Anévrisme Aorte Abdominale chez la femme  post EVAR

Anévrisme Aorte Abdominale chez la femme post EVAR


"On m'appelle féministe dès que mon comportement s'éloigne de celui du paillasson" c
itée par Caroline Fourest, citation de Rebecca West en 1913

Dépistons l'anévrisme de l'aorte abdominale chez la femme : un enjeu de santé publique au "coeur" des femmes


RAPPEL

Un éditorial de la revue European Journal of Vascular and Endovascular Surgery nous interpelle : Women’s Lives Matter: Women Suffer Disproportionately After Abdominal Aortic Aneurysm Repair, So What Can We Do About It? et avec ensuite une citation idéale "Women are not the problem, they are the solution”  Sheryl WuDunn, Pulitzer Prise winner 1990, Anna-Louise Pouncey, Janet T. Powell,June 2021https://doi.org/10.1016/j.ejvs.2021.04.025

womensynthse aaa

Female sex is associated with reintervention and mortality following elective endovascular abdominal aortic aneurysm repair

Taylor Corsi, BA,a Michael A. Ciaramella, BA,a Nadia K. Palte, BA,a John P. Carlson, BA,a Saum A. Rahimi, MD,b and William E. Beckerman, MD,b Piscataway and New Brunswick, NJ  Journal of Vascular Surgery , December 2022 Volume 76, Numéro 6 , Pages 1494-1501
Le sexe féminin est associé à la réintervention et à la mortalité après la réparation endovasculaire élective d'un anévrisme de l'aorte abdominale
Lien
Les points importants
 
Type de recherche : Une étude de cohorte rétrospective monocentrique
Principales conclusions : La réparation endovasculaire élective d'un anévrisme de l'aorte abdominale chez 68 femmes a entraîné une diminution de la survie à 5 ans (48 % des femmes contre 65 % des hommes) et une diminution à 1 an (86 % des femmes contre 95 % des hommes) et à 5 ans (69 % des femmes contre 84 % des hommes) absence de réintervention par rapport aux taux pour les hommes (n = 205).
Message à retenir : Le sexe féminin était associé à une diminution de la survie à 5 ans et à une augmentation des réinterventions à 1 et 5 ans après la réparation endovasculaire élective d'un anévrisme de l'aorte abdominale, ce qui suggère que des facteurs spécifiques au sexe pourraient contribuer à la morbidité et à la mortalité chirurgicales plus élevées chez les femmes subissant ce traitement. procédure.

AAAFEMME3
Méthodes

Nous avons effectué un examen rétrospectif des dossiers médicaux de tous les patients qui avaient subi un EVAR électif de 2011 à 2020 dans un centre de soins tertiaires de banlieue. Les critères de jugement principaux étaient la survie à 5 ans et l'absence de réintervention. Le test exact de Fisher , les tests t et l'analyse de Kaplan-Meier utilisant le test de rang-log ont été utilisés pour étudier les associations entre le sexe et les résultats. Un modèle de risque proportionnel multivariable de Cox contrôlant l'âge et les comorbidités courantes a évalué l'effet du sexe sur la survie et l'absence de réintervention.

AAAFEMME 2
 
 
Résultats

Au total, 273 patients ont subi une EVAR élective au cours de la période d'étude, dont 68 femmes (25 %) et 205 hommes (75 %). Les femmes étaient en moyenne plus âgées que les hommes (76 ans contre 73 ans ; P ≤ 0,01) et étaient plus susceptibles d'avoir une maladie pulmonaire obstructive chronique (38 % contre 23 % ; P = 0,01), nécessitant une oxygénothérapie à domicile (9 % contre 2 % ; P = 0,04) ou la dialyse en préopératoire (4 % contre 0 % ; P = 0,02). La distribution des autres comorbidités vasculaires courantes était similaire entre les sexes. Le taux de réadmission à 30 jours était plus élevé pour les femmes que pour les hommes (18 % contre 8 % ; P = 0,02). Les femmes avaient eu une survie significativement plus faible à 5 ans (48 % ± 7,9 % vs 65 % ± 4,3 % ;P < 0,01) et significativement plus faible à 1 an (femmes, 89 % ± 4,1 % ; vs hommes, 94 % ± 1,7 % ; P = 0,01) et à 5 ans (femmes, 69 % ± 8,9 % ; vs hommes, 84 % ± 3,3 % ; P = 0,02) absence de réintervention. En analyse multivariée, le sexe féminin (risque relatif [HR], 1,8 ; intervalle de confiance [IC] à 95 %, 1,1-2,9), l' insuffisance cardiaque congestive (HR, 2,2 ; IC à 95 %, 1,2-3,9) et l'âge avancé (HR , 1,1 ; IC à 95 %, 1,0-1,1) étaient associés à une mortalité à 5 ans. Le sexe féminin est resté la seule variable présentant une association statistiquement significative avec la réintervention à 5 ans (RR, 2,4 ; IC à 95 %, 1,1-4,9).

Conclusion

Le sexe féminin était associé à une diminution de la survie à 5 ans et à une augmentation de la réintervention à 1 et 5 ans après EVAR élective. Les données de notre institution suggèrent que des facteurs autres que l'âge du patient et le risque de santé de base contribuent probablement à une morbidité et une mortalité chirurgicales plus élevées chez les femmes après une EVAR élective.
 
Documentation
 
AAAFEMME1

1 s2.0 S0741521422016391 gr1 lrg
1 s2.0 S0741521422016391 gr2 lrg

FEMMAAA2
Commentaire

Une fois de plus cet article monte le caractère de gravité de l'anévrisme de l'aorte abdominale chez les femmes, ici en cas de traitement par endoprothèse.

Nous en avons fait l"écho" précédemment : 
https://www.agirpourlecoeurdesfemmes.com/fiches/media/Anevrisme-de-l-aorte-abdominale
https://medvasc.info/1298-aaa-et-la-femme-2



logo agir header
Ce qui est important pour les femmes et donc à mettre en pratique : 

Dépister l'anévrisme de l'aorte abdominale chez les femmes à partir de 60/65 ans si elles sont fumeuses et ou hypertendues, si elles sont coronariennes, si elles ont une BPCO.

Dépistez à partir de 50 ans si elles ont une hérédité familial au premier degré d'anévrisme et même si elles n'ont aucun autre facteur de risque d' AAA


Mais ce n'est pas suffisant à partir de la cinquantaine avec facteurs de risques cardio vasculaire, au moment de la ménopause un examen écho-Doppler des carotides et des artères des MI est souhaitable avec mesure de l'index de pression à la cheville. Les atteintes cardiaques sont sous-évaluées chez la femme, mes les atteintes artérielles périphériques

Les caractéristiques de l'anévrisme de l'aorte abdominale chez la femme : 


Le taux de rupture des petits AAA est quatre fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes, les femmes ont moins d'éligibilité à l'endovasculaire du fait d'un diamètre de l'aorte plus petit que les hommes.

De plus, l'utilisation de diamètres non ajustés pour les seuils d'AAA basés sur des valeurs déterminées chez les hommes blancs, peut introduire par inadvertance des biais sexistes et ethniques encourageant une sous-reconnaissance et une réparation comparativement tardive pour les patients ayant des aortes et des tailles corporelles plus petites.

Aujourd'hui les femmes sont sur représentées parmi les ruptures d'anévrisme. Comme observé pour la réparation élective des AAA, les preuves indiquent qu'une proportion plus élevée de femmes que d'hommes se voit refuser une réparation en urgence.
 
Les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'avoir une maladie coronarienne non obstructive y compris une maladie microvasculaire, qui provoque des symptômes coronariens atypiques. Par conséquent, de nombreux tests pré-opératoires de routine de la fonction cardiaque sont moins sensibles chez les femmes et les tests optimaux comprenant échocardiographie de stress et le stress en imagerie par résonance magnétique cardiaque sont nécessaires Les femmes avec AAA sont plus susceptibles d'avoir des comorbidités respiratoires que les hommes, de sorte qu' il faut éviter l'anesthésie générale pour l'EVAR et insister qs la physiothérapie thoracique préopératoire pour la réparation chirurgicale.Les femmes plus âgées sont plus susceptibles d'avoir une fonction rénale altérée que les hommes et cela doit être évalué à partir du taux de filtration glomérulaire estimé.

Il est important de noter qu'il n'y a presque aucune preuve sur les résultats des femmes confrontées à une réparation des AAA . Ce n'est que lorsque nous comblerons cette lacune dans les connaissances que nous pourrons vraiment évaluer comment les femmes s'en sortent à long terme. Il existe des preuves que la mortalité à plus long terme après une réparation élective des AAA est plus élevée chez les femmes que chez les hommes. La plupart des décès à long terme sont attribuables à des causes cardiovasculaires, mais les données probantes provenant d'études sur l'infarctus du myocarde indiquent que les femmes sont moins susceptibles que les hommes de recevoir des soins guidés par un protocole. De toute évidence, les femmes, comme les hommes, méritent une excellente gestion des facteurs de risque cardiovasculaire, et cela peut être envisagé dès maintenant.

Pendant des années, les femmes ont été sous-représentées en chirurgie vasculaire, y compris dans les essais randomisés sur la gestion des AAA,la conception de dispositifs et la formation de chirurgiens vasculaires. Si nous ne comprenons pas ce qui fonctionne ou pas pour les femmes, nous ne pouvons pas nous attendre à les traiter efficacement. Les futurs recommandations ur les résultats de la réparation des AAA devraient présenter des données spécifiques au sexe, et nous avons besoin de recherches dédiées pour améliorer la survie opératoire des femmes pour la réparation des AAA. Ce n'est qu'alors que les progrès pourront voir le jour, des exemples de bonnes pratiques identifiés et la pratique vasculaire évoluera vers des soins équitables aux patients et aux femmes en particulier.

Anévrisme de l'aorte Abdominale chez la femme

- Dépistage par échographie
- Ajuster le diamètre A AP de l'anévrisme par rappor au diamètre de l'aorte coieliqiue, un AAA de 45 mm doit êtte traité, 50/55 mm chez l'homme
- Taux de croissance plus rapide
- Rupture plus fréquente
- Endoprothèse ou chirurgie plus à risque chez la femme que chez l'homme

Ce qui ne va pas en France pour les femmes et dans le Monde en général

- Discrimination entre les sexes dans l’accès aux soins et dans la prise en charge médicale
- Les maladies « genrées » : 
- Maladies jugées « masculines »;  sous estimées et mal soignées chez les femme
* Les maladies cardiovasculaires
*Les troubles du spectre autistique (TSA)
- Maladies jugées « féminines » 
Sous estimées et mal soignées chez les hommes
* Dépression et troubles dépressifs
* L’ostéoporose
- L’accès aux responsabilités dans les professions de la santé et de la recherche : une parité inaboutie
* En France, la santé est aujourd’hui assurée majoritairement par les femmes : elles représentent 80% des métiers du « care » (soigner) 52% de ceux du « cure » (guérir) dans le monde hospitalier.
-  L’accès aux responsabilités dans les professions de la santé et de la recherche :une parité inaboutie
* CNOM : (56 membres) 70 % sont des hommes.
* Académie de Médecine : 135 membres titulaires, 10 femmes.
* Ordre national des infirmiers (88% femmes) : 28/56 membres titulaires sont des hommes.
etc....

VIVLIBERTE


D'après A Bura Rivière , Vasco 2022

WOWO