Un invité : Pr JF Schved Professeur en Hématologie et Transfusion, Faculté de Médecine de Montpellier

Signé  JF SCHVED
                   
                       La nouvelle Guerre des Gaules (partie 1)

Privés du Stadium Velodrum, les Phocéens s’ennuyaient de ne pouvoir chercher querelle aux Lutéciens et plus particulièrement aux Germains Lutéciens qu’ils se plaisaient à vouer à un supplice dérivé de celui du pal. 


Ils trouvèrent donc leur héros : Hégémonix. Il avait le gabarit d’Astérix, la finesse d’Obélix et la pilosité de Panoramix ce qui lui valait le surnom de Paranomix. Il était couvert de médailles et décoration grâce aux nombreux combats qu’il avait menés contre la vermine et plus précisément la microvermine. Son plus beau combat, il l’avait gagné par KO dès la première reprise contre Autocritix qui depuis n’avait plus jamais osé se frotter à lui, le jugeant infréquentable.

Or voici qu’il lui prit de mener combat contre la Gaule entière en s’attaquant à sa capitale, Lutèce. Le prétexte fut l’invasion des terres émergées par Microvirus, un ennemi auquel il n’avait pas cru bon d’accorder de l’importance. Il avait dans un oracle prémonitoire proféré au mois de Janus de l’an XX, déclaré : « Il se passe un truc où il y a trois chinois qui meurent… ça fait une alerte mondiale… tout cela est fou » et aussi « c’est tellement dérisoire que ça finit par être délirant » et il terminait ce prêche visionnaire en constatant : « Les gens ont pas de quoi s’occuper alors ils vont chercher en Chine de quoi avoir peur… c’est pas sérieux. » Or il advint que ce micro-organisme qu’il avait honoré d’un mépris égal à celui qu’il porte à ses congénères, probablement vexé de n’être pas mieux considéré, se prit au sérieux et décida d’attaquer l’humanité tout entière. Chacun prit peur, se masqua, se cagoula, se ganta, s’hydro alcoolisa, se désinfecta, se barricada, se distancia, et même se confina. Les commerces fermèrent, les rues se vidèrent, les avions furent cloués au sol, les trains s’arrêtèrent sans grève, une grave pénurie de papier-toilette s’installa faisant craindre le pire si le virus s’en prenait au tube digestif ; des termes issus de l’histoire oubliée des grandes guerres resurgirent : couvre-feu, laissez-passer, hôpitaux de campagne, interdictions de rassemblement, quarantaine.

On laissa les supermarchés ouverts, mais on ferma les marchés ouverts, dans les maisons de retraite rebaptisées EHPAD, s’installa un fort déséquilibre entre entrées et sorties, bref on voyait arriver après les sept fléaux de l’Égypte, le troisième fléau de l’infectiologie : succédant à la peste noire du XIVe, à la grippe espagnole du XXe, la pandémie virale du XXIe. Furieux que de ces trois génocides ait été omis celui du XVIIIe qui resta confiné à Marseille, Hégémonix décida d’en découdre avec la petite bête, mais surtout avec les Lutéciens et leurs centurions de France et d’ailleurs. Il lui fallait une arme et n’avait guère le temps d’en inventer une nouvelle. Il sortit donc de ses tiroirs un vieux remède issu des recherches des pères Jésuites du Pérou qui le produisaient à partir de l’écorce couvrant l’arbre aux fièvres. Les procédés de préparation avaient certes évolué, les chimistes et la résochine avaient remplacé les arboriculteurs, mais le principe restait le même.