"L’époque est à une fragilisation du savoir scientifique, à une inquiétante équivalence de toute parole. Ce qui rend les mauvaises habitudes de la recherche médicale plus inacceptables que jamais. Comme l’écrivait en 2015 Richard Horton, le rédacteur en chef du Lancet : « Une grande partie de la littérature scientifique, peut-être la moitié, pourrait tout simplement être fausse. Affectée par des études avec des échantillons de petite taille, des effets minuscules, des analyses exploratoires invalides et des conflits d’intérêts flagrants, ainsi que par une obsession de suivre des tendances d’importance douteuse à la mode, la science a pris un tournant vers l’obscurité… » Près de dix ans après, rien n’a changé. Il y a urgence à ne plus négliger cette pathologie collective. " RMS 880 Bertrand Kiefer
N Engl J Med. 2024 Jun 27;390(24):2234-2236. doi: 10.1056/NEJMp2402018. Epub 2024 May 15. PMID: 38749030.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/38749030
Article très intéressant
"Le changement climatique induit par l’homme et la destruction de la nature constituent une urgence sanitaire mondiale. D’ici 2030, on estime que 2 milliards de personnes vivront dans des zones considérées comme peu adaptées au maintien de la vie humaine. Les phénomènes météorologiques extrêmes, l’insécurité hydrique et alimentaire et le risque de maladies infectieuses augmentent.
....................L’évaluation de nouvelles interventions implique généralement la réalisation d’essais contrôlés randomisés (ECR) qui évaluent les avantages et les inconvénients cliniques.
Ce n’est qu’après la mise en œuvre clinique, voire pas du tout, que les effets environnementaux de certaines interventions ont généralement été évalués. Nous pensons que l'empreinte carbone d'une intervention doit être examinée parallèlement à ses avantages et inconvénients cliniques. L'infrastructure des essais cliniques est conçue pour générer des données de haute qualité et peut être bien adaptée à la réalisation d'analyses de l'empreinte carbone des interventions avec la même rigueur et le même contrôle dans la conception et la conduite que les évaluations des paramètres cliniques. Ces données pourraient éclairer les décisions des régulateurs et des décideurs politiques, soutenant ainsi le recours à des interventions ayant le fardeau environnemental le plus faible possible....................
.................................La méthode privilégiée pour quantifier l’empreinte carbone et les autres effets environnementaux des interventions de soins de santé est l’analyse du cycle de vie (ACV). Les ACV sont des analyses systématiques qui évaluent les effets environnementaux des produits (ou des processus impliquant divers produits) depuis l'extraction des matières premières jusqu'à la production, l'utilisation et l'élimination ou le recyclage. L’ACV prend en compte un large éventail d’effets environnementaux. Parmi ces effets, l’empreinte carbone d’une intervention reflète son potentiel de réchauffement climatique. Cette mesure est exprimée en équivalents de dioxyde de carbone, qui représentent la quantité totale de dioxyde de carbone et d'autres gaz à effet de serre émis. D'autres catégories d'effets environnementaux comprennent l'utilisation des terres et de l'eau, l'acidification, la perte de biodiversité et les effets sur la santé humaine. Compte tenu de la nécessité immédiate de réduire les émissions et de s'aligner sur les normes de reporting d'autres secteurs, nous suggérons que les essais cliniques incluent une analyse d'impact environnemental avec l'empreinte carbone comme point final........................................................
.............................Avoir accès aux données cliniques et à l’empreinte carbone d’un même groupe de patients est important pour formuler des recommandations de traitement durables. Si les résultats cliniques sont similaires parmi les groupes d’étude mais que les empreintes carbone diffèrent, les régulateurs et les décideurs politiques peuvent recommander l’option à faible émission de carbone. Par exemple, les deux gaz anesthésiques sévoflurane et desflurane ont montré dans de nombreux ECR une efficacité similaire en termes de paramètres cliniques les plus importants. Cependant, 1 kg de sévoflurane a un potentiel de réchauffement climatique égal à l'émission de 130 kg de dioxyde de carbone, alors que la même quantité de desflurane a un potentiel de réchauffement climatique égal à 2 540 kg de dioxyde de carbone (en partie parce qu'il a une émission atmosphérique beaucoup plus longue). durée de vie que le sévoflurane). Le desflurane reste néanmoins l'un des anesthésiques les plus utilisés dans de nombreux pays. Si l’évaluation de l’empreinte carbone avait été incluse comme point final des essais cliniques sur les gaz anesthésiques, le desflurane n’aurait peut-être pas été autorisé à la commercialisation ni largement mis en œuvre.............................
...................................Les ECR constituent la référence en matière d’évaluation des avantages et des inconvénients des interventions médicales ; leurs résultats ont le potentiel de changer la pratique clinique. Dans le contexte de crise climatique, nous pensons que les ECR devraient aborder les impacts environnementaux en plus de l'efficacité clinique. Les spécialistes des essais cliniques peuvent soutenir l’utilisation d’approches durables et fondées sur des données probantes dans la pratique clinique, offrant ainsi des avantages aux patients actuels et futurs."
Actualité / 18 juin 2024 , ANAP
Mon Empreinte Carbone : estimez instantanément vos émissions de CO
Etablissements de santé et médico-sociaux publics, l'Anap met à votre disposition un outil exclusif pour accompagner votre décarbonation. Il permet une data visualisation instantanée de vos émissions de gaz à effet de serre. Participez à nos webinaires pour prendre en main cet outil et en faire un levier opérationnel.
« Intégrant les données de plus de 13 000 établissements sanitaires et médico-sociaux, Mon Empreinte Carbone est un outil inédit pour mesurer et suivre la décarbonation du système de santé. Il offre en quelques secondes une photographie de l’impact carbone du secteur et des principaux postes d’émissions sur lesquels agir. » affirme Emeline Flinois, directrice générale adjointe de l’Anap. Accélérez votre décarbonationMon Empreinte Carbone est un outil de datavisualisation qui permet d'estimer les émissions de CO2 du secteur public de la santé à trois échelles différentes : nationale, régionale, structure juridique (FINESS) des établissements sanitaires et médico-sociaux. Vous pourrez suivre, sur plusieurs années, l’évolution des émissions de gaz à effet de serre du secteur. Cet outil s’appuie sur la méthode dite « monétaire » qui convertit des euros en tonnes de CO2 à l’aide de facteurs d’émissions. Les valeurs monétaires sont extraites automatiquement de la comptabilité générale des établissements via la plateforme Diamant. De ce fait, seuls les établissements publics ont pu être intégrés à l’outil. Les données de 13 000 établissements publics sont recensées et l'outil vous permet de visualiser 8 postes d’émissions CO2 :
En libre accès, cet outil vous permet de vous soustraire à la contrainte de la collecte en utilisant des données directement disponibles. La visualisation est totalement automatique, avec une mise à jour annuelle des données carbone. L’outil ne se substitue pas à la réalisation d’un Bilan carbone® réglementaire, mais vous permettra de bénéficier d’une première approche générale. |
Commentaire
On peut rapprocher cet article de la pertience des soins en médecine : le bon patient, le bon traitement au bon moment.
Si l'empreinte crabone des ECR est une réalité et qu'elle pourrait être réduite...(mais quand et comment) la décision médicale présente elle aussi une empreinte carbone significative qu'il serait possible de réduire aussi , tout au moins d'essayer............Mais cette pertience "carbone" doit être intégrée à tout ce qui concerne la médecine, établissements de soin compris (cf ci dessus , référence ANAP)
Comment peux t-on réguler cette empreinte carbone dans l'exercice de la Médecine dans la "VRAIE VIE" ?
* Réduire la prescriptions des examens d'imagerie (échographie, scanner, IRM, scintigraphie, TEP SCAN), dont 50% sont inutiles
* TELECONSULTATION
* Réduire le nombre de médicaments (la règle des 5) dont 50% ne sont pas pris par les patients
* Réduire les transports médicaux inutiles (VSL,ambulance etc)
* Prévilégier la prescription des génériques- * Evacuation des déchets, tri sélectif
* Ne jamais laisser les ordinateurs allumés H24 dans les cabinets médicaux
* Matériel recyclable le plus possible
Ces points sont "évidents" en théorie mais "en théorie tout est parfait"
Déchets à évacuer parès un Laser
Intervention simple en ambulatoire sous AL, imaginez l'ensemble des déchets pos top sur 1 jour sur tout le territoire ......