Avant de lancer cette arme dont il ne doutait pas de l’efficacité — car il ne doutait jamais — il expérimenta son arme sur un petit champ de bataille situé en Catimini avec une étude contrôlée (par lui-même), minicentrique, dans laquelle les témoins étaient ceux qui avaient refusé le traitement ou ceux qui étaient traités en dehors de la Catimini. Le protocole avait été soumis à Comitédétix lequel avait donné son accord. Les résultats furent considérés par les auteurs comme très bons, les asymptomatiques le restèrent, certains furent perdus de vue, certains partirent en réanimation parfois après avoir négativé leur charge virale dès le deuxième jour du traitement miracle. Les sujets contrôles eurent un sort moins enviable. Devant l’urgence, l’article fut soumis à une revue dont l’un des coauteurs était le rédacteur en chef. Ces résultats convainquirent beaucoup de personnalités du monde du spectacle, du sport et de la politique et tous les scientifiques travaillant dans l’institut d’Hégémonix, à l’exception des autres, ceux du reste du monde qui conclurent lâchement qu’aucune conclusion ne pouvait être tirée de ce parchemin.
Dès lors, la France se coupa en deux : les pro-Hégémonix qui virent dans le doute exprimé par la communauté scientifique la marque d’un complot ourdi par le consortium politico-industrialo-commercial visant à discréditer le prophète phocéen et les autres, non pas anti-Hégémonix, mais simplement formés à une médecine rigoureuse fondée sur des preuves solides et qui accepteront sans état d’âme l’arbitrage que constitueront des études cliniques bien conduites, quel qu’en soit le résultat.
Mais Hégémonix a par avance demandé que l’arbitre se rende en un lieu confiné où se sont dirigés tous ceux qui osent refuser un but à l’équipe locale parce que l’un de ses joueurs s’est mis hors-jeu