RIETE EXPRESS/MTEV,/AC/ risque hémorragie intra crânien

“Ce n’est pas l’encre qui fait l’écriture, c’est la voix, la vérité solitaire de la voix, l’hémorragie de vérité au ventre de la voix.” Christian Bobin

Ana Maestre, Mar Martín del Pozo, Farès Moustafa, Romain Chopard, José Antonio Nieto, María Ángeles Fidalgo Fernández, Patricia López Miguel, Peter Verhamme, Maurizio M. Ciammaichella, Manuel Monreal, Predicting intracranial bleeding during anticoagulation for venous thromboembolism within different time frames: Findings from the RIETE registry, Thrombosis Research, Volume 243, 2024,
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0049384824002858

RIETEEXPRESS

Le risque d’hémorragie intracrânienne au cours d’un traitement anticoagulant pour thromboembolie veineuse (MTEV) est important et persiste au-delà de la phase initiale de traitement. Nous avons cherché à affiner l’évaluation du risque grâce à des scores pronostiques spécifiques à chaque phase.

Méthodes

 

Nous avons identifié les données de 77 786 patients atteints de thrombose veineuse (MTEV) dans le registre RIETE de mars 2009 à octobre 2023 afin de développer deux scores pronostiques pour les saignements intracrâniens.

Une régression multivariée de Cox a été utilisée pour analyser des variables distinctes pour les phases précoces (≤ 90 jours) et tardives (> 90 jours), avec une validation comparative par rapport aux scores existants (ACCP modifié, RIETE, VTE-BLEED et CHAP).

 

Résultats

 

Une hémorragie intracrânienne est survenue chez 411 patients (0,53 %), dont 208 cas en phase précoce et 203 en phase tardive.

La mortalité à 30 jours était respectivement de 45 % et 35 %.

Les facteurs prédictifs significatifs partagés pour les deux phases comprennent l'état mental anormal de base, le cancer du cerveau, une hémorragie intracrânienne récente et l'épilepsie.

Les caractéristiques propres à l'hémorragie en phase précoce étaient le poids corporel, un cancer non cérébral, l'hypertension, la démence, la thrombocytopénie, l'insuffisance rénale et le traitement thrombolytique.

L'âge avancé, l'embolie pulmonaire initiale, l'accident vasculaire cérébral antérieur, la dépression, le traitement par anticoagulants oraux directs et l'utilisation de corticostéroïdes prédisaient une hémorragie en phase tardive.

 

Les deux scores pronostiques ont montré une statistique C de 0,68, surpassant les scores existants.

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Taux cumulés de saignement intracrânien au cours des 90 premiers jours chez les patients à haut risque et non à haut risque, selon le score pronostique.

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 Taux cumulés de saignement intracrânien au-delà du jour 90 chez les patients à haut risque et non à haut risque, selon le score pronostique.

L'analyse multivariée a identifié que l'état mental anormal de base, le cancer du cerveau, les saignements intracrâniens récents et l'épilepsie étaient des prédicteurs significatifs de saignements intracrâniens dans les deux phases . Pour les saignements intracrâniens précoces, les facteurs prédictifs supplémentaires comprenaient un poids corporel plus faible, un cancer non cérébral, l'hypertension, la démence, la thrombocytopénie, l'insuffisance rénale et le traitement thrombolytique. En revanche, les facteurs prédictifs des saignements en phase tardive étaient l'âge avancé, l'EP lors de la présentation initiale, un accident vasculaire cérébral ischémique antérieur, la dépression, l'utilisation d'AOD et le traitement aux corticostéroïdes.

Les scores pronostiques dérivés de ces analyses ont quantifié le risque, en attribuant des points à chaque prédicteur.

Les patients ayant obtenu un score ≥ 1,0 point ont été considérés comme à haut risque, englobant 25 % dans la phase précoce et 34 % dans la phase tardive, avec des taux de saignement de 0,66 % et 0,57 % respectivement, se traduisant par une incidence de 0,78 saignement pour 100 patients-années (IC à 95 % : 0,66–0,91), comme indiqué .

Ces scores ont montré une bonne précision prédictive et une discrimination modérée, avec des statistiques c de 0,68 pour les deux intervalles (IC à 95 % : 0,64-0,72 et 0,64-0,71, respectivement). Les taux d'incidence cumulés d'hémorragie intracrânienne au cours des 90 premiers jours chez les patients à haut risque sont passés de 0,19 % le jour 5 à 0,71 % le jour 90 , tandis que les patients à risque non élevé ont connu une augmentation moins prononcée. Au-delà du jour 90, les taux cumulés chez les patients à risque élevé sont passés de 0,12 % au jour 120 à 0,43 % au jour 240



Conclusions

L'étude présente deux scores pronostiques temporels pour les saignements intracrâniens pendant l'anticoagulation pour thrombose veineuse (MTEV). En distinguant les facteurs de risque spécifiques pertinents à chaque phase de traitement, ces scores surpassent les modèles traditionnels, offrant un outil avancé pour la prise de décision clinique. Ils présentent un potentiel important pour optimiser la gestion de l'anticoagulation et réduire la mortalité liée aux saignements.


Points forts


  • Nous avons développé deux scores spécifiques de phase pour le risque de saignement intracrânien pendant l'anticoagulation chez les patients atteints de thrombose veineuse (MTEV).


  • Les scores de phase précoce et tardive abordent des ensembles distincts de facteurs de risque.


  • Les deux scores ont montré une bonne précision prédictive, avec une statistique c de 0,68, surpassant les autres scores existants.

    ils sont plus pertinents que les scores classiques, si tenter qu'un score en médecine puisse être très pertinent. Ce sont les items qui sont pertinents !


  • Nos résultats plaident en faveur d’une anticoagulation adaptée au-delà des 90 premiers jours, réduisant ainsi les complications hémorragiques graves.

    Commentaire

    Belle étude

    Ces deux scores comporte de nombreux items, à mon avis trop d'items

    L'apport de l'IA aurait pu simplifier ces scores en réduisant les items et en boostant  leur utilisation,

    En théorie ces deux scores sont potentiellement utiles, dans la vraie vie non !

  • Il y a loin d'une étude à la pratique, dans  la VRAIE VIE surtout en plus quand on manque de médecins.

    Le risque hémorragique doit être une préoccupation majeure dès lors qu'il y a une prescription d'anticoagulant, ce risque va augmenter au delà de 3 mois d'anticoagulation. La médecin prescripteur  doit poser le pour et contre pour stopper ou continuer les anticoagulants au cas par cas au delà des 3 mois.

    Retour vers une médecine Hippocratique, c'est la bonne réponse !
  • De la réflexion, une bonne connaissance de la clinique, en entretien digne de ce nom avec la ou le patient, c'est ainsi que l'on peut prendre une bonne décision médicale, cad une décision adaptée au cas par cas +++++ et en plus avec du bon sens.

    Le bon sens clinique c'est la base de la décions médicale.

    Aujourd'hui la médecine oscille entre la pertinence des soins et une approche minimaliste 


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