titre sa dette à l’égard de Hans-Hermann Hoppe, disciple de Rothbard).
Entre 2007 et 2008, grâce à un style provocateur et une grande productivité, Yarvin se constitue un contingent de lecteurs – principalement issu des cercles libertariens états-uniens. Rejetant avec fermeté le progressisme comme étant l’une des raisons pour lesquelles nous ne parvenons pas à nous défaire de l’absurdité démocratique, Yarvin se définit lui-même comme réactionnaire, ou même néo, post ou ultraréactionnaire. C’est le terme néoréactionnaire qui sera repris, à partir de 2010, pour décrire la néoréaction comme un mouvement intellectuel à part entière.
Le second moment tient à la découverte de Yarvin par Nick Land. Ce dernier est un ancien philosophe de l’Université de Warwick, figure de proue du CCRU, un collectif intellectuel d’avant-garde. Défendant une perspective « accélérationniste », Land critique le « misérabilisme » d’une gauche qui essaie vainement de contenir les effets néfastes du capitalisme, il faudrait au contraire épouser son mouvement et l’accentuer. Son accélérationnisme inconditionnel le pousse à adopter une position procapitaliste et à s’intéresser à la pensée de Yarvin. À partir de mars 2012, sur son blog Urban Future (depuis supprimé), il lui consacre une série d’articles intitulée « The Dark Enlightenment ». Cette série d’articles va conférer à la néoréaction une véritable notoriété en ligne et lui permettre de se constituer comme une contre-culture intellectuelle.
La théorie politique néoréactionnaire
S’il est une théorie politique néoréactionnaire, elle est à trouver sous la plume de Yarvin qui annonce l’ambition, dès son premier article, de « construire une nouvelle idéologie ». Si Yarvin la présente comme un dépassement du libertarianisme, il la décrit comme formaliste et néocaméraliste. Essayons d’expliquer ces termes.
L’élément fondamental de la pensée de Yarvin est la question de l’efficacité des systèmes politiques. Un modèle politique est bon s’il parvient à éviter la violence, c’est-à-dire l’apparition de conflits dont l’issue est incertaine. En cela, la politique est une lutte entre ordre et chaos au sein de laquelle « le bien, c’est l’ordre ».
Toute autre question, comme la pauvreté et le réchauffement climatique, est insignifiante. Il ne s’agit pas de réimaginer un ordre social plus juste, mais d’affermir l’ordre existant. Cette approche, que Yarvin nomme formalisme, n’a d’autre souci que de construire une ingénierie politique efficace.
C’est dans cette perspective formaliste que Yarvin analyse l’État américain comme une gigantesque entreprise complètement engluée dans son inefficacité. Parce que le personnel politique est enferré dans une mystique démocratique et dans une obsession de justice sociale, la politique américaine manque de cohérence. Personne ne sait vraiment qui est aux commandes, ni dans quel but.
Afin de régler le problème, Yarvin propose d’en finir avec l’idée démocratique et de restructurer le gouvernement sur le mode d’une entreprise souveraine (une SovCorp) dont la direction serait confiée à un PDG. Celui-ci prendrait les décisions gouvernementales les plus efficaces pour assurer la prospérité de l’État. Et si vous n’êtes pas satisfaits du service que propose ce gouvernement, vous n’avez qu’à vous en trouver un autre.
Pour Yarvin, cette réponse formaliste revient tout simplement à rétablir la monarchie absolue. En ce sens, il se déclare « royaliste », ou « restaurationniste », et considère que le PDG du gouvernement-entreprise n’est rien d’autre qu’un monarque.
Selon lui, la monarchie est une forme politique extrêmement stable, contrairement à la démocratie.
Yarvin nomme son modèle « néocaméralisme », en référence au caméralisme de Frédéric II de Prusse (théorie mercantiliste, adossée à la monarchie, visant à accroître la prospérité économique de l’État).
Néanmoins, le caméralisme n’est pas le seul modèle auquel Yarvin se réfère. Les cités-États comme Dubaï ou Singapour sont, selon lui, des prototypes des futurs États néocaméralistes.
Éviter les confusions : néoréaction, conservatisme, « alt-right », « accélérationnisme »
Afin de ne pas se méprendre sur la nature idéologique de la pensée néoréactionnaire, il est important d’éviter certaines confusions intellectuelles.
Tout d’abord, bien que Yarvin soit un défenseur de l’ordre, nous n’avons pas affaire à une simple pensée conservatrice. Yarvin ne promeut pas la préservation de valeurs morales ou religieuses (il se présente d’ailleurs comme athée, ou non théiste).
Il condamne violemment les conservateurs qui, en miroir des progressistes, sont incapables de penser le pouvoir tel qu’il est. Selon Yarvin, les conservateurs sont consubstantiellement arrimés à la démocratie. Le caractère réactionnaire de la pensée de Yarvin se traduit dans une volonté de dissoudre le politique dans une ingénierie économique autoritaire (il loue à ce titre, la prospérité et l’« absence de politique » à Singapour, à Dubaï et à HongKong).
Si la néoréaction et l’alt-right partagent le refus du conservatisme traditionnel, ces deux courants ne nous semblent pas se confondre pour autant.
L’alt-right est populiste et à tendance suprémaciste, dans le sens où certaines composantes affirment clairement l’idée d’une supériorité raciale blanche. La néoréaction est, quant à elle, essentiellement formaliste et élitiste. Les néoréactionnaires méprisent le populisme comme étant fondamentalement démocratique : s’il y a un changement politique, il ne pourra venir que d’en haut.
Bien entendu, ces deux constellations intellectuelles ne sont pas imperméables et peuvent converger stratégiquement. Ainsi, lorsque Yarvin se défend de compter parmi les suprémacistes, il s’empresse de préciser qu’il les lit avec attention.
La néoréaction est parfois assimilée à l’« accélérationnisme » du fait de ses liens avec Nick Land. Si ces tendances convergent, il faut néanmoins être précis. Land est accélérationniste avant d’être néoréactionnaire. S’il considère la néoréaction comme un instrument efficace de destruction du « grand mécanisme de freinage » qu’est le progrès, elle reste un « accélérationnisme avec un pneu à plat » (« Re-Accelerationism », publié sur le site XenosystemNet, le 10 décembre 2013, depuis supprimé). Inversement, si Land a incontestablement contribué à sa popularité, Yarvin ne le cite pas et reste perméable à une perspective accélérationniste.
La pensée néoréactionnaire est avant tout une pensée de l’ordre.........
Commentaire
TRUMP and CO nous embarque dans une dystopie catastrophique, 1984 d'Orwell est sa bible. Rien ne semble pouvoir l'arrêter mais les manifestations anti TRUMP commencent à se multiplier.C'est la rue qui peut mettre fin à ses délires quotidiens. Son projet politique, défini comme « néoréactionnaire », propose d’en finir avec l’idée démocratique et de structurer le gouvernement comme une entreprise dirigée par un monarque absolu. On croit vivre un cauchemar, mais non c'est dans la vraie vie"made in USA" , le pays de la liberté !!!!!!!!. Les fous du roi s'agitent MUSK and VANCE , le monarque a quitté notre monde, a quitté la démocratie, mais est-ce qu'il sait où il va ?
Est-ce qu'il est conscient de l'enfer qu'ils annoncent ?
Ses discours erratiques sément la discorde dans le monde.
Ses décisions à l'emporte piéce n'ont pas de logiques, on sent une improvisation permanente.
Si vou voulez percer sa personnalité, lisez les mémoire de Roy Cohn, avocat du père de Trump et de Trump lui même, son mentor.
Sa stratégie est bien décrite par Sam Roberts : "Premièrement, ne transigez jamais, n'abandonnez jamais; deuxiémement contre attaquez immédiatement; troisiémement peu importe ce qui arrive, peu importe à quel point vous êtes dans la mouise, revendiquez toujours la victoire"
Roy Cohn a été aussi l'avocat de la mafia,c'était un homosexuel qui décéde en 1986 du sida
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‘Où est mon Roy Cohn ?’’ Ce cri lancé par Donald Trump à la Maison Blanche peu après son investiture a sonné comme un aveu. J’ai suivi le président des Etats-Unis à travers le pays en tant que correspondant de RTL, j’ai observé ses méthodes, j’ai pensé le comprendre. Mais ce n’est qu’en enquêtant sur Roy Cohn que j’ai pu déceler ce qui constitue fondamentalement le président américain le plus déroutant de l’histoire. "Philippe Corbé
"Je n'écris pas de lettres polies. Je n'aime pas négocier. J'aime me battre." Roy Cohn
"Je ne veux pas savoir quelle est la loi, je veux savoir qui est le juge." Roy Cohn
"Je fais ressortir le pire chez mes ennemis et c'est ainsi que je les amène à se vaincre eux-mêmes. Roy Cohn"
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« J'ai le pressentiment de l'Amérique du temps de mes enfants ou petits-enfants : lorsque les États-Unis seront une économie de services et d'information ; lorsque la quasi-totalité des industries manufacturières auront disparu ; lorsque d'immenses puissances technologiques seront aux mains d'une minorité, et que personne ne pourra jamais, par l'intérêt général, saisir les enjeux ; lorsque les citoyens auront perdu la capacité de définir leurs propres priorités ni de remettre en question les autorités ; lorsque, scrutant nos boules de cristal et consultant nerveusement notre horoscope, notre esprit critique déclinant, incapables de distinguer ce qui semble bon du vrai, nous sombrerons, presque sans nous en rendre compte, dans la superstition et l'obscurité… » [Carl Sagan dans « Le monde hanté par les démons : la science comme une bougie dans le noir » (1977)]
NOUS Y SOMMES !!!!!!!!!!!!
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