La lipoprotéine (a) (Lp(a)) est une lipoprotéine qui présente les mêmes caractéristiques de densité et dimensions que les LDL. Plusieurs études génétiques et méta-analyses ont montré que la Lp(a) est un marqueur indépendant de risque cardiovasculaire
European Journal of Internal Medicine 106 (2022) 63–70
Association de la lipoprotéine(a) avec la mortalité toutes causes confondues et spécifique : une étude de cohorte prospective
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36127218/
ARTICLE 2
Raitakari O, Kartiosuo N, Pahkala K, Hutri-Kähönen N, Bazzano LA, Chen W, Urbina EM, Jacobs DR Jr, Sinaiko A, Steinberger J, Burns T, Daniels SR, Venn A, Woo JG, Dwyer T, Juonala M, Viikari J. Lipoprotein(a) in Youth and Prediction of Major Cardiovascular Outcomes in Adulthood. Circulation. 2023 Jan 3;147(1):23-31. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.122.060667. Epub 2022 Nov 28. PMID: 36440577; PMCID: PMC9797445.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36440577/
Article libre d'accés
L' élévation de la lipoprotéine(a) [Lp(a)] est un facteur de risque courant de maladies cardiovasculaires dont les mécanismes sont inconnus. Nous avons examiné son rôle potentiel dans l'identification des jeunes qui présentent un risque accru de développer une maladie cardiovasculaire athéroscléreuse chez l'adulte (ASCVD).
Les niveaux de Lp(a) mesurés chez les jeunes de 9 à 24 ans ont été liés à l'ASCVD adulte et à l'épaisseur intima-média carotidienne dans l'étude YFS (Cardiovascular Risk in Young Finlands), dans laquelle 95 des 3596 participants originaux (2,7 % ) recrutés alors qu'ils étaient enfants ont reçu un diagnostic d'ASCVD à l'âge médian de 47 ans. Les résultats observés dans YFS ont été reproduits avec l'utilisation de données pour les participants blancs de la BHS (Bogalusa Heart Study). Dans le BHS, 587 individus blancs disposaient de données sur la Lp(a) chez les jeunes (mesurée entre 8 et 17 ans) et d'informations sur les événements chez l'adulte, dont 15 cas et 572 non-cas. Les analyses ont été effectuées à l'aide de la régression des risques proportionnels de Cox.
Dans YFS, ceux qui avaient été exposés à un niveau élevé de Lp(a) chez les jeunes [défini comme Lp(a) ≥30 mg/dL] avaient un risque ≈2 fois plus élevé de développer une ASCVD adulte par rapport aux individus non exposés (rapport de risque, 2,0 [ IC à 95 %, 1,4-2,6]). Les facteurs de risque chez les jeunes, y compris la Lp(a), le cholestérol à lipoprotéines de basse densité, l'indice de masse corporelle et le tabagisme, étaient tous indépendamment associés à un risque plus élevé. Dans le BHS, dans un modèle ajusté sur l'âge et le sexe, les individus blancs qui avaient été exposés à une Lp(a) élevée avaient un risque 2,5 fois plus élevé (IC à 95 %, 0,9-6,8) de développer une ASCVD adulte par rapport aux individus non exposés. Lorsqu'il était également ajusté en fonction du cholestérol des lipoprotéines de basse densité et de l'indice de masse corporelle, le risque associé à une Lp(a) élevée restait inchangé (risque relatif, 2,4 [IC à 95 %, 0,8-7,3]). Dans un modèle multivariable pour données regroupées, les individus exposés à une Lp(a) élevée avaient 2. 0 fois plus de risque (IC à 95 %, 1,0-3,7) de développer une ASCVD chez l'adulte par rapport aux personnes non exposées. Aucune association n'a été détectée entre la Lp(a) chez les jeunes et l'épaisseur de l'artère carotide adulte dans les données de cohorte ou regroupées.
Le niveau élevé de Lp(a) identifié chez les jeunes est un facteur de risque pour les résultats cardiovasculaires athérosclérotiques chez l'adulte, mais pas pour l'augmentation de l'épaisseur intima-média carotidienne.
Ce qui est nouveau?
Lipoprotéine(a) élevée [Lp(a); ≥30 mg/dL] identifiée chez les jeunes était liée à un risque futur plus élevé de maladie cardiovasculaire athéroscléreuse d'apparition précoce chez les participants blancs des études Young Finns et Bogalusa Heart.
Ces données suggèrent que la Lp(a) mesurée chez les jeunes aiderait à identifier les personnes à risque plus élevé de développer une future maladie cardiovasculaire athéroscléreuse.
La thérapie par siARN réduit considérablement les niveaux de Lp(a)
Cette découverte de l'essai OCEAN(a)-DOSE a été présentée lors des sessions scientifiques de l'AHA en 2022.
Article original
O'Donoghue, ML et al. Petit ARN interférent pour réduire la lipoprotéine (a) dans les maladies cardiovasculaires. N. Engl. J. Med. https://doi-org.proxy.insermbiblio.inist.fr/10.1056/NEJMoa2211023 (2022)
Commentaire
Quelques articles parmi tant d'autres
Duarte Lau F, Giugliano RP. Lipoprotein(a) and its Significance in Cardiovascular Disease: A Review. JAMA Cardiol. 2022 Jul 1;7(7):760-769. doi: 10.1001/jamacardio.2022.0987. Erratum in: JAMA Cardiol. 2022 Jul 1;7(7):776. PMID: 35583875.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35583875/
Reyes-Soffer G, Ginsberg HN, Berglund L, Duell PB, Heffron SP, Kamstrup PR, Lloyd-Jones DM, Marcovina SM, Yeang C, Koschinsky ML; American Heart Association Council on Arteriosclerosis, Thrombosis and Vascular Biology; Council on Cardiovascular Radiology and Intervention; and Council on Peripheral Vascular Disease. Lipoprotein(a): A Genetically Determined, Causal, and Prevalent Risk Factor for Atherosclerotic Cardiovascular Disease: A Scientific Statement From the American Heart Association. Arterioscler Thromb Vasc Biol. 2022 Jan;42(1):e48-e60. doi: 10.1161/ATV.0000000000000147. Epub 2021 Oct 14. PMID: 34647487.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34647487/
Kronenberg F. Lipoprotein(a). Handb Exp Pharmacol. 2022;270:201-232. doi: 10.1007/164_2021_504. PMID: 34196811.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34196811/
Nurmohamed NS, Kraaijenhof JM, Stroes ESG. Lp(a): a New Pathway to Target? Curr Atheroscler Rep. 2022 Nov;24(11):831-838. doi: 10.1007/s11883-022-01060-4. Epub 2022 Sep 6. PMID: 36066785; PMCID: PMC9534805.https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36066785/
Que retenir pour 2023 ?
Le consensus de la NFSA (https://www.nsfa.asso.fr/professionnels/lipoproteinea-declaration-de-consensus-de-la-nsfa/)
La lipoprotéine(a), ou Lp(a) est une lipoprotéine de basse densité riche en cholestérol, contenant de l’apolipoprotéine B100, associée à une deuxième protéine majeure, l’apolipoprotéine(a). L’apolipoprotéine(a) présente une similitude structurelle avec le plasminogène mais n’a pas d’activité fibrinolytique.
En raison de sa structure composite, la Lp(a) favorise
(1) la formation et la stabilité du caillot ;
De plus la Lp(a) peut induire une inflammation et une calcification des valves aortiques.
Les taux circulants de Lp(a) sont déterminés génétiquement et peu impactés par les hypolipémiants classiques, les variations interindividuelles sont considérables.
Dans ce contexte, les dosages de la Lp(a), bien qu’actuellement insuffisamment standardisés, présentent un intérêt considérable non seulement pour la stratification du risque cardiovasculaire, mais également pour le suivi clinique des patients traités par de nouvelles thérapies hypolipémiantes ciblant la Lp(a).
Dans un nouvel article publié dans Archives in Cardiovascular Diseases (version française)publiée dans La Revue du Praticien le 21/02/2022 ), la NSFA fait le point sur la pathophysiologie de la Lp(a) ainsi que sur les preuves expérimentales, épidémiologiques et génétiques démontrant que des niveaux élevés de Lp(a) sont liés de manière causale au risque athérothrombotique et également à la sténose calcifiante de la valve aortique.
La NSFA recommande que la Lp(a) soit mesurée une fois :
– chez les sujets à haut risque cardiovasculaire présentant une maladie coronarienne prématurée,
– dans l’hypercholestérolémie familiale,
– chez les sujets ayant des antécédents familiaux de maladie coronarienne,
– chez les sujets présentant une maladie coronarienne récurrente malgré un traitement hypolipidémiant.
On puet rajouter : les données suggèrent que la Lp(a) mesurée chez les jeunes aiderait à identifier les personnes à risque plus élevé de développer une future maladie cardiovasculaire athéroscléreuse.
En raison de sa pertinence clinique, le coût du test Lp(a) devrait être couvert par la sécurité sociale et les autorités sanitaires...mais pas encore
Le Pr Vincent Durlach, spécialiste de la Lp(a) et co auteur des revcommandations de la NFSA est intervenu au congrès de la SFMV à Toulouse (Septembre 2022)
Que faire avec cette Lp(a) sur le plan thérapeutique ?
Pour l'instant les AntiPcSK9 sont disposnibles en attendant des traitements plus ciblés comme l'Olpasiran
Lp(a) : un outil de stratification du risque CV ?
A force de stratifier ce qui est déjà stratifié on s'y perd, ce n'est pas de la défiance mais il semble légitime de s'interroger sur ce que va apporter le dosage de la Lp(a), dans un monde où la pertinence des soins , "LESS is MORE" va dans le sens de la simplification et du coût utile.
Lp(a) : coût utile ?
Le bon examen , pour le bon patient, le bon examen qui va faire changer le traitement de manière utile.
Un rappel de base sur la prévention du risque CV , prévention primaire mais aussi secondaire, il faut commencer par la réduction voire le suppression des FDRCV. Malheureusement ce n'est toujours réalisé voire pas du tout.
Alors prescrire une nouvelle molécule forcément coûteuse parce qu'un nouveau dosage laisse penser que ....... ce n'est pas vraiment la solution ou alors oui , mlais il nous faut des preuves tangibles sur le long terme .
Restons lucide en faisant ce que l'on est sensé faire depuis des années et que l'on ne fait pas en matière de RCV.
On a l'impression ques les recommandations dans ce contexte ont un effet booster pour l'industrie pharmaceutique qui crée de nouveaux médicaments pour traiter une augmentation d'un marqueur, quelqu'il soit, jusqu'à quand ?
Aujourd'hui la Lp(a) n'est pas remboursée ce qui va limiter son utilisation à toird ou à raison.
Autre point, attendons tous les résultats sur les études des nouvelles molécules "anti Lp(a)" dans des essais randomisés de qualité afin de mieux connaître leur impact chez les patients cardio vasculaires qui ont une Lp(a) augmenté
En attendant essayons de faire mieux en terme de correction et d'erradication des FDRCV et il y a du travail
Les recommandations nous disent : dosage chez les sujets présentant une maladie coronarienne récurrente malgré un traitement hypolipidémiant....Mais le traitement hypolipémaint n'est qu'une partie des mesures à prendre....vois avez dit pertinence ? Eten plus dans 50 % des cas le traitement n'est pas pris et en prévention secondaitre la cible LDL< 0.55....un rêve !
On nous dit doser la Lp(a) dans l’hypercholestérolémie familiale, oui à condition de faire très tôt son dépistage
Rappel :
https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/192961/campagne-de-depistage-de-lhypercholesterolemie-familiale-une-urgence-de-sante-publique-communique/
On peut mulltiplier les exemples sur la nécessité de faire ce qu'il faut auprès des patients et quand il le faut.
Voici donc une nouvelle lipoparticule LDL athérogène et très délétère.
Nous avons donc beaucoup à apprendre de cette "particule" qui ne semble pas élémentaire....
RESTONS CALMES et REFLECHIS, une "hirondelle , ne fait pas le printemps" .
Prenons du recul !
Dossier Lp(a)
https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1933-2874(19)30086-8
https://medvasc.info/1576-dossier-lp-a