iconographie : https://hominance.com/objets-connectes-commerciaux/
"S'il y a une chose à laquelle je tiens parmi les objets connectés, c'est bien mes neurones." Daniel Confland
"Chaque euro investi dans les objets connectés pourrait produire jusqu’à 6 euros de gain de productivité, de pouvoir d’achat et d’économies de temps monétisées."
Etude A.T Kearney dans le cadre du rapport de l'Institut Montaigne.
"Ta manière de penser s'orientera d'après la nature des objets que tu représentes le plus souvent, car c'est des représentations que l'âme prend sa couleur." Marc Aurèle
Article rédigé par : Léa Lepoix, Doctorante en Droit de la Santé - Université de Laorraine, Nancy
Le « Quantified-self » traduit de l’anglais par « auto-mesure de soi » est apparu en Californie en 2007 : il consiste à mesurer des données relatives à notre organisme à nos activités physiques. (Brouard Benoît, « Chapitre 2. Utilisation des Big Data en santé : le cas des objets connectés », Journal international de bioéthique et d'éthique des sciences, 2017/3 (Vol. 28), p. 27-30).
Le Quantified-self permet de mesurer un grand nombre de paramètres : nombres de pas marchés par jour, pression artérielle, niveau de stress, mesure du taux d’oxygène dans le sang, durée et qualité du sommeil, ces données sont récoltées en temps réel par le porteur lui-même.
A l’origine, ces systèmes de surveillance médicalisée personnelle et perpétuelle étaient à destination des patients atteints d’une maladie (c’est ce qu’on appelle la santé connectée) : ceux-ci doivent suivre leurs constantes afin de « surveiller » leur pathologie : le contrôle de glycémie par exemple.
Mais cela s’adresse désormais aux personnes non porteuses d’une pathologie mais qui souhaitent mesurer des données sur leur prise alimentaire, leur exposition aux UV ou à la pollution, c’est une destination d’agrément, non médicale et tournée vers le bien-être.
L’utilisation de ces objets connectés en santé doivent leur rapide et exponentiel développement en ce qu’ils apportent un nouveau soutien aux professionnels de santé ainsi qu’aux usagers.
De plus en plus utilisés, nous pouvons distinguer les avantages à l’utilisation des objets connectés (OC) . En ce qu’ils améliorent la prise en charge globale des patients (partie I) mais relèvent une réelle plus-value pour le patient porteur du dispositif (partie II).
https://mbamci.com/securite-objets-connectes/
L’Objet connecté comme facteur d’amélioration collective
Partie I
« Les soins délivrés aux patients atteints de maladies chroniques liées au vieillissement dominent correspondent à plus de 70% des coûts de santé dans les pays développés […] les coûts d’hospitalisation liés aux complications en sont responsables ». La télésurveillance au domicile permet de diminuer les deniers attribués à l’hospitalisation. « Un domicile augmenté par les objets connectés et les technologies communicantes de la e-santé et reconnu comme le pivot du parcours de santé » permettrait une meilleure allocation des ressources de la collectivité.
Selon la Fédération des établissements d’hospitalisation à domicile, l’ouverture de 500 places en HAD par département représenterait une économie de 1,7 milliard d’euros environ (DELANDE (Guy), « Le domicile, nouvel horizon du sanitaire et du médico-social », RDS, n° 78, 2017, p. 594-597).
Les avantages attendus des objets connectés se mesurent aussi dans le suivi des patients, Olivier Babinet cite, sans être exhaustif, que le recours aux OC permet (Babinet Olivier, Isnard Bagnis Corinne, « 7. Quelles sont les promesses et les peurs associées aux objets connectés ? », dans : La e-santé en question(s). sous la direction de Babinet Olivier, Isnard Bagnis Corinne. Rennes, Presses de l’EHESP, « Débats Santé Social », 2020, p. 87-97)
- une diminution des erreurs de saisies de 15 % ;
- une meilleure traçabilité des horaires de mesure ;
- une plus grande fiabilité des résultats (un enregistrement continu versus ce qui est noté dans le carnet du diabétique) ;
- une meilleure disponibilité, par la connexion avec un système expert ou un système d’alerte permettant une intervention médicale ou une consultation à distance.
Le recours massif aux OC permettrait aussi une revalorisation des compétences dévolues aux professionnels de santé : le temps ainsi libéré permet aux soignants de se recentrer sur des missions à forte valeur ajoutée qui nécessitent les compétences des professionnels de santé. Le temps ainsi gagné sera très certainement au bénéfice du patient.
Enfin, la conception et le développement des produits de l’Intelligence Artificielle (IA) peut être à l’origine d’une nouvelle spécialité « Comme indiqué, la conception puis le développement de produits d’IA médicale nécessite un haut degré d’expertise. Les médecins sont donc appelés à être une partie prenante centrale dans ce processus qui, de plus, est un processus continu […] le nombre d’applications étant pratiquement illimité, le besoin de main-d’œuvre médicale va sans doute être considérable. Il est à prévoir des interactions permanentes associées à des réévaluations perpétuelles entre l’homme et la machine. (Zeitoun Jean-David, Ravaud Philippe, « L’intelligence artificielle et le métier de médecin », Les Tribunes de la santé, 2019/2 (N° 60), p. 31-35)
L’apport pour la recherche est aussi considérable : « la taille des cohortes utilisées dans ces études et sans commune mesure avec les études classiques qui ne font pas appel aux objets connectés. Le temps nécessaire pour réaliser ce type d’étude change lui aussi de paradigme : là où il fallait parfois plusieurs mois pour récolter les informations nécessaires, il est dorénavant possible d’extraire et analyser ces grands ensembles de données numériques en quelques jours ». (Babinet Olivier, Isnard Bagnis Corinne, « 7. Quelles sont les promesses et les peurs associées aux objets connectés ? », dans : La e-santé en question(s). sous la direction de Babinet Olivier, Isnard Bagnis Corinne. Rennes, Presses de l’EHESP, « Débats Santé Social », 2020, p. 87-97).
Enfin, Internet est aussi un outil de surveillance épidémiologique, l’usage des réseaux sociaux a démontré une occurrence des mots « toux sèche » « pneumonie » sur utilisée par les internautes avant même que m’épidémie de Covid-19 ne soit identifiée et nommée « En revanche, les résultats sont tout à fait pertinents sur le plan épidémiologique : ils montrent comment un pathogène peut commencer à se propager lentement dans la population avant d’être identifié et avant qu’une augmentation exponentielle attire l’attention » (Marcus Dupont-Besnard, Des indices de la pandémie étaient-ils présents sur Twitter avant qu’elle soit identifiée ? Numerama).
https://ma-sante-connectee.fr/les-objets-connectes-pour-la-sante/
Partie II
Mais le succès des OC est surtout dû aux avantages qu’ils confèrent à leurs adeptes. Le patient voit directement le lien entre les comportements dits à risque (alimentation, tabac, stupéfiants,..).
Les utilisateurs sont encouragés : l’objet connecté fidélise le patient ; plus il l’utilise, plus il est encouragé par l’application et plus l’application recueille des données, plus elle peut l’encourager à l’utiliser davantage. Plus l’utilisateur est abreuvé d’information, plus il est enclin à s’améliorer afin d’être perpétuellement récompensé par l’application : c’est le nudge : « Développée par le prix Nobel d'économie 2017 Richard Thaler, cette technique issue de l'économie comportementale se propose d'influencer nos comportements dans notre propre intérêt. Cela signifie une petite intervention dans notre environnement qui modifie les mécanismes du choix, c'est-à-dire le comportement des gens, pour les influencer dans un sens qui correspondrait mieux à leur propre intérêt ou à l’intérêt général » (France Culture podcast « Connaissez-vous le nudge ? », par Anne-Laure Chouin, 2018).
Autre point positif, les objets connectés permettent au patient de s’approprier sa pathologie, en devant acteur du soin, plus à même à comprendre les données de santé et les comportements à adopter. Le patient est responsabilisé. Ainsi, le patient diabétique n’est plus tenu de procéder à un contrôle capillaire lorsque ses lunettes connectées peuvent via l’analyse de son iris mesurer son taux de glycémie, et cela , par un contrôle aussi fiable mais moins invasif. Le gain en termes de confort pour le patient est considérable : moins de contrôle invasifs, moins d’analyses en laboratoire, résultats instantanés.
Le patient est bien plus autonome dans sa prise en charge et libère le patient des contraintes de ses pathologies (puisque le recueil de données est indolore et peut se faire sans acte positif de sa part, la charge mentale du malade s’allège). Le patient est d’autant plus autonome que celui-ci choisi les moments pour analyser ses données et il n’est plus astreint à des rendez-vous aussi régulier avec le professionnel de santé. De ce fait, les analyses pratiquées en ambulatoire peuvent désormais s’effectuer au domicile du patient, pendant ses congés ou sur son lieu de travail. Le patient est ainsi moins contraint par sa pathologie, et la gestion de celle-ci semble presque s’effacer.
C’est ce que l’on appelle l’empowerment des patients : ceux-ci prennent en main leurs pathologies, certains devenant même des patients experts,c’est à dire des formateurs sur la pathologie de part les connaissances acquises en tant que patient.
Les patients deviennent des sachants et sont davantage enclins à accepter le diagnostic et les traitements. Pour de nombreux parents, le recueil de données via des objets connectés facilite la prise de traitement et le contrôle des données de leur enfant. Ainsi, certains services de maternité possèdent des doudous « thermomètre » afin de mesurer la température des enfants en continu et sans que celui-ci soit effrayé par l’instrument médical. Nous pouvons tout aussi bien imaginer des couches ou des bodys connectées. Si pour les enfants, le recueil de données en soit n’est pas modifiée (exemple : prise de température,..) cela permet de se dérouler de manière plus confortable.
Les objets connectés disposent également d’une fonction d’urgence, permettant de contacter le professionnel de santé de façon immédiate. De plus, une fonction d’alarme existe sur certains appareils connectés notamment ceux mesurant l’activité cardiaque : le patient est notifié et le professionnel de santé est informé de l’anomalie relevée par l’objet connecté. Le professionnel de santé, ayant accès à l’ensemble des données est plus à même de choisir la réponse à apporter. En effet, la détection précoce des anomalies, avant même que le patient et le professionnel de santé ne s’en soient rendus compte est un réel progrès dans la qualité des soins apportés. L’objet connecté mesure aussi l’observance du traitement et il est davantage aisé au professionnel de santé de repérer un patient en rupture de soins. Le professionnel informé, peut ainsi réagir en proposant un rendez-vous à son patient afin de connaitre ses motivations concernant l’arrêt du traitement.
Enfin, la grande maniabilité des objets et leur ergonomie font que ceux-ci sont facilement « portables »: montre, bracelet, bagues, vêtements et sous-vêtements . Leur utilisation est facilitée et les patients n’ont pas conscience d’agir pour leur santé en accrochant leur montre le matin.