“Je suis en colère contre les ‘antivax’, qui accroissent l’irrationalisme et l’antihumanisme” Francis Wolf
"Il n'y a pas de vaccin contre la stupidité." Albert Einstein
Déterminants socioéconomiques de la vaccination contre le pneumocoque chez 763 945 patients atteints d'insuffisance cardiaque
F. Roubille, B. Wyplosz, J. Fernandes, B. Grenier, F. Raguideau, E. Blanc and G. GoussiaumeESC HEART FAILURE
ESC Heart Failure (2025)
Published online in Wiley Online Library (wileyonlinelibrary.com) DOI: 10.1002/ehf2.15381
https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ehf2.15381
Article libre d'accès
Les infections respiratoires sont la principale cause de décompensation aiguë, d'hospitalisation et de mortalité élevée chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque (IC).
Malgré les recommandations, la couverture vaccinale contre le pneumocoque et la grippe reste dérisoire (respectivement 3 % et 50 % en 2018).
Cette étude visait à identifier les facteurs associés à la vaccination chez les patients atteints d'IC à partir des données de la base nationale des demandes de remboursement de soins de santé (NWDS) pour 2020, en France. Les patients ont été suivis tout au long de l'année 2020. Au moins une dose de PCV13 a été considérée comme un indicateur de vaccination. Le modèle utilisé était une régression logistique multivariée.
Parmi 763 945 patients atteints d'IC (âge moyen : 76,7 ans, 54,2 % d'hommes), le nombre moyen de consultations annuelles était de 7,0 chez un médecin généraliste, de 1,68 chez un spécialiste et 70,0 chez une infirmière. Malgré des consultations fréquentes, la couverture vaccinale n'était que de 12,6 % pour le pneumocoque (PCV13) et de 63,1 % pour la grippe.
Dans les analyses multivariées, au moins une dose du PCV13 était moins souvent reçue lorsque les patients étaient (1) plus âgés (rapport de cotes (RC) : 0,71 [0,67 ; 0,74], P < 0,0001 et 0,48 [0,46 ; 0,51], P < 0,0001) chez les patients âgés de 76 à 85 ans et de plus de 85 ans, respectivement, (2) des femmes (RC : 0,916 [0,903 ; 0,929], P < 0,0001) ou 3/lorsqu'ils présentaient une privation sociale (pour le quintile Q5 de l'indice de privation, le RC était de 0,893 [0,872 ; 0,914], P < 0,0001). La vaccination contre le pneumocoque était associée à la vaccination contre la grippe ou à un meilleur accès aux services de santé.
Nous devons prendre en compte des facteurs tels que l'âge, le sexe et la privation sociale pour adapter les initiatives de santé publique soutenant une augmentation significative et durable de la couverture vaccinale antipneumococcique chez les patients fragiles atteints d’IC.
Conclusions
Dans cette étude nationale exhaustive menée auprès de plus de 760 000 patients atteints d'IC chronique en 2020, la couverture vaccinale contre le pneumocoque s'est avérée dramatiquement insuffisante, autour de 10 %. Ce résultat est particulièrement surprenant car la vaccination est gratuite et considérée comme efficace pendant plus de cinq ans, ce qui devrait justifier une meilleure couverture que la campagne annuelle de vaccination contre la grippe.
Cette étude présente plusieurs atouts majeurs, notamment un échantillon national de grande taille. Elle s'appuie sur la base de données médico-administrative SNDS, qui fournit des informations complètes sur les patients, minimisant ainsi les données manquantes. En revanche, certaines limites doivent être reconnues, notamment la méthodologie observationnelle.
Plusieurs facteurs sont clairement associés à une probabilité réduite d’être vacciné : l’âge (diminution de 52 % chez les patients de plus de 85 ans), le sexe (diminution de 8,2 % chez les femmes) et le statut socio-économique (jusqu’à 11 % de moins chez les 20 % de patients les plus défavorisés).
Nous devons prendre en compte ces facteurs pour adapter nos initiatives de santé publique en faveur d'une augmentation significative et durable de la couverture vaccinale contre le pneumocoque. Identifier ces groupes de patients devrait nous permettre d'adapter plus efficacement les politiques de santé. Par exemple, des communications ciblées pour les femmes, des efforts particuliers pour les patients socialement défavorisés et des informations spécifiques pour les gériatres et les médecins généralistes prenant en charge les personnes âgées.
Ces données nous incitent à déployer des efforts massifs pour renforcer la vaccination, un moyen simple et validé d'améliorer la santé de nos patients fragiles. À cette fin, des études complémentaires sont nécessaires pour développer des campagnes d'incitation de santé publique ou d'autres programmes de soins de santé et évaluer leur impact sur la couverture, le rapport coût-efficacité et, surtout, les résultats cliniques. Par exemple, notre groupe évalue l'impact d'un vaste essai randomisé évaluant l'effet d'une lettre encourageant la vaccination chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque (IC) (NCT06360315). Ces approches sont susceptibles de réduire les hospitalisations pour IC aiguë, les hospitalisations toutes causes confondues et la mortalité toutes causes confondues.
SYNTHESE
Ce document de recherche explore les facteurs socioéconomiques influençant la vaccination contre le pneumocoque chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque en France. L'étude, menée en 2020, a révélé un taux de vaccination pneumococcique étonnamment faible (12,6 %) malgré des contacts fréquents avec les professionnels de la santé. Des analyses multivariées ont montré que les patients plus âgés, les femmes et ceux vivant dans des zones de privation sociale étaient moins susceptibles d'être vaccinés. En revanche, la vaccination était plus fréquente chez ceux qui avaient également reçu le vaccin contre la grippe ou qui avaient un meilleur accès aux services de santé. Les auteurs concluent à la nécessité d'initiatives de santé publique ciblées pour augmenter la couverture vaccinale dans cette population vulnérable. (NotebooKLM)
Commentaire
1/ La vaccination devrait être obligatoire pour tous les patients cardiovasculaires et ou atteints de cancer.
2/ La difficulté actuelle, les ANTIVAX. Cette année, j'ai constaté un recul de 40 à 50 % de la vaccination antigrippe, pour les autres vaccins, dont le pneumocoque une participation plus que médiocre, des chiffres alarmants !
3/ Quoi qu'on en dise dans les médias , il y de plus en plus de patients fragiles, avec des petites retraites. Le coût de la vie n'arrange rien.
4/ Le manque de médecins est aussi la cause de ce déficit en vaccination.
5/ Les cardiologues et les médecins vasculaires se doivent d'être plus actifs ainsi que tous les médecins auprès des patients vis à vis de la vaccination des populations à risque CV et autres.
6/ CALL to ACTION pour les vaccinations chez tous les patients CV, fragiles, chez les patients porteurs d'un cancer
7/ Les pouvoirs publics doivent s'investir encore plus, comme les hôpitaux, les cliniques, les médecins généralistes, les pharmaciens, les CAPM, etc.
Bravo à François Roubille d'avoir sonné l'alerte vaccinale !
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INSUFFISANCE CARDIAQUE : VACCINATION OBLIGATOIRE
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LES DÉTERMINANTS SOCIAUX de la SANTÉ
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- les réseaux de soutien social ;
- l'éducation et l'alphabétisme ;
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- les environnements sociaux ;
- les environnements physiques ;
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N Chabni
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